Compagnie envahissante

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Aucun médecin n'était venu durant les quelques minutes de répit que Mr. Gold m'avait laissé. Dans un long silence, je scrutais encore la vitre en recherche d'un personnel à qui je pourrais faire signe mais la seule personne qui se trouvait présentement à mes côtés déploya les rideaux pour que je cesse toute curiosité. Soufflant, je baissais le regard. 

"Tu n'es vraiment pas maligne, ma pauvre Norah. Malgré l'appel d'August, tu as tout de même traversé cette limite et tu as bien de la chance de t'en être sortie." 

Il venait de prendre un tabouret sur lequel s'asseoir près de moi. Je tentais de me redresser mais une douleur à la poitrine m'obligea à abandonner. 

"Comment savez-vous pour August ? Articulais-je dans un étouffement de douleur.

-Comment je savais qu'il m'espionnait dans ma boutique par des caméras ? Il rigola avant de reprendre un ton grave et menaçant. Dois-je réellement te rappeler à qui tu parles ?"

Je ne répondis pas, non seulement parce que je connaissais le principe d'une question rhétorique, mais aussi parce que même en y répondant, ce serait le vanter sans le souhaiter. "Puissant Ténébreux que tout le monde redoute en ville", aurait pourtant été la réplique parfaite... Rien pourtant qui puisse me rassurer de mon état présent à ses côtés. Je me rends à l'évidence bien vite que je ne pourrais pas sortir d'ici sans avoir débriefer ma vie devant lui. Néanmoins, cette absence de réponse est aussi pour moi l'envie d'éviter l'inévitable.

"Bien. Reprit-il lorsqu'il me vit serrer les dents.  Dans ces cas-là, je pense que nous pouvons commencer ce petit entretien. Et je tiens à te prévenir avant... Je pose les questions." 

Il se replaça confortablement, posant un coude contre le matelas qui me servait de lit depuis je ne sais combien de temps. Quelques jours, avait-il mentionné à mon réveil... Je me retenais néanmoins de lui demander des précisions. Ce qu'il avait pris pour une fuite ne lui avait pas plu et je ressentais son impatience dans sa voix. Alors que je me retrouvais piégée, il prenait désormais plus de temps à venir au sujet mais le principal pour lui était d'y arriver. 

Prenant une grande respiration, il commença par sa priorité : 

"Belle est-elle en vie ?" 

Je soupirais. 

"Oui... Oui elle l'est et je vous l'ai dit après que vous ayez frappé ce qui semblait être son père ! Vous imaginez ce que vous lui avez infligez ? Il ne se souvenez même pas de qui il était ! C'est dans une ignorance totale que vous avez porté toute la haine sur lui !" 

Il baissa la tête, déjà irrité par mes propos. Je ne les cessais qu'après qu'il m'est coupé la parole : 

"Qu'importe qu'il soit amnésique ou non ! C'était sa faute ! 

-Ça l'aurait été si Belle était effectivement morte, mais ce n'était pas le cas. Elle n'est peut-être même pas rentrée chez elle après avoir quitté le château."

Il se tût un instant - pensif à l'idée - puis poursuivit : 

"Elle se trouvait dans le cachot de la Méchante Reine ?" 

J'acquiesçais.

"Tu t'y es rendue et je ne t'ai plus vu par la suite. Était-ce à ce moment-là ? 

-Sûrement. Répondis-je en haussant les épaules. 

-Et ensuite ? Que s'est-il passé ?

-Comment voulez-vous que je le sache ! Je vous rappelle que je ne suis pas totalement rétablie de la malédiction de la reine et que seul des parcelles de souvenirs me reviennent par des absences ou des rêves. 

-Tu n'en as eu aucun durant ton coma ?"

Je ne répondis pas immédiatement. Mon dernier rêve ne ressemblait en rien à un souvenir mais plutôt à la possibilité d'un avenir que je croyais vouloir. S'imaginer dans son appartement à Boston avec des cours, un quotidien banal, seule... Ça paraissait être un paradis mais au fond de moi, je ressentais un vide dans mon cœur. Lorsque je reçus la carte postale d'Henry, je compris d'où ce vide provenait. Et je m'en voulais... Je m'en voulais d'avoir fait un tel choix. Pour ce quasi-suicide que j'allais m'intenter, je remercierais presque Mr. Gold de m'avoir sauvé. Seulement, je connais l'antiquaire. Me sauver servait seulement ses intérêts et les réponses que je possède sont la seule raison qui me maintienne en vie aujourd'hui. 

"Si... Mais ce n'était pas un souvenir." Dis-je, simplement.

Il réfléchit un instant, comme pour savoir ce qu'il allait bien pouvoir faire de moi. Je profitais de ce moment de silence pour à mon tour poser des questions : 

"August m'a dit que vous aviez mon cœur... C'est vrai ? 

-N'en as-tu pas toujours douter ? Souriait-il. Tu louchais déjà sur la boîte qui ornait mon comptoir lorsque tu travaillais dans ma boutique. Si je n'étais pas arrivé à temps, tu l'aurais ouverte... Je n'imagine même pas ta réaction en y découvrant ton propre cœur." 

Il venait à en parler comme d'un clown dans une boite à blague ; avec amusement. J'affichais pour ma part une mine dépitée, livide et sombre à ses paroles. Je me rends compte maintenant que pendant un temps, je tenais mon cœur dans ma propre main et que je ne le savais même pas. 

"V... Vous avez exposé mon cœur dans votre boutique sans vous souciez des clients ? 

-Je fais toujours très attention à qui pénètre dans ma boutique. Je pense que j'aurais entendu un cri si un de mes clients était effectivement tombé dessus par hasard."

Sa faculté à prendre avec une telle légèreté le sujet que nous abordions me fit intérieurement enragée. Extérieurement, je serrais les draps avec mes poings. 

"Pourquoi est-ce que vous avez pris mon cœur, littéralement ? Quel dangereux psychopathe êtes-vous pour faire ça ?! J... Je ne me souviens plus de qui j'étais auparavant, mais je suis certaine que je ne serais pas allée vers un monstre comme vous. Qu'est-ce que vous m'avez fait faire d'autres que rechercher votre Belle ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" 

Il esquissa un grand sourire qui me fît frémir de peur. 

"J'espérais que tu me poses cette question. Rétorqua-t-il avant de se redresser pour se rendre de l'autre côté du lit. Enfin, nous arrivons à la meilleure partie de la conversation." 

Je le regardais sortir une fiole sans bien comprendre ce qu'il cherchait à faire. C'est lorsqu'il s'approcha de ma perfusion que je commençais à paniquer. 

"Qu'est-ce que vous faites ?"

Il laissa se vider un flacon à l'intérieur de la poche tandis que je l'observais faire par des tentatives vaines pour l'en empêcher. Il était impossible pour moi de me relever sans obtenir des vertiges intenses qui me renfoncèrent contre mon oreiller. Mr. Gold avait déjà rangé ses affaires lorsqu'il s'appuya tranquillement sur sa canne, en attente.

"Vois-tu... J'ai réalisé que tes souvenirs revenaient souvent par des mots ou des actions que ton cerveau perçoit et utilise comme une clé. Le problème, c'est que ça ne marche pas tout le temps... Ainsi, j'ai pris la liberté de stimuler un peu tes neurones." 

Je fronçais les sourcils, perplexe, puis écarquillais les yeux immédiatement après. 

"Vous m'avez drogué ?" 

Mr. Gold paraissait hésitant. Il fit une moue prononcée d'hésitation, suivit d'un long "mmmh" de réflexion avant de simplement répondre : 

"Oui."

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Long sont les arrivées des chapitres ! Je m'excuse pour l'attente ! 

Once Upon A Time - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant