Chapitre 24 : L'eau et le feu

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— Hadès, nous n'avons pas le choix ! Il faut y retourner, demanda Mythia.

— C'est trop dangereux, répondit-il. La ville entière menace de s'effondrer. La dernière fois que j'y suis allé, le piège de Siansa s'était déjà activé. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que les autres ne fassent de même.

Tous les guerriers des ombres restants se tenaient dans le Champ de Vérité, Hadès tournant en rond depuis bien deux heures, Perséphone l'observant avec appréhension. De leur décision dépendrait la survie d'une civilisation, l'évitement de la fuite des titans à travers le vaste monde.

— Les ombres sont toujours là-bas, père, finit par dire Firaï. Je suis de l'avis de Mythia. Nous devons y retourner, ne serait-ce que pour tenter de finir le travail que vous nous avez confié il y a des années de cela. Je sais que je ne vous décevrai plus cette fois-ci.

Perséphone intervint, songeant qu'elle agissait contre ses propres intérêts, mais peu importait à présent. Certaines choses devaient être faites, et elles seraient faites. Elle vint poser sa main sur l'épaule d'Hadès, en signe de confiance :

— Si tu ne fais rien aujourd'hui, dit-elle, Cronos viendra les reprendre d'une manière ou d'une autre, et là, tu les perdras. Tu sais que c'est vrai. Une fois que Lasiar sera détruite et qu'il sera parti, son pouvoir s'agrandira. Il reformera son armée, attendant patiemment dans l'ombre le moment opportun.

À ces paroles, le visage du dieu des morts s'assombrit. Il s'assit en soupirant, puis ferma les yeux avec insistance. Ses pensées se bousculaient dans sa tête jusqu'au point où il fut incapable d'en discerner aucune. Résigné, il finit par prononcer ces mots :

— Qu'il en soit ainsi.

Quelques minutes plus tard, tout le groupe se retrouva dans le gouffre qui menait à la forêt d'Althæa, accompagnés de Thanatos et Macaria qui étaient venus les rejoindre. Sûrement se doutaient-ils déjà de la quantité de travail qui les attendaient, face au nombre de morts qui se trouvaient là-bas.

— Tout le monde est prêt ? demanda Hadès, comme s'il espérait secrètement dans sa question qu'ils aient changé d'avis.

— Oui, répondit Stultus, tremblant sans parvenir à le cacher.

— Tu peux y aller, confirma Mythia, lui tenant fort la main.

Tandis qu'il se tournait vers elle pour la regarder, il actionna un levier et les monstres enfermés dans le Tartare purent aussitôt entendre claquer le fouet sur leur chair, tirant sur des cordes, actionnant des engrenages qui vinrent peu à peu les faire remonter tous ensemble vers la surface. Désormais, il n'y avait plus de retour en arrière possible.

Leur ascension s'arrêta, et ils se dirigèrent en hâte vers la fin de la forêt. Au delà des champs, au loin, tout le groupe put apercevoir la cité de Lasiar, en proie au cataclysme, avec son premier étage entièrement effondré sur lui-même.

— Ça a déjà commencé, murmura Mythia. La chute...

Un flash lui traversa l'esprit : l'image d'une ville en ruine aux murs noirs, au sommet d'une montagne. La cité était déserte, à moitié détruite, grande, imposante. Un pincement lui vint au cœur.

— Je me souviens... murmura-t-elle. Le Mont Othrys, la cité des titans.

Hadès se retourna vers elle, un sourire en coin. Confirmant définitivement son identité, elle commençait à se rappeler de sa vie passée. C'est alors qu'ils aperçurent un paysan qui courait dans leur direction, terrifié.

— Fuyez ! cria-t-il. Fuyez tant qu'il en est encore temps !

D'autres suivirent courant à vive allure, venant plonger tout droit dans la forêt, mais il n'était qu'un seul endroit où ils pouvaient se retrouver. Stultus se rapprocha de Mythia :

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant