Un instant à Boston

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Bip - Bip - Bip - Bip - Bip ...

Sans ouvrir les yeux, je levai la main vers l'extérieur du lit et la laissai tomber sur mon réveil, dans l'espoir de le désactiver. Cette technique marchait une fois sur deux en général, mais par miracle aujourd'hui, elle fonctionna du premier coup. 

Dans un long soupir, je me redressai de mon oreiller et retirai ma couette. Les rayons du soleil traversait déjà les fenêtres de ma chambre. Je tournais un regard endormi vers l'écran de mon réveil. 10:00. C'était le weekend, déjà. J'avais encore cette étrange impression de devoir me préparer pour aller en cours. Mon sac est déjà prêt, après tout, et puis je n'ai rien d'autre à faire de ma journée. Je dois bien l'avouer... Je n'aime pas trop le weekend. 

Je me levai avec lourdeur et m'engageai dans mon salon. J'allumai la télévision puis me dirigeai vers le frigo histoire de voir ce que je pourrais utiliser en guise de déjeuner. Le vide glacial qui en émana lorsque je l'ouvris me rappelai que je n'avais pas pris la peine de faire les courses de toute la semaine. J'étais tellement prise par mes examens, il faut dire, que manger ne signifiait qu'un sandwich acheté à la dernière minute à la boutique du quartier. Rien de grandiose pour l'étudiante en première année de l'université de Boston. 

Je soupirais à nouveau, fermant la porte de mon frigo vide, et m'affala sur le canapé. Décidément, je déteste bien le weekend. Je n'ai rien à faire durant ces deux jours alors que le reste de la semaine, je suis chargée de 6:00 à 22:00. Avec mes cours, mes petits boulots et les devoirs du soir, autant dire que je n'ai de repos que le Samedi et le Dimanche. Seulement, moi qui ait toujours privilégié le travail, je n'ai pas pris ces temps de pause comme un cadeau mais plutôt comme une perte de temps. J'aime être productive pour moi comme pour les autres... Et de l'argent ne manquerait pas à ma carte bancaire, en ce moment.

J'écoute d'une oreille sourde les informations du matin, diffusée à la télé. Rien de bien important n'est à signaler dans le monde. La vie est calme, paisible... Tout semble se passer comme prévu. Pour ma part, j'étais prête à me rendormir, bercée par la voix monotone du présentateur, lorsque j'entendis la sonnerie stridente de ma porte d'entrée. Le facteur... 

"Bonjour... Lançais-je à ce dernier après avoir ouvert la porte de la manière la plus réveillée possible.

-Bonjour ! Répondit-il d'un ton enjoué. Vous aviez un colis alors je me suis permis de monter jusqu'à votre étage. Signez ici, s'il vous plait." 

Il devait avoir entre 17 et 25 ans. Autrement dit, dans ma tranche d'âge. Sa bonne mine m'afficha un sourire sincère et je l'enviais presque de ne pas être à sa place à cette heure-ci. J'attrapai le stylo qu'il me tendait et signa sur le papier. 

"Dites... Demandais-je en récupérant mon colis. Vous n'embauchez pas le weekend, par hasard ? Ça ne me ferait pas de mal, ces temps-ci... 

-Oh, répondit-il en levant les yeux au ciel. Si vous pouviez prendre ma place, ça ne me ferait pas de mal non plus ! Je préférerais me lever plus tard pour pouvoir profiter d'une journée calme et paisible dans mon lit." 

Je fis mine de sourire, chuchotant à moi-même : 

"Ouais... Du calme, j'en ai à revendre...

-Je vous demande pardon ? 

-Non rien ! Merci beaucoup pour le colis." 

Je m'apprêtais à refermer la porte mais il la bloqua avec sa main. 

"Attendez... ! Il y a aussi une carte postale pour vous." 

Dans l'ouverture, il tendit la carte en question. Les couleurs qui y étaient représentées me disaient vaguement quelque chose. 

"Merci..." Dis-je en la prenant avant de complètement claquer la porte, manquant d'y laisser sa main. 

Je ne prêtais plus attention à l'énorme colis qui attendait dans un coin de la pièce. La carte en main, je me posai sur le canapé et analysai avec détail l'image qui y était représentée. Il ne me fallut pas plus d'une seconde pour reconnaître l'horloge de la ville de Storybrooke, suivi du nom jaune en premier plan. Je sentis mon pouls s'accélérer, les larmes me monter aux yeux. Il n'y avait qu'une seule raison pour laquelle cette carte aurait pu être envoyée...

Terrifiée, je me résolue néanmoins à tourner la carte pour y découvrir le message laissé au stylo noir. 

"La malédiction a été brisée ! Emma a retrouvé sa famille, la Méchante Reine a été vaincue. Tout est rentré dans l'ordre ! J'espère que tout va bien pour toi à Boston et que tu as pu y trouver ta place. 

-Henry" 

Mes larmes ruisselaient sur le texte. Je posais mon front sur la carte humidifiée, en sanglot. 

***

Bip - Bip - Bip - Bip - Bip... 

Je n'arrivais pas à bouger, ou du moins très peu. Lorsque j'ouvris les yeux, je ne vis qu'un décor blanc, flou. Tous mes membres semblaient somnoler et je ne pus ouvrir la bouche pour parler, ni même me redresser et ainsi peut-être savoir où je me trouvais. Rien ne me semblait familier, ici... Ce n'était pas mon appartement. 

Alors que ma vue se réveilla doucement, avec le reste de mes muscles, je discernais une tâche noire dans le fond de la salle. Cette dernière - voyant que j'avais posé mon regard sur elle - s'avança vers moi. Un bruit se répéta dans ma tête, comme un tapotement régulier contre le sol... Un bâton dont la pointe frappe constamment le parterre. L'ombre qui s'approcha prenait doucement l'apparence d'un homme. Je balayai vivement la pièce du regard et compris que je me trouvais dans un hôpital, la bouche recouverte par un masque pour m'aider à respirer et un électrocardioscope pour mesurer les battements de mon cœur. 

"Tu es donc réellement suicidaire, ma pauvre Norah." 

Prise de court, je me retournai vers l'inconnu dont je ne semblais reconnaître que la voix. Il me fallut du temps, par ma vue embrouillée, pour deviner que Mr. Gold se trouvait à mon chevet. Je tentais de me redresser pour atteindre le bouton d'appel et qu'un médecin vienne m'aider mais il éloigna le fil avec sa canne. À bout de souffle, je me mis à tousser. 

"Calme-toi... Reprit-il à nouveau en posant une main sur mon épaule pour que je m'allonge. Tu n'es pas en état de fuir, cette fois-ci, très chère."

Je le vis afficher un sourire posé en observant l'état critique dans lequel je me trouvais. 

"Je t'avais pourtant dit que passer la limite de la ville causerait ta perte... Heureusement que j'ai été là pour rattraper le coup. Il aura fallu plusieurs jours... Mais finalement, le traitement a fonctionné." 

De quoi parle-t-il ? J'ai l'impression que mon cerveau me joue des tours. Suis-je revenue à Storybrooke ? Ou bien... N'ai-je jamais réellement été à Boston ? J'ai mal à la tête rien qu'à essayer de discerner la vérité. Est-ce que tout n'était qu'un rêve ? Je ne suis alors jamais partie de la ville et mon départ a été un échec ? Un échec... Ou une seconde chance.

"Je vais te laisser te reposer un peu, histoire que tu reprennes des forces pour notre conversation. Il se baissa à ma hauteur. Je crois que nous avons beaucoup à nous dire, toi et moi." 

Once Upon A Time - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant