*Chapitre 36*

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Et encore une fois, j'eus l'impression que mon monde s'écroulait. La pendaison. Ce mot, cette sentence, tournoyait sans cesse dans ma tête. La panique me gagnait à petit feu. Cela ne devait pas se passer comme ça. Ils étaient supposés réussir. Pas mourir. Je ne l'acceptais tout simplement pas. Ces personnes étaient devenus ma famille. Et il était hors de question que je les perde. Le problème, c'est que je n'avais aucune idée de comment je pourrais les sortir de ce pétrin. Nous étions entourés de gardes, eux encore plus. De plus, le manoir était un vrai labyrinthe pour des personnes ne connaissant pas le manoir. L'idée de nous séparer s'évapora aussitôt. Second problème, ils étaient très nombreux. Trop pour réussir à fuir les gardes en moins de trois secondes et beaucoup trop pour espérer semer les gardes. Je ne savais pas quoi faire, la panique me gagna davantage. 

Devant moi, mon père ordonna que l'on enferme mes amis au cachot du manoir en attendant l'arrivée du jour fatidique. Je me mordillais la lèvre. Il ne me restait plus beaucoup de temps. Mais même si le temps pressait aucune idée de génie, aucune solution miraculeuse ne me venait à l'esprit. Seulement le vide et un énorme sentiment de détresse.

Et alors, dans le désespoir le plus total, j'allais m'élancer vers l'avant. J'allais courir jusqu'au roi et à mon père et les supplier de les épargner. Au risque d'en payer les conséquences. Mais avant que je n'aille le temps de faire le moindre mouvement, deux mains attrapèrent vivement mes poignets, me stoppant brusquement. Je tournai la tête et croisai le regard de Loki qui m'indiquait que ce n'était clairement pas le bon moment pour me mettre ma famille à dos.

Mais peu importait ce que mon ami aux cheveux roux désirait. Pour moi, le plus important était de sauver mes amis avant qu'il ne soit trop tard. Je commençai donc à me débattre, tentant de sortir des bras de Loki qui m'avait collé contre son torse, celui-ci se doutant fortement que je n'avais aucune intention de l'écouter.

Et pendant que mes compagnons se faisaient sortir de la pièce, je me débattais comme une sauvage dans les bras de mon ami et m'éloignait de ma famille. Puis, quelques secondes avant qu'ils ne quittent mon champ de vision pour de bon, je croisai un regard onyx que me chamboula, toujours tirer par le rouquin qui me fit rapidement quitter la pièce, me traînant jusqu'à ma chambre.

Une fois rendu dans celle-ci, je ne pus arrêter cette petite voix dans ma tête qui me répétait que tout était de ma faute, que j'aurai dû leur révéler la vérité plus tôt, que j'aurai dû agir faire quelque chose n'importe quoi. Cette petite voix qui me disait ce qui me semblait maintenant une évidence : Tu es faible.

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Malgré toutes mes veines tentatives, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Mes yeux restaient grands ouverts et des milliers de pensées tourbillonnaient dans ma tête. La cause de mon insomnie était simple et facile à trouver. Dans à peine quelques heures, ils allaient mourir. Chacun leur tour, mes amis passeraient à la guillotine et j'assisterais à chacune de leurs morts. Avec impuissance, je serai contrainte de regarder la vie quitter leurs yeux qui étaient autrefois remplis de tant d'espoir. Pendant ce temps, je mourrai à petit feu, les regardant m'abandonner dans ce monde cruel qu'ils avaient essayé de modifier.

J'essuyai d'un geste brusque les larmes qui avaient commencé à dévaler mes joues. Pourquoi est-ce que la vie était-elle aussi injuste? Pourquoi est-ce que c'était les vraies bonnes personnes qui quittaient toujours ce monde beaucoup trop tôt? Pourquoi étais-je aussi impuissante? Je n'en savais rien. Je ne pus donc pas empêcher le sentiment d'inutilité qui m'habitait de me serrer davantage le cœur. Et au fond, l'incapacité de faire quoi que ce soit que je ressentais ne faisait qu'augmenter ma colère envers moi-même. Je savais que j'avais fait d'énormes progrès depuis que j'avais rencontré Erza, Mirajane et les autres membres, mais je ne pouvais m'empêcher de réfléchir au fait que si j'avais été plus forte, plus puissante, que rien de tout cela ne serait arrivé.  Mais même si j'éprouvais des remords, il m'était impossible de retourner dans le passé, je devais aller de l'avant. Continuer d'avancer pour mon futur. Je savais que si je voulais un beau futur je devais les avoir à mes côtés. Tous. J'avais besoin d'eux. De mes amis. De ma famille.

C'est donc avec une détermination nouvelle que je sortis précipitamment de mon lit et enfilai en vitesse un pantalon en dessous de ma chemise de nuit. Je devais faire vite. J'attrapai vivement un des poignards que j'avais caché dans mon armoire avant de m'élancer rapidement dans le couloir et cela sans avoir fait le moindre bruit. 

Depuis l'arrestation de mes amis, j'étais confinée dans ma chambre. Selon mon père, puisque nous gardions des dangereux criminels dans nos cachots, il était plus sécuritaire que je reste dans ma chambre en permanence. J'avais eu beau rester enfermer que deux jours, depuis que j'avais pris goût à la liberté, demeurer dans la même pièce plus d'une heure était devenue un vrai calvaire. À quelques exceptions près.

Enfin bref, j'étais maintenant rendue devant l'infirmerie. Les bougies éteintes me prouvaient que personne ne s'y trouvait, mais je devais tout de même me dépêcher. Attrapant un sac qui se trouvait dans une armoire quelconque, je m'empressai de le remplir de toutes sortes de matériels médicaux qui pourraient m'être utile. Mais des bruits de pas m'arrêtèrent dans ma récolte. Rapidement, je me jetai sous un des lits présents dans la pièce et je ralentis ma respiration.

Une petite lueur jaune se fit rapidement apercevoir, puis ce fut des pieds qui entrèrent dans mon champ de vision.  La personne, que je soupçonnais être l'infirmière, farfouilla pendant quelques instants dans les étagères avant de s'arrêter. Si je me fiais à ses jambes que je voyais dans le coin gauche de la pièce, elle devait être très près de l'armoire que j'avais complètement quelques secondes auparavant. Mais rapidement, et à mon plus grand soulagement, celle-ci quitta la pièce sans rien avoir remarqué d'étrange. 

J'attendis encore quelques instants avant de sortir de ma cachette. Je ne voulais pas prendre le risque de tomber nez à nez avec la soigneuse au tournant d'un couloir. Mais maintenant que j'y réfléchis, je n'avais pas encore croisé un seul garde malgré leur ronde répétitive dans les couloirs du manoir. Je ne portai pas plus attention à ce détail avant de m'élancer de nouveau dans les dédales de ma maison, direction la porte menant aux cachots.



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