Chapitre 5 : Le choix (Partie 1)

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La nuit, c'était beau, et le feu, c'était rassurant. Il n'y avait personne, rien que le silence, et le froid du vent, qui chatouillait sa peau. Aqualis, en y repensant, c'était triste. Ce n'était que de l'eau, et l'eau rappelait les larmes que les fontaines pleuraient en permanence dans un bruit agaçant.

Une rue, deux rues, trois rues, puis il fallait tourner à droite après la fontaine en forme d'oiseau. Mais pourquoi rentrer finalement ? Pourquoi ne pas simplement écouter la nuit et oublier cette rencontre qu'elle avait faite aujourd'hui ? Oui, plus facile d'oublier. Iliès vint s'asseoir sous la fenêtre de sa maison en vieux bois, celle de la chambre de ses parents. À ses pieds, dans un coin, elle trouva un diamant : une toute petite pierre qui scintillait. « Comment est-ce qu'on a pu accorder autant de valeur à une simple petite chose ? » pensa-t-elle.

Le feu avait été allumé et éclairait faiblement l'intérieur de la chaumière. Désormais, Iliès pouvait entendre distinctement les voix de ses parents. On devinait facilement qu'ils se disputaient :

— Tu n'aurais jamais dû la traiter comme s'il s'agissait de notre fils ! cria son père.

— C'est lui, je te l'ai déjà dit. Les dieux ont écouté mes prières, ils me l'ont rendu, répliqua la mère.

Chaque détail dans sa voix la trahissait. Impossible de ne pas la reconnaître avec le timbre de folie qui la caractérisait.

— Iliès est mort, et tu le sais très bien. L'enfant que tu as trouvée devant le temple ne nous appartient pas. Il est grand temps qu'elle sache que nous ne sommes pas ses vrais parents et qu'elle soit traitée comme elle aurait toujours dû l'être, comme une orpheline ! Demain matin, elle partira ! Elle ne nous sert à rien, et nous avons déjà bien assez de mal à nous en sortir comme ça.

Iliès lâcha le diamant qu'elle tenait. Son regard se perdit dans le vide. Elle finit par recouvrir son visage de ses mains, recroquevillée sur elle-même au sol. Elle ne voulut pas en entendre plus.

Toutes ces années, elle n'avait fait que travailler pour aider ceux qu'elle croyait être ses parents, sa seule famille. Elle avait réussi à leur pardonner pour tout le mal qu'ils lui avaient fait. Mais ça, elle ne pouvait pas le supporter. N'avait-elle pas depuis toujours tout donné dans l'espoir de recevoir ne serait-ce qu'un peu de gratitude de leur part ? Ne s'était-elle pas réprimandée elle-même à plusieurs reprises de ne pas avoir été à la hauteur de leurs espérances ?

Un peu d'amour, c'était tout ce qu'elle demandait, tout ce qu'elle avait jamais pu désirer. C'est en cet instant qu'elle comprit : la seule personne sur laquelle elle pourrait jamais compter était elle-même.

Et ces gens, ces inconnus qu'elle écoutait en ce moment, n'étaient pas ses parents. Ils ne l'avaient jamais été, en aucune façon, autant par les liens du sang que par ceux du cœur. Rien d'autre que des bourreaux, la privant chaque jour de son énergie et de sa joie de vivre. Sans réfléchir, laissant ses émotions venir d'elles-mêmes, n'arrivant plus à les contenir comme elle avait toujours trouvé le courage de le faire depuis qu'elle était venue au monde, elle les laissa tout simplement se déverser en elle. Celles-ci l'habitèrent entièrement, chaque parcelle de son corps en ressentant l'effet immédiat.

Elle acceptait tout à la fois : la rage de plusieurs années de servitude inutile, la colère d'un mensonge enfoui depuis le début de sa vie, et enfin la vengeance, cette même vengeance que les dieux avaient autrefois déversée sur leurs ascendants. La douleur devint très vite insupportable, et son cœur dans sa poitrine s'embrasa d'un seul coup. Il ne s'agissait pas là d'une simple métaphore visant à exprimer sa douleur morale, mais bien de son cœur qui devenait littéralement la proie des flammes, la brûlant de l'intérieur de plus en plus fort.

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant