Le vide

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Je quittais l'école le regard vide, perdu. Il avait suffi que je vois Mary-Margaret se tourner vers moi pour que toute ma pression tombe et que je réalise ce que je perdais dans cette ville que je n'avais jamais particulièrement aimé, comme elle ne devait pas non plus m'accorder beaucoup d'importance. Henry avait patienté dans le couloir lorsque je faisais mes adieux, il ne savait donc pas ce que nous avions échangé durant les dernières minutes. Je n'oserais le lui dire non plus de peur de fondre en larmes et de lui avouer le pire dans toute cette histoire ; que je ne reviendrais sans doute jamais. Dit comme ça, j'ai l'impression de trahir tout le monde pourtant je sais bien qu'une fois arrivée à Boston, je n'oserais rappeler celle qui aura été ma famille durant la malédiction. Chaque habitant finira par recouvrer la mémoire un jour et à ce moment-là... Ils oublieront qu'il y avait autrefois une Norah parmi eux. Je pars tel un fantôme conscient de la valeur des autres. C'est d'ailleurs pour cela que mon cœur semble bien lourd...Non, vide. Je me sens vide.

"Norah, tu n'es pas obligée... Répétait Henry en me prenant le bras pendant que nous avancions jusqu'à la forêt, valises en main. 

-Je n'ai pas le choix, Henry...

-On a toujours le choix ! Reste avec nous et attends que la malédiction soit brisée. On cherchera à savoir pourquoi tu n'es pas dans le livre et ce qui s'est passé dans la forêt enchantée. Tu recommenceras tout à zéro." 

Je m'arrêtai face à lui pour esquisser un vague sourire peu persuasif. 

"Je ne peux pas faire ça. Si je vais à Boston c'est justement pour tout recommencer à zéro mais si je reste ici, rien ne changera. Je veux... vivre. Je veux ressentir des choses que je n'ai jamais ressenti ici. Je veux sortir et découvrir le monde sans avoir peur qu'un sorcier ou qu'une méchante reine me réduise en cendre d'un simple regard. Tu comprends ? 

-Mais... Dit-il, au bord des larmes. Tu ne vas peut-être jamais arriver à destination... Et s'il t'arrivait quelque chose ?" Bégaya-t-il. 

Le pire n'était pas à oublier, c'est vrai. N'importe quel habitant de Storybrooke passant la limite de la ville n'en fini pas indemne car personne ne peut quitter la ville. Je me dis pouvoir en faire exception du fait que je ne suis pas dans le bouquin mais qu'en sais-je réellement ? Je dois m'efforcer de croire que mon départ est possible sinon, c'est ici que je finirais ma vie et peut-être pas de la meilleure façon.

"C'est pour ça que tu es là ! Souriais-je en lui prenant l'épaule. Si quelque chose arrive, je sais que tu me sauveras." 

Il ne répondit pas, mordillant nerveusement sa lèvre tandis que nous reprenions le chemin jusqu'aux frontières de Storybrooke. C'était difficile de savoir exactement où se trouvait la limite si ce n'était à l'aide de la pancarte "Bienvenue à Storybrooke". À partir de là, il ne devait rester que trois bon pas avant de pouvoir officiellement dire avoir quitté la ville. C'est avant ces pas-là que nous nous arrêtions. Je ne ressentais rien... Étrangement rien. 

"Je suis prêt à te sauver s'il le faut, Norah... Mais avant -" 

Il se jeta dans mes bras si fort que je crus en perdre ma respiration. Une de mes valises tomba au sol mais je n'y prêtai pas attention et le serra contre moi à mon tour. Ce moment - celui qui précédait mon départ mais concluait un chapitre de ma vie -, j'aurais souhaité qu'il dure éternellement. De cette manière, je ne franchirais jamais la limite de la ville mais je ne reviendrais jamais parmi les habitants des conte de fées non plus. C'est un entre-deux qui m'allait parfaitement... Malheureusement, ça ne pouvait durer ainsi. Mon téléphone se mit à sonner et, m'éloignant d'Henry, je décrochai. 

"Allo ? 

-Norah ! Où es-tu ? 

-August... ? Hum, je suis à la frontière de la ville. Je t'avais prévenu que je comptais partir et ce jour est arrivé. Qu'est-ce qu'il se passe, tu sembles essoufflé ? 

Once Upon A Time - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant