Son corps ne cessait de craquer et c'était un son qui me tétanisait à chaque fois. Ses yeux étaient fous. Elle me semblait posséder en cet instant ; sinon, comment son corps aurait-il pu bouger en des angles aussi inhumains ? J'avais mal, rien qu'en la regardant. Si mal que je ne respirais plus. Que je souffrais avec elle. Je me tenais dans un coin de la pièce et je l'observais souffrir. Hurler que la douleur cesse. Hurler que sa vie cesse.
Sa raison s'en était allée. Envolée loin, très loin. Elle chutait dans un abysse sombre et froid ou personne ne semblait pouvoir la retenir. Pas même moi, son propre fils.
Elle gémit. Elle cria. Elle supplia. Encore et encore. Ses larmes dévalaient ses joues et cette douleur qu'elle devait ressentir, je la vivais aussi. Elle vibrait en moi, elle annihilait tout. Je voulais partir. Je ne voulais pas rester là et voir ma mère dans cet état, mais je ne pouvais bouger.
— Non... ahemia. Ahemia...
Elle appelait mon père. Qui n'était pas là. Ce mot d'amour, elle ne l'utilisait que pour lui. Et il n'était pas à ses côtés.
Elle avait mal et elle était seule. Lâchement abandonnée. Et je ne pouvais pas en supporter davantage. Je ne pouvais plus rester là sans rien faire.
Ça me brisait, petit à petit. De voir sa folie, ça me terrassait. Je voulais fuir. Je ne voulais pas l'abandonner. J'avais cette impression de ne rien savoir sur elle. Absolument rien.
— Ahemia ! Ahemia !
Je me retrouvai à côté d'elle, ma main agrippant très fort la sienne. Je m'y accrochai. Elle chercha à me voir, mais sa folie l'en empêchait. Ses yeux bougeaient dans tous les sens. Ne lui laissant aucun répit. Que percevait-elle encore du monde qui l'entourait ? Se souvenait-elle qu'elle avait un fils ? En cet instant, en lui tenant la main, savait-elle qui j'étais ? Je me penchai sur ce visage qui autrefois, avait été vénéré pour sa beauté. Aujourd'hui, ne restait qu'un spectre de ce qu'elle avait pu être.
Une ombre palpable.
Sa main glaciale se posa sur ma joue.
— Tu dois... tu dois pren... prendre soin de notre... garçon... il... c'est un homme, mais... on nous l'a... enlevé, Ahemia... malade... il était malade... mon garçon... pas vu... si grand, si beau... Ahemia...
Je reniflai. Je n'avais pas eu assez de temps avec elle. À peine nous étions-nous retrouvés que les grands Dieux la rappelaient à eux.
— Aime-le, Ahemia... aime-le comme je l'aurais... fai... voulu...
Elle vint appuyer son front moite contre le mien :
— Aslander. Aslander. Mon Ani...
Je pleurais. J'avais mal dans ma poitrine, si mal que je suffoquais soudainement. Comment pouvait-elle m'aimer à ce point en m'ayant connue si peu ? Comment ?
— Tu es le fils des Dieux. Tu es mon tout petit garçon. Ani...
Je pleurais. Ne pouvant plus m'arrêter. Elle me tenait si fermement, comme si elle avait peur de finir seule si elle me lâchait.
La solitude allait l'engloutir aussi sûrement que le mal qui la rongeait. Qui la dévorait si sûrement que ce n'était plus qu'une question de temps. Lorsqu'elle mourrait, allais-je moi aussi ressentir ce vide ?
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WHISPERS T1 The Whisper of my soul [Terminée]
WerewolfSiobhane sait son temps compter. Une année. Il ne lui reste qu'une année pour trouver un moyen de rompre la malédiction, sinon, elle mourra. Elle se voit embarquer pour l'Australie dans le but de sauver un enfant qui hante ses nuits, mais en arriv...