Fille de nobles

*Chapitre 32*

Je me tenais toujours à la table, tentant de retrouver un rythme cardiaque plus ou moins normal. Aucun de mes amis ne semblait avoir remarqué mon soudain malaise, trop occuper à s'insurger sur ce que Grey venait de leur apprendre. D'ailleurs, ce dernier reprit rapidement la parole:

- Sur l'affiche, cela dit que la famille Heartfilia convie tous les garçons issus de familles nobles à un grand bal dans le but de trouver l'époux idéal pour leur fille. Cet événement important se déroulera dans une semaine, au manoir Heartfilia. Autrement dit, ce sera l'occasion idéale se s'infiltrer dans la maison sans se faire remarquer.

À peine Grey avait-il terminé sa phrase que les conversations s'entremêlèrent entre elles. Certaine était déjà l'élaboration d'un plan, d'autres étaient des questions me concernant alors que les dernières étaient plutôt des injures à mon égard. Dans les interrogations qu'ils se posaient, je pouvais ressentir toute la haine que mes amis éprouvaient envers les nobles. Envers ma famille. Envers moi.

- Je ne comprends pas! Je ne comprends définitivement pas! s'écria Gadjeel. Depuis quand cet enfoiré de Jude Heartfilia a-t-il une fille?

-  Aucune idée, lui répondit Erza. Mais, ce que je trouve surprenant, c'est que nous n'ayons pas appris son existence plus tôt.

Et c'est ainsi que mes amis continuèrent, insultant la personne que j'étais sans même me connaitre réellement. Sans même se rendre compte que cette jeune fille se trouvait seulement à quelques mètres d'eux. Sans jamais ne réfléchir qu'une seule petite seconde aux peines que j'avais endurées à force de vivre dans la même maison que mon paternel.

 Pour eux, une personne noble ne possédait aucune bonté, seulement une méchanceté infinie. Alors, toutes les injures qu'ils lançaient à l'encontre de cette personne me donnaient l'impression qu'un poignard de plus s'enfonçait dans mon organe vital.

Récemment, mes amis avaient commencé à avoir l'espoir de pouvoir prendre Magnolia aux mains des nobles. D'enfin faire cesser le joug cruel qu'exerçaient les personnes riches sur les pauvres. Alors, de leur point de vue, la nouvelle héritière Heartfilia n'était qu'un nouvel obstacle en plus qui s'ajoutait à leur problème. Malheureusement pour moi, aucun obstacle ne résistait longtemps à Fairy Tail.

- De toute façon, dit posément Natsu, héritière ou pas, nous n'aurons que nous en débarrasser en même temps que ses parents. Pas besoin de se compliquer la vie pour un détail aussi futile.

  Les autres approuvèrent fortement ses dires, mais tout cela me parut fort lointain. À la fin de sa phrase, mon cœur s'était serré dans ma cage thoracique, mes mains avaient commencé à trembler et mes jambes à flageoler. Une immense triste m'envahit et j'eus soudainement de la difficulté à respirer. Je devais sortir d'ici, et vite.

Doucement, je m'éloignais du groupe et me dirigeais vers la sortie. Je remontais les escaliers quatre à quatre, arrivant rapidement au rez-de-chaussée. Bousculant les quelques rares clients qui se trouvaient sur mon passage, je me précipitais vers les grandes portes du bar que j'ouvris en grand.

Une fois à l'extérieur, je laissai mes pas me guider, me menant je ne sais où. Je gardais la tête basse, ne voulant pas que les passants remarquent les larmes qui commençaient à perler au coin de mes yeux. Mais, de légères perles salées commencèrent rapidement à dévaler mes joues.

Je m'arrêtai quelques instants de marcher et j'essuyai mes larmes d'un revers de la main. Je me remarquai alors que je me trouvais dans un parc avec un grand cerisier. Je me dirigeai vers celui-ci et me laissai glisser le long de son tronc. Et là, je fis enfin éclater ma peine. Des torrents de larmes dévalèrent mes joues, allant s'écraser sur le tissu rêche de ma chemise.