Chapitre 26 : Le secret du sixième niveau

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Les poings se serraient, la sueur perlait des fronts. Les jambes restaient figées, les regards étaient fixes. Pour certains, au coin des lèvres, un tremblement nerveux. Les portes du labyrinthe se refermaient une à une. Chaque dalle heurtant le sol raisonnait comme une nouvelle pierre venue frapper leur poitrine. Ils étaient dehors, tous, sauf un. Pour celui-ci, les secondes se transformaient en heures, rares et précieuses. La fatigue commençait à le gagner.

— Vitalis, cours ! Plus vite ! cria Thalia.

C'était peine perdue. Tandis que la plupart d'entre eux se résignaient à le voir partir, Thalia s'engagea dans le labyrinthe, venant le soutenir dans sa course. Lorsqu'elle parvint à le rejoindre, leur rythme s'accéléra légèrement. Ils y étaient presque. Dans peu de temps, ils allaient pouvoir retrouver le reste du groupe et s'en sortir. Un pas après l'autre, l'arrivée se faisait de plus en plus proche. La lumière se reflétant sur le blanc manteau de neige du dehors les appelait désespérément. À l'instant où ils allaient toucher la froideur de celle-ci, ils trébuchèrent, s'écroulant sur le sol. Thalia tendit sa main devant elle. Une personne, une seule. Pour les tirer de là, c'est tout ce dont ils avaient besoin.

C'est à cet instant qu'apparut Hadès, s'étant précipité vers la sortie du labyrinthe, après avoir défait Satian. La première chose qu'il vit fut sa fille, Firaï, tenant Cronos enchaîné par ses liens de flammes, aidée par Héphaïstos qui avait contribué à les renforcer. Il vit ensuite Mythia à leurs côtés, son cœur s'apaisant aussitôt. Perséphone se tenait aussi près d'elle. Puis son regard se tourna vers Vitalis et Thalia, tous deux à terre.

La scène se précisait. Lorsque Firaï vit apparaître son père, elle était déjà en chemin pour tendre la main à Thalia. Dans son esprit, sans aucun doute, le risque était grand pour eux, mais pas insurmontable. Leurs deux mains se rapprochaient l'une de l'autre. Indéniablement, tandis que la dernière porte se refermait sur eux, elles auraient le temps de pouvoir se rencontrer. De plus en plus proche... Pour Firaï, le même schéma semblait se répéter. La fois précédente, elle avait causé la mort sans le vouloir de deux personnes de sa famille. Aujourd'hui, elle s'apprêtait à en sauver deux autres. Le pardon paraissait si proche, si accessible. Quelques centimètres, plus que quelques uns. Elle finit même par sentir sa main effleurer les doigts de Thalia.

La poignée de main ne se fit jamais. Ils entendirent le bruit de la dalle de pierre qui atteignait le sol, puis le silence. Firaï avait été propulsée à environ cinq mètres de la porte par son propre père. Elle se releva brutalement, s'enflammant, faisant fondre la neige sous elle.

— Pourquoi as-tu fait ça ? cria-t-elle, hors d'elle. J'aurais pu les sauver ! Je n'avais plus qu'à les tirer vers nous ! À présent ils sont...

— Morts ? continua Hadès, incroyablement calme et froid. C'est sans doute ce que tu as voulu dire. Tu comprends à présent quelle a toujours été leur place. Ils n'ont jamais vécu que par ma volonté. Aujourd'hui, Cronos a été capturé, désigna-t-il son père. Les guerriers des ombres n'ont plus aucune raison d'exister. Ils retournent à leur premier état.

Firaï ne parvint pas à croire ce qu'elle venait d'entendre. Sa respiration s'accéléra brutalement.

— Où est Théophile ? Qu'en as-tu fait ?

Son regard se tourna vers Héphaïstos, puis vers Perséphone. Tous deux baissèrent les yeux.

— Satian a été transformé en monstre par un titan, répondit Hadès. Son propre a fils a dévoré son âme.

Le regard de Firaï se transforma, tout en fixant son père, horrifiée. Dans un dernier espoir, elle se tourna vers Mythia.

— Et toi ? Pourquoi restes-tu silencieuse ? Tu n'as rien à dire face au sort qu'il te...

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant