Once Upon A Time - Malédiction

Ah, l'amour...

"Tu sais quel jour nous sommes, après-demain ?" Demandais-je d'un rictus amusé à Henry pendant que je creusais la terre avec mes mains désormais toutes sales.

Perdus dans la forêt de Storybrooke, nous pensions tous les deux que la meilleure cachette pour un livre aussi important fût dans un endroit aussi grand que ce lieu. Il sera très difficile de le retrouver, c'est pour cela qu'Henry et moi avons pris l'initiative de compter nos pas du parc jusqu'ici, en plus d'accrocher un petit fil de laine autour d'une branche. Discret et efficace ! La reine n'a rien pour le trouver - si jamais il lui passe par la tête de s'y intéresser - et August n'aura pas à s'en soucier non plus. Gardons-le en sécurité jusqu'à ce que cette "Bataille Finale" arrive. 

Une fois mon trou terminé, je fis un signe un Henry pour qu'il y déposa le livre de contes. Ce dernier me scrutai d'un air interrogateur face à ma question qui semblait avoir des sous-entendus. C'est le cas. 

"De... de quoi tu parles ? 

 -Et bien, tu sais ! Après-demain c'est... la Saint-Valentin." Souriais-je en me redressant.

Il sembla devenir tout rouge, un instant. 

"Et alors ? En quoi ça me concerne ? 

 -Fais pas l'ignorant ! Ce jour n'est pas là pour rien : tu as une occasion parfaite de faire ta déclaration à Paige ! Tente le coup !" 

Serrant contre lui son bouquin, les yeux soudainement déviés vers le sol, il perdit vite ses mots et n'en finit pas un seul. Finalement soupirant, il avoua : 

"Je n'y arriverais jamais... Je te l'ai dit. Elle ne s'intéresse pas aux garçons. Si après-demain je me présente face à elle avec une carte de saint-valentin, elle va sûrement le mettre avec les autres dans un tiroir et ne jamais la lire. 

 -Ne désespère pas ! Toi-même tu dis qu'il faut y croire, alors crois un peu en toi. Tu as commencé ce qu'on avait dit ? L'aider à découvrir qui elle est véritablement et ainsi qui est son père ? 

 -Oui... j'ai essayé. Je lui laisse quelques indices parfois mais ça ne semble pas porter ces fruits. 

 -Va voir le Chapelier Fou - Jefferson. Faites équipe, il t'aidera. Il habite au manoir de la ville. Prends du thé avec lui, complimentes ses chapeaux et tu deviendras son meilleur ami !" 

Il rigola avec moi et nous finissions vite fait - bien fait d'enterrer le livre. 

***

Le soleil disparaissait derrière les bâtiments lorsque j'arrivai chez moi, épuisée par cette longue journée - c'est le cas de le dire ! Un jour, je passerais de paisibles après-midi où absolument rien ne se passera. Le bon vieux temps d'amnésie... Ensorcelée mais l'esprit tranquille... Je ris nerveusement à l'idée que ça puisse se reproduire plus tard. 

À peine avais-je claquer la porte que j'entendis une douce voix mielleuse traverser les murs jusqu'à mes oreilles : 

"Norah ? Ah, te voilà ! Ta journée s'est bien passée ?" 

Elle arrivait dans une marche légère, un grand sourire aux lèvres et le regard brillant, devant moi, m'aidant à retirer ma veste pour l'accrocher sur le porte-manteau. Perplexe, je l'analysai de haut en bas... 

"Hum... Oui. Et... Et vous ? 

 -Très bien !" Répondit-elle gaiement.

Je voyais Emma suivre par derrière en joignant ses deux mains pour faire un signe de cœur. Chuchotant un bref "oh" enthousiaste, je vins les rejoindre à table, piquée par la curiosité. 

"Et donc... Poursuivais-je gaiement. Que s'est-il passé ?"

Elle tenta un regard naïf et ignorant dans ma direction mais ne le réussit pas à le tenir bien longtemps. Un sourire s'afficha instantanément sur ses lèvres rosées et ses yeux se baissèrent vers la gauche. J'adressai un regard amusé vers Emma qui me rejoignait à table avec nos plats en mains.

"Oh... Rien de bien spécial. Répondit Mary-Margaret en rigolant. Je ne sais pas si ça t'intéresserait.

-Bien sûr que si ! Ce qui vous rend heureuse m'intéresse forcément. Alors, qui vous rend si heureuse ? Est-ce ce David Nolan dont vous me parliez récemment ?"

L'expression qu'elle dévoila sans s'en rendre compte signifiait un grand oui, pour moi. Elle semblait heureuse... Mais je percevais dans son regard comme une pointe de douleur qui me fît froncer les sourcils. Elle répondit, rêveuse :

"Oui... C'est lui. Mais je n'ai pas trop envie d'en discuter. Rien n'est sûr, pour l'instant...

-C'est sûr. Enchaîna Emma après avoir entamé un morceau de viande. Avec les hommes mariés, rien n'est jamais sûr."

J'écarquillai les yeux.

"Il est marié ?"

C'était au tour de Mary-Margaret de faire les gros yeux à Emma, la priant de se taire. Mais il était trop tard et je ne voulais pas en rester là.

"Eh ! Me renfrognais-je. J'ai 17 ans, maintenant. Je peux encaisser une affaire de ce genre. Mary-Margaret vous devez me faire confiance.

-Je te fais confiance, Norah ! Ma relation avec lui est juste trop fragile pour que je puisse en parler officiellement... Il y a certaines des choses à régler.

-Cet homme est la cause de votre mauvaise mine d'hier matin, n'est-ce pas ?"

Je venais de taper dans le mille, ce qui abattit un voile silencieux dans la pièce, qui me laissa moi aussi de marbre. David Nolan était son malheur et son bonheur en même temps... C'est donc cela que l'on nomme l'Amour ? J'avoue ne rien y connaître, je n'ai jamais été amoureuse... En tout cas, pas dans ma vie maudite d'amnésique. Peut-être l'étais-je dans l'autre monde ? Si Mary-Margaret est Blanche-Neige et que Mr. Nolan est le Prince Charmant, ça devrait être l'amour fou entre les deux... Alors pourquoi tout est si compliqué ? Qui vient faire obstacle à leur amour ?

"Je suis fatiguée... Je vais me coucher."

Emma et moi la regardions marcher jusqu'à sa chambre, laissant une assiette pleine derrière elle. Je lançai un regard coupable à notre colocataire qui me rendit un sourire désolée.

"Ça s'arrangera, ne t'en fais pas." Me rassura-t-elle.

Je hochai la tête d'haut en bas pour clore la discussion. Au fond, je souhaitais réellement la croire, mais est-ce seulement possible dans un temps imparti ? Car arrangement ou non, après-demain sera quand même la Saint-Valentin.