*Chapitre 3*

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- Allons ma chérie, tu sais aussi bien que moi que cela ne faut pas la peine d'être en colère contre nous, me répond-t-elle. Ton père est très sensible sur ce sujet et tu n'arrêtes pas de le provoquer à ce propos. Comment peux-tu ensuite espérer entretenir une bonne relation avec lui ?

- J'ai arrêté d'espérer pour cela il y a longtemps, lui dis-je d'un ton colérique. Mon propre père n'éprouve aucune affection à mon égard et tu le sais. Mais malgré tout ça, tu trouves toujours moyen de prendre sa défense ! Mais moi dans toute cette histoire, est-ce que je pourrais compter un minimum ! Tes moindres désirs et ceux de mon père sont toujours exécutés à la lettre ! Mais moi, on s'en fiche de ce que je veux ! Tu ne prends même pas la peine d'essayer de me faire plaisir ! Tout ce que je veux c'est pouvoir sortie à l'extérieur de cette foutue prison! 

- Nous avons déjà eu cette discussion Lucy et tu connais très bien ma réponse ! Alors fait-moi le plaisir d'arrêter ce caprice tout de suite avant que cela ne dégénère ! Je voudrais aussi que tu m'écoutes à propos-

- Non ! m'exclamais-je fortement. C'est toi qui vas m'écouter ! Je veux sortir à l'extérieur de cette foutue prison ! Je veux pouvoir découvrir le monde qui tu m'empêches d'explorer depuis ma naissance ! J'en ai assez d'errer dans cette immense maison comme un fantôme. Je veux vivre une vraie vie.

- Mais pourquoi vouloir aller découvrir le monde quand tu as tout ce qu'il te faut ici ! ma mère s'écrie en écartant les bras pour désigner l'énorme bibliothèque qui se trouvait dans ma chambre. Et puis le monde extérieur est dangereux ! Tu pourrais te blesser ou pire ! Je doute que tu sois en mesure de survivre même une seule journée... Je ne veux même pas imaginer combien il y a de sauvages à l'intérieur qui pourraient s'en prendre à toi, ma précieuse fille.  

- Tu ne comprends rien n'est-ce pas ? lui demandais-je en chuchotant. Je veux avoir la possibilité de me faire des amis, je souhaite essayer de vivre comme une adolescente normale. Je veux découvrir ce que c'est de vivre sans toutes ces robes bouffantes ou toutes les règles de politesse que j'ai dû apprendre quand j'étais jeune. Et puis qu'est-ce qui te dis que je ne m'en sortirais pas très bien ? Qui te dis qu'un malheur va m'arriver ? Rien. Et tu n'auras jamais des réponses à tes questions à moins de me laisser essayer. 

- Es-tu sûre que c'est ce que tu veux vraiment ? N'aimerais-tu pas plus un nouveau cheval à la place ? me demande ma génitrice qui soupire en me voyant hocher la tête de haut en bas. Soit alors. Je ne pourrai pas te protéger infiniment de toute façon. Tu pourras sortir découvrir le monde. Mais je souhaite que tu rentres dormir tous les soirs à la maison et que tu sois très prudente. Également, tu devras respecter quelques conditions. Cela te va-t-il ?

- Je suppose que je n'ai rien à perdre. Et écouter ce que tu as à me proposer ne devrais pas me faire de mal non plus.

Pendant que je donnais ma réponse à ma mère, je vis Virgo s'éclipser silencieusement de ma chambre pour nous laisser discuter en paix. Un peu tard pour cela puisque notre discussion était presque terminée, mais bon, elle voulait bien faire. Elle m'indiqua également qu'au moindre problème qu'elle serait juste de l'autre côté de la porte. Je soupirais, rester seule avec ma mère était bien la dernière chose que je voulais. Sans témoin, son discours pouvait complètement changer. 

- Premièrement, j'aimerais que tu arrêtes de mettre ton père en colère. Car sinon, j'ai bien peur que les meubles ne survivront pas encore longtemps, me dit-elle en rigolant. Ensuite, il te sera interdit d'aller dans les endroits mal fréquentés et tu devras absolument informer un domestique à chaque fois que tu sortiras. Pour terminer, ta présence sera requise au bal que le roi donne à son château demain soir.

- Dis-moi que la dernière exigence n'était qu'une farce s'il te plait ? lui demandais-je avec espoir.

- Bien évidemment que non. Le roi t'apprécie beaucoup et ta présence lui fera grandement plaisir.

- Mais maman ! Je m'en fiche du bonheur du roi ! Les soirées qu'il organise sont si ennuyantes ! De plus, je n'ai pas le moindre envie de croiser mon cousin qui sera très certainement présent.

- Veux-tu oui ou non avoir le droit de sortir ? me demande ma mère un léger sourire en coin, connaissant déjà ma réponse.

- Très bien, marché conclu, soupirais-je en pensant déjà au calvaire que je devrai endurer demain soir.

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Le lendemain soir

Nous y voilà, je vois tranquillement apparaître mon pire cauchemar dans mon champ de vision. Le château du roi est éclairé par le clair de lune et on peut également apercevoir des lumières allumées un peu partout dans la cour pour nous éclairer le chemin. Je pense avoir pris au moins deux bonnes heures à me préparer pour ce stupide bal. Après avoir essayé une bonne trentaine de robes toutes plus étouffantes les unes que les autres, me faire et refaire coiffé par mes domestiques qui n'étaient jamais satisfaites de ma coiffure et passé au moins cinq fois sous l'œil critiqueur de ma mère, j'étais enfin prête à partir. Bien que cela n'aurait pas été si grave si nous avions raté cette soirée. Et puis si cela n'aurait tenu qu'à ma simple personne, je serai venue en pantalon et en chemise. Histoire de bien choquée tout le monde. 

 Notre carrosse s'arrêta dans un léger mouvement brusque, ce qui interrompit la discussion de mes parents. Comme à mon habitude, j'avais bien fait attention à ne pas regarder mon père de tout le trajet. L'atmosphère avait donc été des plus lourdes et j'aurais tout donné pour pouvoir aller m'asseoir avec le coché. D'ailleurs, en parlant de celui-ci a ouvert la porte à côté de moi et il me tend désormais sa main pour m'aider à descendre de notre somptueux carrosse fait de bois vernis. Mes parents et moi montions lentement les marches de l'entrée principale pendant que les gardes nous ouvraient les grandes portes de chêne de la demeure du roi de Fiore. Des soldats étaient même poster en peu partout dans le but d'assurer la protection de tous. Je me retiens d'ailleurs de soupirer lorsque la plupart s'inclinèrent respectueusement au passage de mon père. Mon paternel n'avait rien d'important ou de prestigieux à mes yeux. 

Bien évidemment, comme je m'y attendais, le temps passait aussi vite que la vitesse d'un escargot. Cela devait faire environ trente minutes que nous étions arrivés et je m'ennuyais déjà. De plus, l'insistance des jeunes hommes envers ma personne avait tout pour me faire perdre patience. Depuis le début de la soirée, j'avais dû refuser au minimum une vingtaine d'invitations de garçon se pensant tous supérieurs aux autres personnes présentent dans cette salle. Les garçons avec un ego surdimensionné ne m'intéressaient pas. C'est donc pour cela que je fus grandement soulagée lorsque j'attendis enfin un domestique annoncé l'arrivée de la seule personne qui me comprenait vraiment.

- Veillez maintenant faire la révérence pour accueillir sa Majesté, le roi Skiadram ! Je voudrais également des applaudissements pour son fils, le prince Rogue ainsi que pour sa fille la princesse Yukino ! 

Fille de noblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant