Lève-tard

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J'ouvris doucement les yeux, réveillée par les rayons du soleil pénétrant dans la pièce. Si la lumière du jour était celle qui parvînt à me réveiller, cela signifiait qu'il devait être encore assez tôt car habituellement, c'est la voix de Mary-Margaret ou d'Emma qui m'appelait à plusieurs reprise pour le petit-déjeuner. J'attrapai mon téléphone pour observer et bénir le temps qu'il me restait à roupiller sous mes draps. Aussi surprenant et brutal que ça a pu paraître pour moi, l'écran affichait bien 10:30. Cela fait une heure que je devrais être debout ! Mary-Margaret n'a pas cours - je crois - mais ça ne restait pas une raison suffisante pour qu'elle fasse la grasse matinée. Non, la connaissant elle est de ceux qui aiment se lever tôt. Quels auraient été les raisons possibles pour qu'elle ne vienne pas me réveiller en même temps, comme est notre quotidien ? 

Je me redressai de mon lit, m'habillai et me rendis dans la salle de bain pour passer un vif coup d'eau sur mon visage. En fermant le robinet, j'entendis une porte claquer dans la pièce d'à côté : la chambre de Mary-Margaret. Elle avait donc bien fait une grasse matinée... Mais pourquoi ? Trop dormir pour elle... c'est surtout lorsqu'elle ne sent pas bien.

"Mary-Margaret ?" Lançais-je timidement en la rejoignant dans la salle de séjour. 

Dos à moi, je la voyais lever ses mains jusqu'à son visage quelques seconde avant de se tourner jovialement - ou en tout cas comme elle le pouvait - dans ma direction. Malheureusement, son sourire ne masqua pas ses petits yeux bouffis, rougis d'une nuit bien agitée. 

"M... Mary-Margaret... Bégayais-je, surprise. Qu'est-ce qu'il se passe ?" 

Elle secoua de droite à gauche sa tête en baissant les yeux, signe qu'elle se renfermait sur elle-même. 

"Rien d'important, ne t'en fais pas." 

Son attitude la trahissait grandement. Je m'approchai d'elle pour l'accompagner jusqu'à sa chaise avant de m'asseoir en face. Elle faisait partie des âmes généreuses qui pensaient à autrui et non à soi-même mais il arrive que cette qualité qui est tout en son honneur puisse devenir un fardeau lorsqu'elle se doit de garder pour elle ses problèmes et ne pas se confier à ses proches. Or, je veux l'aider. Je veux qu'elle me donne un peu de son poids sur mes épaules pour que je puisse la soutenir et être là comme une fille le serait pour sa mère, tant que je le peux... 

"C'est stupide, je te promets. Renchérit-elle en tapotant sur ses cernes et tenter d'avoir meilleure mine. Ce n'est rien qui vaille la peine de pleurer... 

-Apparemment si...S'il vous plait, je veux vous aider. 

-Oh, tu sais... Emma fait déjà tout ce qu'elle peut, pour moi. J'aurais dû l'écouter et ne pas tomber dans le piège... Elle passait aux chuchotements, comme si elle se parlait à elle-même. Je n'aurais pas dû me laisser tomber amoureuse d'un homme marié..." 

Je fronçai les sourcils en décodant ses bégaiements. C'est à cause de ce David Nolan ? Si c'est cet homme qui a fait pleurer ma m... tutrice, il va le payer cher. Je le garantie. Pourtant, c'est censé être le prince charmant, non ? Ces deux-là sont destinés à s'aimer et à vivre heureux comme dans les contes (étant donné que c'en est un) ! Qu'est-ce qu'il a bien pu se passer, alors... Qui est David Nolan dans ce monde ? 

Je ne savais pas quoi dire ni même quoi penser exactement sur cette affaire. Mary-Margaret ne semblait pas en état de me raconter en détail ce qu'il s'est passé et ça n'importerait pas beaucoup, de toute façon. Connaissant leurs véritables identités, je doute que cet homme souhaitait lui faire volontairement du mal. Je jette la faute sur Regina et ses manipulations. Elle a fait se marier David avec une femme qu'il n'aimait pas - ou du moins pas réellement. Forcément que le trouble s'installe en lui... 

La porte s'ouvrit au même moment, laissant rentrer Emma et Henry. Je me levai pour aller les saluer et m'approchai d'Henry. 

"Qu'est-ce que tu fais là ?

-Et bien, vous aviez proposé qu'un jour je vienne pour faire mes devoirs, alors... me voilà ! 

-Mais... Réfléchis-je. Tu as cours aujourd'hui, non ?" 

Il sourit timidement en m'esquissant un clin d'œil personnel. 

"Oui, mais je préfère apprendre avec Mme. Blanchard. C'est plus cool." 

Je souris à mon tour. Petit malin. Emma prit une bouteille dans le frigo puis se dirigea vers Mary-Margaret et la prit par l'épaule. 

"Ça va ?" 

Pas besoin de réponse de sa part pour comprendre que ce n'était pas le cas. Je baissais la tête en même temps qu'elle tandis qu'elle répondit tristement à l'attention d'Henry : 

"Je ne me sens pas en condition pour te faire cours, Henry. Je suis désolée mais ce sera pour une prochaine fois. 

-Oh... Barbouilla Henry. Je comprends... Je m'excuse, je repasserais une prochaine fois." 

Je l'attrapai à mon tour par le bras en même temps d'enfiler ma veste. 

"Non, non. Tu ne te défileras pas comme ça. Je vais réviser avec toi dehors. On y passera la journée s'il le faut, mais tu finiras par connaître tes théorèmes sur le bout des doigts." 

Je le vis grimacer ce qui me fît rire. Par la même occasion, je laissais le champ libre à Emma pour réconforter Mary-Margaret de ces histoires cœur. Ce sont des histoires de "grandes personnes" j'imagine et je ne dois pas être bien placée pour en parler. Et puis... Emma reste sa vraie fille, je ne pourrais jamais prendre cette place-là et ceci avec n'importe qu'elle malédiction. De toute façon, je dois parler à Henry quant à mon départ qui se rapproche à grand pas. 

"Hey, Norah !" S'exclama Emma, avant que je ne passe la porte.

Je lui adressai un regard interrogateur, la laissant poursuivre : 

"Merci pour hier. Sans ton appel, je n'aurais pas pu découvrir ce que Mr. Gold complotait dans notre dos. Il a eu ce qu'il méritait et passera quelques jours en prison. Toi-même tu n'avais pas l'air de beaucoup l'apprécier pour ses coups tordus, non ? Ça rééquilibre un peu la balance." 

Tout me revînt d'une façon brutale à laquelle je ne m'attendais pas. J'avais tellement été prise par ce réveil inhabituel et les problèmes de Mary-Margaret qui semblaient plus simples d'accès que les miens que mon cerveau décida de me faire oublier la mésaventure d'hier. Mr. Gold avait kidnappé le fleuriste, le père de cette certaine Belle qu'il m'avait demandé de trouver dans l'autre monde... Je lui disait justement qu'elle était en vie alors qu'Emma arriva. Maintenant qu'il le sait, il n'en restera certainement pas là. Je n'avais déjà pas rempli les parts de son fichu marché mais en plus, je ne lui avais pas donné cette information... Dans quelques jours - lorsqu'il sortira de prison - ce sera moi sur une chaise à me faire battre pour acquérir des réponses. 

Avalant difficilement ma salive, je forçai un sourire poli et poussai Henry vers la sortie. 

"Viens, on y va." 

Once Upon A Time - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant