Once Upon A Time - Malédiction

Bureau des conflits

De loin, on pouvait avoir l'impression que j'étais la jeune fille boudeuse qui croisait les bras en refusant de voir quelqu'un simplement car elle "lui fait trop peur". Pourtant, quand on percevait l'histoire de long en large, on comprenait alors que cette fille qui se plaignait ne faisait qu'être prudente et elle avait bien raison. Ses expériences ne lui ont que trop fait comprendre qui elle devait croire ou non. Jouer au héros lorsqu'on a aucune bonne carte en main c'est feindre de gagner... Or, pour le moment, je n'ai pas autant de foi qu'Henry.

"Qu'est-ce qu'on fait alors ? Lança-t-il, inquiet, en haussant les épaules. Si nous n'agissons pas maintenant, ma mère et Mr. Gold obtiendrons ce qu'ils veulent de cette ville. Elle finira par faire partir Emma, détruire le bonheur de Mme. Blanchard et lui finira par t'avoir. Ils vont prendre le contrôle et la malédiction ne sera jamais brisée..."

Il n'avait pas tort. Si aucun plan n'était mis en œuvre dès maintenant, nous courrions vers un grand danger. Un danger sans fin dont nous ne pourrons jamais nous échapper... J'y songeais avec anxiété lorsque le talkie-walkie d'Henry commença à faire de drôles de bruits. Il y porta attention à son tour et prit l'appareil dans ses mains pour l'approcher de sa bouche.

"E... Emma ?"

Quelques secondes passèrent avant qu'une voix ressorte du grésillement.

"Oui, désolée, je suis là. Est-ce que tu es avec Norah ?

-Euh... Il détourna un regard vers moi. Oui... Pourquoi ?

-Peux-tu me la passer, s'il te plait ? Je dois lui dire quelque chose..."

Henry me tendit le talkie-walkie que j'avançai à mon tour vers ma bouche. Inquiète, comme si nous avions tous les deux prévus que quelque chose de grave allait se passer, j'appuyais sur le bouton.

"Je suis là. Qu'est-ce qu'il se passe ?"

Storybrooke, la ville la plus paisible que je connaissais autrefois, avait-elle encore été source d'un problème aujourd'hui ? Ici, plus personne ne semblait être en sécurité et je commençais simplement à en peser les mots. J'appréhendais la réponse d'Emma comme j'appréhendais mes lendemains. Je me souviens qu'à cette heure-là, j'aurais pu être à Boston...

"C'est à propos de Mary-Margaret. Dit-elle en soupirant. Elle... Elle est avec moi au bureau.

-D'accord... Mais pourquoi ? Il y a problème ?

-Ce serait mieux si tu venais pour qu'elle t'explique d'elle-même. Elle ne peut pas venir te le dire car... Elle s'arrêta un instant. Je sentis un silence pesant avant qu'elle ne reprenne d'une fois un peu plus basse. Elle est en prison pour le moment."

J'écarquillais deux grands yeux qui croisèrent ceux d'Henry. Il était très difficile de croire que Mary-Margaret, celle que nous connaissons depuis tout petit, ait pu finir en prison ou même avoir un casier judiciaire dans sa vie. Elle était la personne la plus gentille, généreuse, attentionnée et adorable que je connaissais. Autrement dit, elle était un ange. Un ange ne va pas en prison... Pas elle. Il ne nous fallut que peu de temps pour comprendre qui pouvait bien se trouver derrière tout ça. La machine était en marche.

"On arrive.

-Non, attends. Lança-t-elle vivement avant que je ne pose l'appareil. Tu dois venir seule. Regina attend Henry chez elle dans 15 minutes. Si elle semble d'étrange bonne humeur aujourd'hui, elle n'acceptera pas de retards."

Henry approcha le talkie-walkie de son visage pour répliquer mais Emma reprit avant :

"Désolée, Henry. Je ne peux pas te laisser intervenir dans cette affaire... Il vaut mieux pour toi que tu restes à l'écart. Écoute ta mère et rentre à la maison."

Je me demandais, à ce moment, de quelle mère elle pouvait bien parler. Dans tous les cas, le jeune garçon se résigna d'une mine boudeuse et éteignit son talkie-walkie pour le ranger dans son sac qu'il porta à son dos. Il détourna un regard vaincu vers moi mais gardait un sourire compatissant.

"Tu me raconteras ?

-Promis." Dis-je avant qu'il ne s'éloigne du port.

***

J'arrivais au bureau du shérif, le fameux bureau où toutes les grandes actions semblaient se passer. Le bureau des verdicts lorsque Storybrooke allait mal. Avant, ça arrivait peu et Graham se contentait bien souvent des vols où des soirées trop alcoolisées... Mais les choses changent et désormais, avec Emma au commande, la ville semble s'éveiller peu à peu d'un long sommeil de problèmes. C'est dans cet esprit que je passai la porte et croisai en premier lieu Regina et son regard perçant. Mon souffle se coupa un instant à la grimace qu'elle tira lorsqu'elle me perçut. Difficile pour elle de forcer un sourire hypocrite face à un problème qu'on pensait régler. J'étais encore là mais ça, elle devait le savoir par le biais d'Henry. Finalement, ce qui l'étonnait, c'est que je sois ici.

"Norah ?" Avait-elle inconsciemment lancé avec étonnement.

Il lui fallut un temps avant de se souvenir de ma place dans cette ville mais également de ce qui pouvait me mener au bureau. C'était comme si je retrouvais les pièces du puzzle se constituer dans ses iris avant de la voir arborer un sourire des plus malsain, articulant :

"Oh, tu viens voir Mary-Margaret ? C'est vrai que c'est ta tutrice... Et parce que ce n'est jamais assez : On ne dirait pas en vous voyant ensemble."

Puis elle sortit. Le silence léger débarrassé de ses claquements de talons ralentit les battements de mon cœur et je repris ma marche jusqu'à la salle principale où l'on détenait le peu de prisonniers qu'on pouvait avoir en ville. Mary-Margaret se trouvait derrière les barreaux et discutait justement avec Emma, à son bureau. Les deux jeunes femmes se tournèrent vers moi sans que je n'en dise un mot.

"Norah ! S'exclama Mary-Margaret. Je suis tellement désolée qu'on en soit arrivée là...

-Heureuse que tu aies pu venir aussi vite... Poursuivit Emma en se redressant. Je vais vous laisser en tête à tête pour discuter de la situation. Si vous avez besoin de moi, je serais à côté..."

Je la laissai passer la porte pour m'approcher de la cellule dans laquelle était enfermée "ma tutrice", comme dirait Regina. Elle semblait si pâle que j'en pâlissais presque à mon tour. Ses yeux rougis me laissaient vaguement penser qu'elle avait récemment pleurer mais surtout qu'elle était fatiguée.

"Que se passe-t-il ? Demandais-je premièrement, inquiète.

-Norah, je... Son regard vogua de haut en bas, croisant le mien de temps en temps avant de se poser concrètement. Mordillant ses lèvres, elle reprit. Pendant que tu étais dans le coma, il s'est passé certaines choses... Kathryn, la fiancée à David, elle..."

J'attendais, toujours aussi anxieuse.

"Elle est morte.

-Quoi ?

-Et... Les larmes lui montait aux yeux. Et des preuves... Des preuves ont conduit Emma jusqu'au coupable... Elle sanglotait. Moi."