Fuis Moi Scarlet ( Terminé)

Chapitre 7

Scarlet

J'ai craqué lors de la fermeture du cerceuil . J'étais pourtant fière de moi ! J'avais résisté à la vue d'Adam se recueillant lorsque j'étais arrivée. J'avais réussit à l'ignorer. J'ai fais comme si il n'existait pas. Il m'avait fallu deux jours d'intense motivation pour parvenir à me blinder et à récupérer de ses menaces . Il voulait que je quitte Aix en Provence , du moins souhaitait-il que je dégage de chez moi . Je ne sais pas où il veut en venir . Je vivais avec Paul depuis trois ans . Nous n'avions pas d'union déclarée par pacs , ou testament . Je pense qu' Adam a prêché le faut pour savoir le vrai mais qu'il compte bien obtenir ce que la loi française lui permet d'obtenir en héritage direct .
Au funerarium , sa mère m'a profondément choquée et blessée. Se pencher sur le cerceuil et embrasser Paul , était on ne peut plus déplacé ! Comment a t-elle osé !
Non seulement son fils me tyranise mais elle se permet des privautés qu'une ex- femme sensée n'oserait faire ! Je suis révoltée. Chacun doit rester à sa place et surtout dans des moments pareils !
Heureusement Jean Pierre , un ami de longue date de Paul était là pour me soutenir quand j'ai craqué. Ces deux là s'entendaient comme larron en foire ! Souvent une visite rapide en fin d'après midi , se transformait en un dîner où ils refaisaient le monde . L'absorbtion de digestifs divers et variés , deliait les langues et je me rappelle avec nostalgie leurs échanges musclés.
La cérémonie touche à sa fin . Les fossoyeurs vont pouvoir fermer la sépulture. C'est fini. Paul s'en est aller.
Une merveilleuse page de ma vie se tourne . Je regarde un à un les personnes qui commencent à se retirer . Je ne compte plus le nombre de condoléances reçues ni les embrassades de ces inconnus. Adam a soutenu sa mère pendant toute la cérémonie. La famille m'a esquivé , les amis de Paul m'ont réconforté . Deux clans distincts qui auraient dû se rassembler plutot que de prendre partie . Voilà l'adieu auquel mon homme a eu droit . Des idiots ignorants et des connaissances qui m'oublieront rapidement.  Je suis sur le point de regagner ma voiture lorsque j'entends Adam m'interpeller .

- Scarlet ! Attendez !

Je me retourne . Je suis lasse . Adam me rejoind . Dans son costume noir et chemise blanche , il est superbe . Ces yeux dorés , un peu rougis par la peine me fixent . Je ne me carapace pas . Je n'en ai plus l'energie . J'attends le pique ou l'insulte .
Contre toute attente , Adam me sourit .

- J'invite les personnes présentes dans mon établissement pour boire un verre avant de nous quitter . Voulez-vous venir avec ...hum votre ami ?

Je reste stupéfaite . Je mets un temps fou à lui donner une réponse. Je ne sais pas si j'ai envie de me retrouver avec tous ces gents et surtout avec Adam et sa mère. Le fils de Paul commence à s'impatienter . Il se racle la gorge et hausse ses sourcils .

- Oh ..euh oui merci mais je vais venir seule car Jean Pierre rentre à Aix .

- Très bien. Je vais passer devant et vous me suivez . C'est ok pour vous ?

Je hoche la tête et le regarde s'éloigner. Je monte dans ma voiture et au moment où je mets le contact Adam se retourne vers moi . Ses yeux me télescopent. Leur couleur si particulière s'illumine d'une lueur chaleureuse que je ne lui ai encore jamais vu. Un mince sourire détend ses traits. J'en ai le souffle coupé. Monsieur Connard aurait-il une once de chaleur ne cherchant qu'à se manifester ?
Je reste scotchée à mon siège. Un coup de klaxon me fait sursauter et me sort de ma stupection . Adam passe à côté de moi . Je m'engage à sa suite sur la route d'Antibes .

Une belle terrasse ombragée où plusieurs personnes attendent pour être servie et où d'autre sirotent déjà leur consommation , m'apparaît alors que je marche seule derrière la famille Gabriel . S'ils comptaient m'ignorer , ils ont remplis leur contrat . Personne ne fait attention à moi . Tous discutent avec la mère d'Adam qui joue à merveille le rôle de la veuve éplorée . On me considère clairement comme quantité négligeable. Tous s'installent autour des tables , amènent des fauteuils et je me retrouve comme une gourde debout , devant leur petit groupe . Je ne montre pas ma gêne. Je rentre dans l'établissement et m'installe au bar . Je retire mes lunettes de soleil ainsi que l'élastique qui retient mes cheveux. Mon cuir chevelu me tire et c'est avec soulagement que je passe ma main dans ma tignasse qui se libère avec joie de son carcan . Une superbe jeune femme s'approche et me demande ce que je veux consommer. Je commande un vers de Viogner .

- Je vous fais patienter deux minutes . Y'a une table de la famille de mon patron qui vient de s'installer en terrasse . Je prends leur commande et je suis à vous tout de suite .

L'ironie de la situation me fait sourire . La jeune femme sort de derrière son comptoir et fonce vers l'extérieur.

Qu'est ce que je fais là ? 

Je n 'arrête pas de me poser cette question . Je vais siroter mon verre et aller faire un tour sur la plage pour décompresser avant de reprendre la route . Je ne suis pas spécialement pressée de rentrer . Cette grande maison vide me fait peur .
Je suis interrompue dans mes pensées pessimistes lorsque la serveuse réapparaît . Ses gestes précis et sa dextérité à servir la multitude de verres occupent momentanément mon esprit .

- Voici Mademoiselle. Si cela ne vous embête pas de régler tout de suite , j'ai fini mon service ... trois euros cin...

- C 'est pour moi Johanna , la coupe Adam que je n'ai pas vu arrivé.

La dite Johanna fronce les sourcils et balance un regard noir à son patron . Ce dernier n'y attache pas d'importance et s'installe à côté de moi en se servant la même boisson que celle que j'ai commandé. Ignorant  la jeune femme dont les yeux le fusillent , Adam commence à me parler en se penchant légèrement sur moi .

- Vous aimez le Viogner , vous aussi .. c'est un cru que je commande à Condrieu . Il est indéfinissable et tellement corsé que mes papilles explosent de joie !

Je souris à Adam et à sa réflexion qui fait écho aux sensations que j'éprouve moi aussi. Je suis sur le point de lui répondre lorsque sa mère s'accoude au bar .

- Adam , couine t'elle , la famille te cherche !

Le regard bleu qui me foudroye me fige sur mon siège.  Je détourne la tête.

- J'arrive maman. Deux minutes s'il te plaît.

- Très bien alors serre moi un verre!

- Non ! Maman , je ne crois pas que tu doivent consommer de l'alcool . Euh.. tu prends la route non ?

- Adam , si tu ne me serre pas un verre , je vais ailleurs .

Adam se crispe . Pourquoi ne veut il rien offrir à Carole ? Il est tendu et rechigne à faire ce que sa mère lui demande. Pourtant il se lève , fait le tour du bar et serre rapidement un verre de vodka qu'il pose sur le comptoir . J'observe le duel entre ces deux personnes et ne comprends rien jusqu'à ce que Carole avale cul sec son alcool et tende le verre à nouveau .
Je suis horriblement gênée et décide de sortir finir mon verre à l'extérieur. Je me lève et manque de glisser en descendant du tabouret . Je me rattrape au moment où la mère d'Adam crache ces paroles :

- Dommage pétasse !

Je crois avoir mal entendu . On ne peut pas insulter les gents comme ça gratuitement! Mais les deux billes alcoolisées qui me jaugent méchamment me prouvent que je n'ai pas eu de problèmes ou d'hallucinations auditives.

- Je vois demande pardon ? Clamè-je outrée .

La mère d'Adam se redresse de toute sa hauteur et avance vers moi . Je campe sur ma position . Adam arrive et va pour attraper le coude de Carole lorsqu'elle se met à hurler .

- Tu fais ta choquée ? Non mais regarde moi la ! Elle m'a empêché de retrouver mon mari y a deux ans et , là, elle fait sa belle !

- De quoi parlez-vous ? Et je ne vous permets pas de me tutoyer !

- Paul n'aimait que moi ! Pauvre cloche !

Le ton monte dans l'établissement. J'ai horriblement honte . Un sourire assassin ourle alors les lèvres de Carole . Elle est satisfaite de sa déclaration. Le doute s'installe  maintenant en moi .

- Maman ! Ça suffit! Tais toi !  intervient Adam.

Quelques clients tournent leur attention vers nous . Je n'en peux  plus . Je regarde Adam et sa folle de mère. Tous deux s'affrontent du regard . Je sors du bar et pose le verre sur une table avant de quitter cet endroit , le plus rapidement possible.

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Bon ...notre Scarlet n'est décidément pas gatée .
Entre un grand brun pénible à souhait et sa mère , notre poulette va avoir des soucis ...

Mais je lui fais confiance pour ne pas se faire marcher sur les pieds....

Bisous 😉😉😉