Brumeux

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Transperçant le vent par sa vitesse, le scooter et son propriétaire me ramenèrent en moins de deux chez moi, et ceci sans être refroidie ni mouillée par la pluie grâce à une seconde bombe bien noire, comme il aime. C'est sûr qu'avec cet équipement de même couleur, il ne risque pas de se faire percevoir la nuit. Il se veut discret, cet homme-là... Ce qui m'étonne le plus, c'est que durant tout le trajet, même avant, il n'a pas trouvé nécessaire de se présenter, ni même de retirer ce qui lui sert de protection, voilant ainsi son visage et son identité.

Une fois bien arrêtés, je descends du scooter et retire le casque, laissant à la pluie la liberté de s'acharner une nouvelle fois sur mes cheveux et mon visage bien trempés. L'inconnu prit son bien qu'il rangea dans une sorte de mini-coffre ovale et se replaça face à moi. Je l'imaginais me dévisager de haute en bas sans soucis alors que moi je ne pouvais même pas distinguer son regard à travers la visière.

"Bien, S'exclama-t-il, je pense que j'ai fait ma bonne action de la journée.

-Oui, c'est vrai... Répondis-je brièvement.

-Mais elle ne sera complète que quand tu m'auras remercier, je pense.

-Et à qui dois-je ces remerciements ?"

Je fixais son casque, tentant vainement d'apercevoir ses yeux. Sont-ils bleus, marrons, verts ? Ou peut-être aussi sombre que Mr. Gold ? Qui me dit qu'ils ne sont pas de mèches ?Je ne dirais pas merci à cet homme tant qu'il n'aura décliné son identité. Ainsi, je croisai les bras et attendis sa déclaration. Il en ria.

"Je pense que "le sombre étranger" est un surnom qui me va bien.

-Je n'ai pas demandé ton surnom, mais ton identité.

-Tiens, tu me tutoies maintenant ?

-Ne te connaissant pas, je n'ai aucun repère pour savoir si je dois tu tutoyer ou non. Alors, je m'en suis laissée le choix."

Je le sens encore sourire, mais je ne pourrais en être sûre, ce qui me frustre assez...

"Ça ne me dérange pas. Reprend-t-il d'un ton joueur. Je trouve au contraire que ça nous rapproche déjà.

-Il reste que je ne te connais pas.

-Il ne faut pas forcément connaître l'identité d'une personne pour se rapprocher d'elle. Regarde, je t'ai conduit chez toi, te sauvant d'un rhume certain, et tu me tutoies déjà comme si nous étions amis. Demain je t'invite à me faire visiter la ville et tu m'offriras un bracelet de meilleur ami dans la soirée."

Je n'écoutais pas toute la partie où il jouait son intéressant, mais je restai tout de même focaliser sur une certaine information qui me piqua au vif.

"Tu viens d'arriver en ville ?" Suivis-je immédiatement, plus intriguée par la question.

Dans le silence, il monta sur son scooter et alluma le moteur. J'hésitai à savoir s'il m'avait entendu et fût tenté de répéter.

"Je suis à l'hôtel du coin. Finit-il par dire. Viens m'y rejoindre dès que tu te sens prête à jouer le guide."

Je bloquais sur cette esquive ambiguë qui ne me laissait sortir aucun mot. Sans réaction de ma part, il partit sous le ronflement bruyant de son transport.

***

Mes pieds tapaient contre le mur dans un rythme régulier tandis que le reste de mon corps s'étalait sur mon lit. Depuis plus d'une heure, je bougeais dans tous les sens, cherchant la meilleure position pour m'endormir et ainsi ne plus penser à Mary-Margaret, comme en était sa demande. Bien évidemment ce n'est pas si facile à dire ! Je m'inquiète pour beaucoup de choses et dormir est devenu optionnel, pour moi. Si ce n'est me faire remonter des flashbacks sous forme de rêves, pour que je me réveille en sueur, le cœur battant -parce que oui ma vie d'avant n'était pas des plus tranquille - je peux dire clairement que dormir ne me sert à rien, je ne récupère pas plus d'énergies...

La tempête se calme peu à peu, je n'entends presque plus la pluie battre sur les vitres de ma chambre, ni le vent ébranler mes volets en bois. Je suppose que Mary-Margaret ne devrait pas tarder à rentrer. Vais-je la voir arriver avec ce David Nolan ? Je devrais le remercier. Après tout, qui sait où elle serait sans lui ? Peut-être en bas d'un ravin, perdue dans la forêt après avoir été foudroyée ? J'enfonce ma tête dans mon coussin, me maudissant d'avoir une telle pensée. Depuis cette absence chez Granny, je sens un pincement au cœur rien qu'en pensant aux dégâts que peut donner une tempête. Tout ça à cause de cette nuit que j'ai apparemment vécu étant petite... J'étais, si je me rappelle bien, dans ma chambre à ce moment-là. Or, celle-ci bougeait... Toute la pièce était plongée dans le noir et dehors il ventait énormément. Je suis sûre d'avoir vu plus que des gouttes se déverser sur ma fenêtre. Des vagues d'eau, oui. Où pouvais-je me trouver ?

"Le navire ne tiendra pas longtemps." Avait crié une voix au-dessus.

Je me trouvais donc dans un bateau. Et pas n'importe lequel... Le Jolly Roger, avait précisé un autre individu. Le dialogue se refait dans ma tête et la scène me parait soudainement plus claire. Ma chambre était en vérité une cabine d'un navire de pirate, et je n'en connais qu'un qui est nommé Jolly Roger, ce même bateau connu pour être dirigé par le Capitaine Crochet. C'était d'ailleurs cette seconde voix qui avait apaisé mes angoisses. Elle m'était familière et bizarrement réconfortante. Était-ce cette même silhouette qui m'avait rejoint dans la pièce, posant un délicat baiser sur mon front ? Impossible. Je connais le dessin animé de Peter Pan, et je n'ai jamais vu le Capitaine Crochet avoir de l'affection pour qui que ce soit... D'ailleurs, il n'est pas au Pays Imaginaire, lui ? Je ne pouvais pas être avec lui. Norah était dans la forêt enchantée ! Et aussi... Au Pays des merveilles...

Bon sang, mais combien de fois ai-je donc voyagé ?

Perdus dans mes pensées, je finis tout de même par m'endormir. Mes rêves devinrent aussi normaux qu'avant, c'est-à-dire vagues et sans aucun sens. Seulement cette fois-ci, un navire au drapeau noir flottait au loin de chacun d'eux. Je crois qu'un moment, je sentis une personne venir m'embrasser sur la joue. Mais ce n'était pas un homme au crochet, non, c'était une jeune femme aux cheveux courts et mouillés qui venait de traverser la tempête pour me rejoindre. Ainsi je me sentis mieux. Elle était cette nouvelle silhouette qui rassurait mes nuits.

Once Upon A Time - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant