Chapitre 14 : Un destin fatal

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Le matin. 8H00.

Quelque chose de chaud, de nouveau vint lui effleurer le visage. Les premiers rayons du soleil pénétrèrent dans la chambre de Mythia à travers la fenêtre. Les nuages commençaient à peine à recouvrir le ciel, annonçant la pluie pour la fin de la journée.

La douleur était revenue, brutale, violente. Ces derniers temps, elle ne la quittait plus. Quelque part, là, sous les draps, brûlaient avec vigueur les traces de ses vieilles blessures. Que d'erreurs dues à l'ignorance de ceux qui se faisaient appeler « savants ». Mais après tout, comment pouvait-il savoir, ce si gentil homme de science qui l'avait soignée ? Dans sa jambe droite était resté un petit bout de roche. Lorsque celle-ci avait été projetée contre un mur, il y avait bientôt deux ans, l'infection n'avait pas cessé de se répandre.

Mythia souleva lentement les pans de sa chemise de nuit, et réprima une grimace. Son mal se propageait de plus en plus rapidement. Les veines apparentes en révélant la trace remontaient lentement le long de sa jambe puis de sa hanche, pour venir atteindre sa poitrine. « Bientôt, mon cœur lâchera », désespéra-t-elle.

Toutes ces recherches, ces quêtes faites en vain pour la liberté, elle n'étaient pas pour elle. Peut-être au départ sans doute, lorsqu'elle avait encore l'occasion de nourrir l'espoir d'une guérison. À présent c'était inutile. C'est ainsi que, mis à part la douleur physique, pour la première fois depuis longtemps, elle était en paix. Maria allait vivre, et c'est tout ce qui importait, tout ce qui avait la moindre valeur. Puis soudain :

— Mythia, réveille-toi, il faut que je te parle !

Cassia était plus enthousiaste que jamais. Sans doute voudrait-elle mettre aujourd'hui son plan à exécution, pour la voir monter sur le trône. Le jour des mémoires, encore une fois, avait retenu son attention. Cette fois-ci, Mythia n'avait plus aucune raison de s'opposer à la volonté de sa mère. Pourquoi ne pas faire plaisir à ceux que l'on aime, avant que tout soit fini ? Encore vêtue de sa tenue de nuit, et à travers tous les discours interminables de Cassia, elle n'entendit que quelques mots se détachant des autres :

— Voudras-tu faire ça pour moi, Mythia ?

Elle répondit par un sourire, cachant un profonde tristesse :

— Oui, mère.

Cassia rit, débordant de joie. Mythia eut du mal à se souvenir de la dernière fois qu'elle l'avait vue ainsi, car peut-être n'y avait-il jamais eu de première fois.

10h00.

Mythia se retrouva dans les rues de Tessi, Maria à ses côtés. La joie qu'elle espérait retrouver sur le visage de sa sœur avait été remplacée par une expression sévère, contrariée, rongée par la réflexion. Celle-ci commença à avoir un vague aperçu du problème lorsqu'elle brisa son silence.

— Ton pas me semble plus lent que d'habitude, Mythia.

— Simplement parce que je ne cherche plus à marcher aussi vite que toi, répondit-elle.

Sans que Maria s'en rende réellement compte, elle l'entraîna vers une ruelle à l'écart, et se mit face à elle, retrouvant la même expression de remontrance que Maria avait connue pendant son enfance. Mythia se caressa le menton, regarda un instant au sol, puis releva la tête, déterminée.

— Et maintenant, petite sœur, tu vas me dire tout ce que t'a raconté Etirev.

Elle balança sa pensée, d'un seul coup, comme un sac de sable :

— Tu vas mourir.

— Oui, répondit-elle mécaniquement.

Le visage de Maria se ferma. Pour la première fois depuis longtemps, son sourire disparut. Ses yeux devinrent rouge. Une larme roula sur sa joue, puis une autre. Elle se mit à pleurer, brisant la promesse qu'elle lui avait faite lorsqu'elle était enfant.

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant