Le soleil m'aveugla un court moment et je plaçai ma main entre cet enfer de chaleur et d'éclat pour mieux observer le seul point qui se trouvait à l'horizon, au niveau de la plage.
J'avais su où venir à l'instant où on m'avait dit que Moirin était une nouvelle fois partie. Je n'avais prévenu personne ; déjà parce que si j'arrivai à me défaire de mes maudits Tricksters, ce n'était pas pour les tenir informer lorsque j'avais envie d'aller voir ailleurs et deuxièmement, Moirin n'était pas très fan de certains de mes hommes. Ce que je pouvais comprendre, quand on voyait leur tête, ça ne donnait pas très envie de boire un verre en leur présence.
Ce qui, quand on y pensait deux minutes, était le but. Sinon j'aurais choisi des jolis barbus pour me seconder, et non pas des psychopathes qui ne devaient vivre qu'à travers mes ordres. J'y allais peut-être un peu fort en disant ça. Je connaissais la limite et mes hommes aussi. Elle avait toujours été implicite entre nous, inscrite dans nos chairs et dans nos âmes, comme un rappel de ce qui nous liait, de ce qui pouvait les amener à mourir pour moi. Jamais je ne pousserais leur chance en me mettant dans une mauvaise situation, pas de mon propre chef à tout le moins. Le problème, c'est qu'ils considéraient bien souvent certaines de mes escapades comme telles. Est-ce que je pouvais leur en vouloir ? Hormis me faire chier, ils étaient quand même un peu utiles. Juste un peu.
Je passai une main dans mes cheveux et cherchai mes lunettes de soleil. Ce genre de luminosité ne me réussissait jamais de trop. J'avais les yeux sensibles, tenant ça de ma mère. Elle avait eu les yeux bleu clairs les plus improbables que j'aie pu voir dans ma longue existence. Une belle femme. Qui s'en était allée depuis des siècles maintenant, laissant une existence humaine derrière elle pour s'élever en tant qu'esprit. Laissant son compagnon perdre la tête. Des choses qui arrivaient. Qu'on ne pouvait pas contrôler, qu'on ne pouvait pas voir venir.
Non. C'était faux. Lorsqu'on était attentif, lorsqu'on savait où et comment regarder, alors rien ne pouvait vous échapper. C'est ainsi que j'avais appris qu'avoir des yeux et des oreilles partout était une bonne chose, qu'importe la notion d'ingérence, qu'importe ce que ce contrôle pouvait amener comme puissance ou comme sensation de puissance. Dans ce pays qui était le mien, je n'agissais non pas à ma guise, mais pour le bien commun.
Celui du peuple qui était le mien.
Celui de mes lycans.
Et rien ni personne ne m'éloignerait jamais de ce but. Pas même moi, si un jour la même folie que mon père me gagnait.
Une promesse inscrite avec mon propre sang.
Un serment que mes Neuf avaient prêté.
Je soufflai et me frottai ma barbe naissante avant de me diriger vers le point qu'était Moirin.
Je n'étais pas agacé qu'elle soit une nouvelle fois partie ; je l'aurais été si elle s'était mise inconsciemment en danger. Elle l'avait appris à ses dépens la dernière fois alors je savais qu'elle ne recommencerait jamais.
Mes mocassins s'enfoncèrent dans le sable et ma démarche se fit un peu plus lourde. L'odeur de l'océan imprégnait l'air et le bruit des vagues, ce ressac familier, était apaisant en cette fin de journée. Il ne m'était plus aussi coutumier de venir ici, peut-être par manque de temps ou d'envie. La dernière fois que j'avais joué au surfer, un peu plus loin sur la côte, j'avais rencontré de jeunes loups venant des États-Unis et cela avait été une rencontre intéressante. Stimulante, même. Le genre qui marquait. Je n'aimais pas les gens sans substances, qui étaient aussi fades que l'image qu'ils renvoyaient.
Je m'arrêtai au niveau de Moirin. Elle avait enroulé ses bras autour de ses jambes et reniflait. Rares étaient les fois où elle se laissait aller à cette faiblesse comme elle-même le disait si bien. C'était une jeune fille avec du caractère et un égo qui parfois, la blessait plus qu'il ne l'aidait. Mon loup renifla les effluves de sa maladie ; cette dernière profondément ancrée, ne lui laissant aucune chance de survie à long terme.
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WHISPERS T1 The Whisper of my soul [Terminée]
Hombres LoboSiobhane sait son temps compter. Une année. Il ne lui reste qu'une année pour trouver un moyen de rompre la malédiction, sinon, elle mourra. Elle se voit embarquer pour l'Australie dans le but de sauver un enfant qui hante ses nuits, mais en arriv...