Fille de nobles

*Chapitre 40*

Le couteau traversa l'air alors que tous les regards suivaient sa trajectoire afin de voir qu'elle serait sa destination finale. J'avais l'impression que le temps avait ralentie et que tous retenaient leur respiration. J'avais agi d'instinct et je ne regrettais rien. Mes parents, qui se tenaient de chaque côté de moi, me fixait les yeux écarquillés de surprise. Mon père n'arrêtait pas d'ouvrir et de fermer sa bouche, trop abasourdi pour contrôler sa mâchoire. Ma mère, quant à elle, avait les deux mains plaquées contre sa bouche et tremblait comme une feuille. Je pouvais facilement comprendre qu'ils étaient sous le choc d'avoir vu leur fille sortir une arme de nulle part puis la lancer comme s'il s'agissait d'un geste banal. 

Puis, le temps sembla reprendre son cours normal. Le couteau traversa la corde pour ensuite aller se planter dans l'une des poutres de bois de la guillotine. La lame tranchante stoppa subitement sa course vers le bas, s'arrêtant à une vingtaine de centimètres de la nuque de Natsu.

Dans les secondes qui suivirent, plus personne ne bougea d'un poil. Secondes qui furent profitables à Natsu, qui d'un coup sec, parvient enfin à briser ses liens. Les prises des défenseurs du roi s'étant ramollis sur son corps, il n'eut qu'à se débattre et donner quelques coups de coudes pour se redresser et se retrouver sur ses deux pieds. Les rares gardes présents sur l'estrade, se trouvant toujours dans une incompréhension la plus totale, n'eurent pas le temps de réagir que  mon ami aux cheveux roses les mit rapidement hors d'état de nuire. 

Cependant, je n'eus jamais la chance de voir ce qui se passa par la suite. Avant de lancer mon arme de jet, j'avais été tellement préoccupé par la situation de Natsu que je n'avais pas réfléchie à ce qui pourrait m'arriver à moi une fois que j'aurais lancé mon couteau. Mais il était maintenant trop tard pour réfléchir aux conséquences de mon acte.

Je sentis deux mains de poser brusquement sur mes épaules. Je me tournai vers ma mère qui se mit à me secouer d'avant en arrière tout en me hurlant :

- Mais pourquoi diable as-tu fait cela Lucy?! Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête?! Pourquoi as-tu sauvé l'un des pires criminels de notre ville?!

- Pensais-tu vraiment que j'allais laisser une personne mourir à cause d'une loi stupide qui est en train de détruire notre royaume? demandais-je calmement à ma génitrice qui cessa de me bousculer d'un côté à l'autre. Croyais-tu vraiment que j'étais prête à supporter le poids de la mort de l'homme que j'aime sur mes épaules. Je ne pourrai jamais au grand jamais vous laisser m'enlever mes amis devant mes yeux sans rien faire, lui chuchotais-je à l'oreille avant de reculer d'un pas.

Les mains de ma mère glissèrent de mes épaules pour ensuite retomber mollement de part et d'autre de son corps. Je regardai par-dessus mon épaule pour croiser le regard de mon père. Je pouvais voir dans ses yeux toute la haine et le dégoût qu'il me portait à cet instant. Je n'eus le temps que de lui adresser un sourire moqueur avant de me sentir brusquement plaquer contre le sol.

Des gardes avaient accouru dans ma direction pour ensuite me foncer dessus et m'immobiliser contrer la pierre froide de la grande place. Mes poignets furent attachés ensemble à l'aide d'une corde alors que plusieurs mains me maintenaient afin que je ne puisse faire le moindre mouvement. On me fouilla rapidement et retira mon second couteau de ma botte. Je relevais péniblement la tête, encore sonner par ma chute, et croisai le regard de Juvia. J'articulai difficilement « Partez» à son intention. La dernière chose que je pus voir avant que l'on me fasse perdre connaissance avec un coup dans le cou fut le regard hésitant de mon amie avant qu'elle ne me tourne le dos et parte en courant. 

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PDV Natsu

Je ne devais pas plus m'attarder sur l'estrade. Par chance j'avais réussi à maîtriser les gardes se trouvant sur celle-ci assez rapidement. Je ne savais pas trop ce qui s'était passé exactement. Je savais juste que j'avais fermé les yeux et que je tentais encore vainement d'essayer de briser mes liens. Je m'étais alors mis à prier me que ma mort se passe vite et que les autres puissent s'en sortir lorsque j'avais entendu la lame de la guillotine débuter sa chute mortelle. Cependant, la mort n'était jamais venue. J'avais alors ouvert mes paupières et tournai du mieux que je pus ma tête vers le haut pour voir que la lame était arrêtée à quelques centimètres de mon visage. Avec un dernier espoir je donnais un coup de poignet sec qui brisa enfin la corde.

Enfin bref, je demanderai des explications aux autres plus tard. Le plus important était maintenant de fuir. Je remarquai alors un couteau planté dans le bois de la guillotine. Je m'en emparai pour ensuite coincer la lame entre mes dents. Je mis mes mains sur la rambarde de l'estrade et d'un bond passai par-dessus celle-ci. J'atterris souplement sur le sol avant de commencer ensuite à courir vers le bruit des combats qui m'était perceptible. 

Je trouvai rapidement au travers de la foule Erza et Grey qui repoussaient chacun un garde à l'aide d'épées qu'ils devaient avoir préalablement volé à d'autres gardes. De ce que je pouvais voir, mes deux amis ainsi que d'autres membres de la Guilde qui avaient trouvé des armes retenaient les gardes afin de donner le plus de temps possible à ceux ayant plus de difficultés à se défendre. Je me dépêchai donc de leur donner un coup de main. 

Après encore quelque temps, Erza cria le plus fort qu'elle pouvait tout en repoussant un garde qui fonçait dans sa direction :

- Ils sont de plus en plus nombreux! Il faut partir maintenant où notre fuite ne sera plus possible!

En effet, on pouvait remarquer le nombre grossissant de gardes au travers de la foule te celui diminuant de personnes faisant partie du peuple. Nous hochâmes alors tous la tête et partîmes tous dans des directions différentes. Pendant ma course, je mis un point d'honneur à blesser chaque garde qui avait le malheur de croiser ma route. Ils allaient payer pour ce que nous avions subi en prison. Tous. Et cette fois, ils étaient hors de question d'échouer. Ce serait tout ou rien. Notre liberté ou notre mort.