Once Upon A Time - Malédiction

Aux fourneaux !

Il devait être dans les alentours de midi lorsque j'arrivais à mettre en place la première étape de la mission lancée par le shérif : faire sortir Regina Mills de chez elle. Alors qu'Henry devait traîner avec Emma pour une raison que j'ignore encore, j'amenais la jeune femme jusqu'à chez Granny dans un lourd silence qui me permettait d'échafauder le plan de ma journée. Je ne devais pas quitter des yeux le maire et surtout, ne jamais la laisser utiliser son téléphone... Avais-je parlé trop vite ? 

"Je dois appeler Henry pour lui dire où je suis... Commençait-elle déjà par s'inquiéter.

-Non, attendez !" 

Si nous avions été plus proches, je lui aurais retiré son téléphone des mains. Or, avec cette femme, c'était comme déclencher le bouton d'alarme. À coup sûr, elle se serait braquée et aurait tourné les talons à la recherche de son fils. Le plan aurait été à l'eau avant même de commencer... Tout ne tient qu'à un fil aujourd'hui. 

"Vous ne pouvez pas l'appeler. Me repris-je en m'abstenant du moindre geste. Si vous lui dites ce que nous allons faire, il va comprendre."  

Elle se mit à soupirer d'agacement mais, malgré tout, rangea son téléphone dans sa poche de manteau et se remit à avancer à mes côtés. 

"Tu veux dire, comprendre que tu veux lui préparer une fête ? Je t'avoue que je n'en vois vraiment pas l'intérêt. Henry a tout ce qu'il peut désirer dont une mère qui l'aime énormément. Je vois pas ce qu'il pourrait demander de plus. 

-Des amis, de la liberté..." Commençais-je doucement à énumérer avant qu'elle ne me toise d'un regard froid. 

Je savais que cette journée allait être un véritable travail sur mon manque de tact et sur la subtilité dans la parole. Je n'étais sûrement pas aux bouts de mes surprises. C'est avec tenue et dignité que la mairesse reprit...

"Il a 10 ans. Je me contente de lui donner ce qu'il peut obtenir, il ne doit pas penser qu'être fils du maire est un privilège. 

-Il ne le pense pas... Dise-je à voix basse avant de reprendre plus haut. Avoir une mère qui détient un titre important comme celui-ci a ses avantages et ses inconvénients. Comme je vous l'ai dit, vous êtes parfois pris dans votre travail et lui, il ne peut pas se faire des amis comme il le veut car vous le lui refusez. C'est pour cela qu'une fête en son honneur pourrait le familiariser avec sa classe et montrer également que vous pouvez être une mère avant d'être... le maire. Je ne sais pas si je suis claire...

-Non, tu ne l'es pas mais heureusement pour toi, j'arrive à suivre. Lança-t-elle avait le plus grand des sarcasmes. Bien, explique-moi pourquoi nous nous rendons chez Granny ? 

-Nous allons demander à Granny de nous préparer un buffet pour la fête comme ça - 

-Quoi ? Coupa-t-elle. Tu veux demander à cette vieille dame au restaurant douteux de faire la cuisine pour mon fils ? C'est hors-de-question. 

Cela faisait la troisième fois, au moins, qu'elle s'arrêtait pour débattre sur mon programme. Si ça continuait, nous allions passer la journée à confronter nos idées et rien ne serait abouti. La bonne nouvelle, c'est que j'aurais quand même tenu Regina à l'écart des affaires d'Emma, mais ça n'aurait pas mené à grand chose. 

"Mais... Hésitais-je d'un vague sourire irrité. Il faut bien de la nourriture à une fête... 

-C'est moi qui vais cuisiner." 

Silence. 

"Vous ? 

-Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ? Tu ne me penses pas capable de faire un buffet pour des enfants de primaire ? Elle replaça une mèche de ses cheveux. Je vois que l'image que tu as de moi est bien dégradant, Norah. Bon, suis-moi." 

J'avais envie de lui faire manger son manteau mais à la place, je mâchouillais ma manche en silence et m'exécutai. Elle avait trop de pouvoirs pour que je fasse autrement. 

"Où comptez-vous vous rendre ?

-Moi, je rentre à la maison prévoir les ingrédients nécessaires à la préparation de ce buffet puis je passerais quelques coups de fil pour les invités. Toi, tu vas acheter tout ce que je vais t'envoyer par message et tu me rejoins. Dans une heure, on doit avoir commencé à cuisiner. La fête commencera à 17h et se terminera à 20h." 

Je voyais tout mon programme se faire écraser par les détails du sien. Quand avait-elle pensé à tout ça ? Et pourquoi avais-je pris plus d'une heure juste pour avoir l'idée ? Aussi injuste cela pouvait-il être, je ne pouvais que me plier à sa demande et me laisser guider pour cette fois. 

"Henry souhaitera sûrement voir Mlle. Swan à la soirée... Songea la jeune femme pour elle-même. Dois-je me forcer à l'inviter ?" 

Je me braquai. 

"Non ! Rétorquais-je vivement. Je veux dire... Pourquoi faire ? C'est vous la mère d'Henry... Et c'est vous qui prévoyez cette fête, pas elle. C'est un moment que vous pouvez avoir avec votre fils, il ne faut pas qu'elle vous vole ça..." 

On dit ce qu'on peut pour amadouer. Tous les moyens sont bons et lorsque ce sont les sentiments qu'on touche, c'est encore mieux. 

"Tu as raison."

Je souriais avec fierté. Continuant le chemin, mon téléphone vibra dans ma poche pour signaler un message et tandis que je m'arrêtais pour le lire, Regina pressa le pas. 

"N'oublie pas, dans une heure tu es à la maison !" 

Cette drôle d'impression qu'elle me parlait comme elle parlait à Henry me fît grimacer. Le message stipulait la liste des choses que j'avais à acheter. Il y en avait beaucoup et à des endroits différents car dans les petites villes, seules les boutiques pouvaient satisfaire nos besoins. J'allais sûrement devoir courir car en plus d'être contre le temps limité que me donnait Regina, je me souvenais également que le plan initial était de l'avoir à l'œil 24h/24. Or, ici, ce n'est pas exactement le cas. 

Je me donnai le top départ lorsque je rangeai mon téléphone dans ma poche mais ce dernier se mit à vibrer une nouvelle fois pour m'annoncer un message. Ne me dites pas qu'il y a plusieurs listes ? Je déverrouillai l'écran. 

"Tout va bien ? 
-Emma"

Difficile à dire, pour le moment. Ne souhaitant pas l'inquiéter, je me contentais de répondre positivement lorsqu'un autre message s'afficha dans la barre de notification. Trois à la suite, ce n'était pas commun dans le cas où je n'avais que cinq ou six contacts répertoriés. 

"Elle est là !
-Inconnu"