Sa grande sœur était là, appuyant ses deux mains entourées de bandages sur un grand bâton de bois pour tenter de tenir debout. Du sang coulait le long de sa jambe droite, et laissait entrevoir une plaie de dix centimètres de long, tandis que sa jambe gauche, qui avait viré au violet, était soutenue par deux bâtons de bois attachés grossièrement. Son visage semblait avoir noirci, et était tâché de rouge, qu'elle avait dû faire apparaître en s'y frottant ses mains blessées elles aussi. Envers et contre tout, même après être rentrée à pied en boitant, elle ne se plaignait pas, et faisait tout son possible pour rester debout. Maria courut vers elle pour venir la soutenir.
— Mythia !
Mythia Adonis avait à peine deux ans de plus qu'elle. Très avancée pour son âge, cette maturité précoce avait toujours parue très étrange aux yeux de tous, parfois même effrayante. Longtemps, la famille, inquiète, chercha à en trouver la cause, sans plus de résultat. Le matin, sans prévenir, elle pouvait partir, plusieurs heures durant, et ne rentrer que très tard le soir. Chercher à la maintenir sous surveillance ne faisait qu'attiser sa soif de rébellion et de découverte. Celle-ci trouvait toujours le moyen de s'enfuir. La plupart du temps, elle indiquait toujours à sa petite sœur où elle prévoyait de se rendre au cas où il lui arriverait malheur, mais surtout parce qu'elle ne voulait pas l'effrayer. Aujourd'hui, c'était sûrement chose faite. Maria la serra très fort dans ses bras, tout en pleurant :
— Mais qu'est-ce qui t'est arrivé ? demanda-t-elle entre deux sanglots.
Mythia sourit en pensant à ce qu'elle allait répondre, transcendant sa douleur.
— Je crois que j'ai eu chaud aujourd'hui petite sœur, répondit-elle d'une voix très affaiblie, mais tout de même légèrement amusée.
Elle ne semblait pas triste de ce qui lui était arrivé, mais cela restait tout de même terrifiant. Voyant qu'elle allait bientôt s'effondrer, et qu'elle refusait toujours de s'asseoir, Maria lui en intima l'ordre. Mythia lui obéit, puis, une fois assise, elle se mit à prendre de très grandes bouffées d'air, comme si elle s'était retenue de respirer pendant tout ce temps pour paraître moins fatiguée. Tandis que Maria se préparait à partir pour aller chercher du secours, Mythia la retint.
— Attends !
Elle se précipita de nouveau vers elle.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Maria, apeurée.
— Je crois que maman ne sera pas contente, quand elle apprendra ce qui m'est arrivé. Tu ne lui raconteras pas, pas vrai ? Je veux dire... l'endroit où j'avais prévu d'aller.
— Ce n'est que ça qui t'inquiète ?
Maria repartit aussitôt, mais se retourna un bref instant.
— Seulement si tu promets de raconter ce qui s'est passé.
Mythia émit un petit rire faible et amusé, qui la fit tousser presque aussitôt après.
— Je te le promets.
Quelques secondes plus tard, Mythia s'évanouit. La visite de Stultus fut alors reportée à plus tard. Cela importait peu en comparaison de ce qui venait d'arriver à Mythia. Celle-ci perdit la notion du temps, réalisant vaguement qu'on la transportait dans sa chambre, puis elle entendit des voix tout autour d'elle, qu'elle fut incapable de distinguer : quelques-unes lui semblaient familières, accompagnées d'une autre qui lui était étrangère. Un homme de science, sans doute...
On l'allongea dans son lit, ses blessures lui faisant toujours aussi mal. Avant, Mythia ne réfléchissait qu'à tenir debout, mais à présent, elle ne pensait qu'à la douleur.
VOUS LISEZ
ALTHÆA - T.1 - La Mère des Cendres
FantasyLe jour de sa naissance, les rois du ciel et des enfers murmurèrent son nom, redoutant le retour des cendres. La mère dévastatrice qui avait plongé la Terre plus d'un an dans les ténèbres était à nouveau parmi eux. Cependant, son retour n'était qu'u...