Nuit de réflexion

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Le jour suivant est arrivé. Je pensais que cela n'arriverait jamais. À cause de mon mal de crâne et de cette peur permanente d'avoir un nouveau flashback durant mon sommeil, j'ai préféré ne pas fermer les yeux de la nuit. Me voici donc assise dans un coin de ma chambre, des cernes sûrement bien démarquées sous les yeux. Un rayon de soleil venait de pénétrait dans ma chambre quand je perdais déjà espoir de le revoir un jour. C'est vraiment très long à tenir une nuit blanche. Six bonnes heures à réfléchir sur soi dans le noir.

Après ce temps destiné à me recentrer sur certaines choses, peser le pour et le contre, me poser les bonnes questions... je me rends compte que ma vie est vraiment sans dessus dessous et que j'ai de l'ordre à faire. En même temps, tout s'est passé tellement vite. Un nouvel habitant, des malaises, des souvenirs, un passé en plus... une vie en pause. Je dois choisir maintenant. Laquelle vaut la peine d'être vécue ? Celle que j'avais avant a vraiment l'air de craindre tout de même... Je me suis fait pas mal d'embrouilles avec des personnes que je n'apprécie pas forcément. Mais d'un autre côté, c'est aussi dans celle-ci que mes proches sont réunis. Si je décide de partir, de choisir la vie que j'avais prévu de me construire, l'ardoise serait totalement effacée. Je n'aurais peut-être plus jamais de contact avec eux...

Mary-Margaret, Henry... Le pêcheur que je croise parfois pendant mes balades en vélo.

Réinitialisation totale des données.

Comment suis-je censée prendre une décision aussi difficile ? Je crois ne jamais avoir eu de choix aussi importants à faire du toute ma vie. En tout cas de ce que je me rappelle. En vérité, j'avais déjà fait un choix : Je voulais quitter cette ville pour commencer des études et me focaliser dans le milieu professionnel. C'était ça le plan au départ. Mais depuis toute cette histoire je doute de plus en plus. Quand ai-je commencé à douter ? Quand Henry me suppliait de renoncer ? Quand j'ai cru rester dans ce souterrain pour toujours ? Quand Mr. Gold m'a indirectement menacé ?

Ou simplement quand ce livre de contes est apparu dans ma vie. Un livre dans lequel je ne suis même pas. Pourquoi ? Peut-être est-ce simplement un signe... Je ne devrais pas être ici. Je ne suis pas à ma place...

"Norah ? Il est l'heure de se lever !" crie soudainement une voix venant de la salle à manger.

Je reviens immédiatement à la réalité et prends conscience de mon état : je suis restée assise toute la nuit sans dormir, et je dois maintenant surveiller une classe de 20 élèves pendant 7 heures. C'est impossible que je tienne le coup jusqu'à ce soir. Je ne peux pas aller travailler maintenant.

"Je... je ne me sens pas bien." rétorquais-je maladroitement avant de m'enfourner sous la couette.

Mary-Margaret ouvre grand la porte laissant toute la lumière du jour m'aveugler.

"Comment ça ?"

Elle s'approche de moi et observe le visage pâle qui se tient en face d'elle.

"Tu n'as effectivement pas l'air en pleine forme. Ta migraine ne s'est pas atténuée.

-Je ne crois pas, non... Je devrais peut-être rester ici aujourd'hui."

Après réflexion, elle acquiesce et pars me chercher un médicament contre le mal de crâne. Cela me sera inutile, celui-ci s'étant dissipé durant la nuit blanche que j'ai passée. Je préfère tout de même jouer le jeu, ainsi je n'aurais pas à lui dire la vérité. Si je commence par le fait que je n'ai pas dormi, ça va ensuite continuer sur mes choix de vie future puis sur mes souvenirs perdus et un passé retrouvé... Elle ne mérite pas d'être mêlée à ça. Personne ne devrait le mériter.

"Tiens, avale-le avec de l'eau. Je vais en classe, préviens-moi si tu décides de sortir, même si je préfère que tu te reposes ici."

Je prends le cachet suivit du verre d'eau et m'exécute, sans un mot de plus. Je ne connais pas mes projets du jour, mais je sais déjà que je ne me reposerais pas. Pas ici. Cette nuit était de trop, il faut que j'aille prendre l'air.

Mary-Margaret s'en va après m'avoir recouverte de la couette jusqu'aux oreilles. Je ne pus m'empêcher de sourire à son geste si doux et protecteur. Depuis que je suis ici, elle a été une tutrice exemplaire pour moi. Comme une mère... Celle que je n'ai jamais eue. Mes parents biologiques auraient été tué lors d'un banal accident de voiture. Je ne sais ni comment, ni où j'étais ce jour-là. Ce que je connais de cette histoire, c'est que je me suis retrouvée sur le marché, prête à être adoptée par quiconque se proposerait. Elle l'a fait. Cette jeune femme aux cheveux noirs et courts, aux yeux marrons foncés qui supportait déjà la lourde charge d'une vingtaine d'élèves s'est occupée de moi. Je lui en étais reconnaissante. Et je pourrais toujours l'être si je ne doutais pas des faits. Maintenant que je connais la vérité, je soupçonne Regina d'avoir tout inventé. Mais mon regard ne changera jamais sur Mary-Margaret, qui qu'elle soit dans l'autre monde, je la considérerais toujours comme ma sauveuse. Et ma patronne, bien évidemment.

***

Quand midi eût sonné, je laissai un mot sur la table et me décidai à sortir. Cette chambre me rappelait trop la migraine attrapée la veille, jusqu'à m'en faire ressentir les premiers effets et il est hors de question que cela se reproduise. De plus, cette journée s'annonce ensoleillée et après avoir passé de bonnes heures dans le noir, je pense que ça me fera le plus grand bien. Sortir prendre l'air, se prendre un verre chez Granny en pensant à mes prochaines heures de travail, voilà comment devrait se passer mon après-midi. Normale. Normale.

"Normal bon sang! Ce n'est pas compliqué."

Un passant m'interroge du regard avant de s'écarter du trottoir pour tracer sa route. Je ne me rendais même pas compte que je parlais à voix haute. Si je continue ainsi, je deviendrais bientôt la folle de Storybrooke... j'en ai déjà tous les traits.

Après avoir passé commande chez Granny, installée face au bar, je lis tranquillement les nouvelles du jour en patientant que ma part de gâteau au chocolat, totalement méritée, arrive. J'ai beau essayer, rien ne m'est semblable à une journée normale. À croire que Mr. Gold m'ait vraiment maudite. Ah non, pardon, ce n'est pas lui le fautif sur ce coup-là.
Mon regard se tourne vers Regina qui menaçait un petit garçon venant tout juste de lui prendre sa place. Pauvre garçon. Son visage me dit vaguement quelque chose, il doit être dans la classe d'Henry, donc la mienne. Si ma mémoire est bonne, et je doute de ce point, son prénom doit être Nelio : cheveux blonds décoiffés avec de grands yeux marrons. Il est assez casse-cou comme garçon, mais très gentil quand il le veut.

Les yeux du maire se plongent soudainement dans les miens, ma respiration s'en bloque.

"Voici ta part, Norah." Me lance Granny avant de poser l'assiette sur la table.

Je profite de cette occasion pour ignorer le regard lancé précédemment sur la reine et m'occupe de mon gâteau. Malheureusement, je peux encore entendre le claquement des talons du maire contre le sol et ils deviennent de plus en plus fort, avant de s'arrêter près de moi.

"Je te pensais déjà partie, Norah."

Once Upon A Time - MalédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant