Chapitre 9 : Le poids des responsabilités

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8 ans plus tard, an 3140 de la cité de Lasiar.

Après le couvre-feu imposé à la tombée de la nuit, il ne devait rester plus personne, seul moment où les guerriers des ombres pouvaient intervenir. Tout le long des rues, des torches avaient été allumées. Celles-ci rappelaient la lumière qui régnait en enfer, donnant plus de force à Firaï qui ressentait la proximité des flammes. Pour l'instant, ils ne semblaient rien voir, et continuaient de monter les marches de l'Ascension des Rois, jusqu'à Noblia au neuvième étage, où ils s'arrêtèrent tous soudainement. Firaï sentit son cœur battre plus fort, les flammes s'emparant à nouveau de son corps, prête à attaquer au moindre mouvement.

— Vous les voyez ? demanda-t-elle.

— Ils sont partis à droite, répondit Thalia, qui scrutait avec attention le paysage.

— Nous n'avons personne pour surveiller ce niveau. Ils ont pu se cacher ici durant tout ce temps sans qu'aucun d'entre nous ne s'en aperçoive, remarqua Théo.

— Ils n'arrêtent pas de se déplacer. Ceux que j'ai aperçus ce matin étaient dans mon quartier, à Artémis au niveau trois, ajouta Artan.

Firaï se rendit compte de l'inutilité de se rendre en ville lorsque le soleil était encore présent. Le jour, c'était une sorte de couverture, un moyen de repérer les déplacements de l'ennemi à travers la foule en se camouflant comme un citoyen. Firaï, elle, avait fini par trouver un poste de marchande de fruits et légumes, auprès d'un paysan nommé Néarque. Un brave homme, Néarque. Paresseux, mais drôle à la fois. Cependant, tout cela n'avait jamais servi à rien.

— Comment pouvez-vous savoir où elles sont si elles se déplacent constamment ?! cria-t-elle, furieuse.

— Nous ne pouvons pas, répliqua Artan comme si ç'avait toujours été une évidence.

— Nous savons simplement qu'elles fréquentent certains endroits par préférence, et aujourd'hui elles semblaient s'être attachées à Artémis, continua Céleste.

Firaï devint en proie à une grande frustration. Comment pouvaient-ils surveiller toute la ville s'il restait encore trois pièces vides dans leur palais de l'Érèbe, sans compter le niveau six qui restait toujours inhabité à Lasiar ? Hadès aurait dû songer à combler ce vide dès le départ.

— Où sont-ils ?! rugit-elle.

Théo, Thalia et les trois frères se regardèrent tour à tour, puis se mirent soudain à courir. Firaï les suivit aussitôt, surprise, mais réagissant vite. Ils tournèrent à plusieurs reprises, ne semblant suivre aucune logique particulière à travers les ruelles escarpées et sombres, accélérant toujours le pas. Rapides, pensa Firaï. Elles étaient incroyablement rapides.

— On les a presque ! signala Vitalis qui s'acharnait à ne pas échouer, accompagné de ses deux frères.

Subitement, les cinq s'immobilisèrent, en formant un cercle.

— C'est le moment Firaï ! Tu n'as plus qu'à tirer au centre !

Tant que les guerriers des ombres formaient une ronde, l'ombre ne pouvait plus s'échapper. Firaï eut un temps d'hésitation avant de lui mettre les chaînes de flammes, petit temps qui aurait pu paraître anodin. Trois secondes, pas plus. Trois secondes, c'était vraiment très peu. Mais les petites choses peuvent parfois se révéler être d'une grande importance.

— Qu'est-ce que vous faites ? retentit une voix derrière eux.

Un homme était apparu à leur insu : un simple citoyen comme il y en avait tant, sorti dans la nuit, réveillé par le bruit. Firaï resta sans voix, pétrifiée. Elle savait parfaitement quel sort il allait falloir lui réserver. Il les avait vus. Il ne pouvait pas continuer de vivre. Une boule de feu apparut dans le creux de sa main. Cependant, elle ne bougea pas. Un souvenir bien trop pénible avait refait surface ; celui d'une maison brûlée, consumée par les flammes, deux personnes mourant à l'intérieur : son œuvre à elle il y avait huit ans de cela.

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant