Chapitre 23 : La débâcle

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L'hiver s'était désormais bien installé, et tandis que la cité couleur noir charbon se faisait assaillir par un blanc manteau de neige, un mal plus profond encore vint s'emparer d'elle.

— Dépêchez-vous ! Bande d'abrutis, ces décombres ne vont pas se déblayer tout seuls ! cria Satian.

Le roi s'adressa à un garde, tout près de lui :

— Toi là ! Oui, toi, comment tu t'appelles ?

— Octave, seigneur.

— Ne me fais pas cette tête, et va dire aux autres de s'activer. On ne peut pas se permettre de rester ici une seconde de plus.

Tandis qu'il allait passer à autre chose, il se ravisa.

— Je retire ce que j'ai dit. Va aux étages supérieurs, et dis-leur de descendre. Qu'ils prennent des pics, des bâtons, des fourches, tout ce qui leur passera sous la main, et qu'ils viennent nous aider. Maintenant !

Octave sursauta.

— Mon roi, rétorqua-t-il effrayé, les bêtes d'Artémis au troisième niveau... elles sont toujours là. Même si j'arrive à les traverser, les autres...

La colère et la rage purent se lire dans les yeux de Satian, qui serra avec force le grand bâton dont il se servait pour enlever les débris contre lui.

— Dis-leur que s'ils ne descendent pas tout de suite, ce ne sont pas seulement quelques pertes qu'il y aura à déplorer, mais bien la mort d'une ville entière !

— Tout de suite mon roi, obéit-il en partant, terrorisé.

Cela faisait environ trois heures que le premier étage de Lasiar, Ratias, s'était effondré sur lui-même. Tout accès à l'extérieur était maintenant bloqué. Les immenses blocs de pierres noires qui formaient le rempart, en à peine quelques secondes, s'étaient écroulés sans raison apparente. Certains, dans le temps qui suivit, abandonnèrent tout espoir. D'autres décidèrent de se battre.

Aussitôt, ils s'étaient affairés à déblayer ces énormes blocs de roche, les cassant en morceaux la plupart du temps, pour parvenir à se frayer un passage. Comme si cela n'était pas suffisant, des monstres avaient commencé à faire leur apparition au troisième niveau, tuant tous ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Le symbole d'Artémis s'était également activé, avec à peine une heure d'intermittence. Certains refusaient encore d'y croire, et pourtant c'était vrai. La cité de Lasiar, lentement, commençait à sombrer.

— Tous à couvert ! Et vous devant, ne restez pas plantés comme des piquets ! Brandissez vos lances ! cria le roi. Le chantier est notre priorité, vous devez le protéger à tout prix !

Un énorme lion venait de faire son apparition devant eux, avec une paire d'ailes dans le dos. Plusieurs fois, les soldats tentèrent de planter leurs lances dans sa peau, sans aucun succès. Certains tentèrent de l'encercler, de le prendre par surprise par derrière, mais la peau du lion restait impénétrable.

— Incapables ! cria Satian.

Il brandit son long bâton de bois, et se positionna derrière un immense bloc de roches, formant un levier qui commençait à faire bouger la pierre.

— Sortez de là ! cria-t-il. Sortez de là si vous ne voulez pas finir écrasés !

Il appuya sur le manche, et l'énorme pierre commença à rouler tout droit dans la direction du lion, dévalant la pente qui les séparait. Ce dernier eut à peine le temps de réagir, et l'énorme bloc de roches vint s'écraser sur son dos dans un bruit épouvantable, soulevant une considérable quantité de poussière qui empêchait d'apercevoir quoi que ce soit dans un rayon de dix mètres. Les gardes autour poussèrent un soupir de soulagement, qui fut malheureusement de courte durée. À travers la poussière, ils purent entendre un rugissement.

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant