— Aslan.
Ce n'était pas Bryn qui était venu me chercher. C'était la douce Tamsyn avec ses yeux brillants et son cœur trop gros. Qui éprouvait trop et qui un jour, se briserait face à la dureté dont pouvait revêtir notre monde. Jusque-là, je la protégerais. De tout ce que je pourrais, en y mettant toute la ferveur dont j'étais capable.
Elle était la grande guérisseuse en chef ici. Celle qui supervisait les quelques rares Earhja. C'était une vieille lycan que je chérissais depuis bien longtemps. Elle était la compagne de l'un de mes Neuf. Elle était précieuse.
Elle n'avait pas eu besoin de mots pour que je comprenne. Je l'avais suivie, conscient qu'encore une fois, il n'y avait rien à faire pour les enfants-esprits. C'était une fatalité. Un ultimatum à chaque fois que j'en ramenais un ici. Jamais je n'avais eu de quelconques espoirs. Pas une seule fois.
Je savais. Au fil des années, j'avais appris à... savoir. Mais la colère demeurait. Toujours. Ainsi que ce sentiment cuisant d'impuissance.
Alors, je me tenais là, devant la sépulture de Moirin. Elle avait été mise en terre il y avait quelques heures maintenant. Nous n'avions pas été nombreux à être présents. Et alors que le ciel était grisâtre au-dessus de ma tête, je me tenais seul. Parce que cela avait été un souhait de ma part et que mes proches savaient lorsqu'ils devaient s'écarter un peu.
Le vent soufflait légèrement, chatouillant mon épiderme, piquant mes yeux.
J'étais au cœur des bois entourant le Deity, là où d'autres tombes se trouvaient, là où depuis des décennies étaient enterrés les enfants.
Certains étaient brûlés, mais Moirin avait souhaité qu'on garde une trace d'elle. Elle n'avait pas compris qu'un lieu n'était qu'un lieu. En même temps, elle n'avait été qu'une enfant, même si parfois, elle nous avait semblé bien plus adulte, bien plus mature. Ça n'avait pas seulement été une impression.
Elle était partie tôt dans la matinée, la maladie prenant le pas sur son esprit, sur sa combativité.
Ça m'avait mis un coup. Un de plus.
Perdre ces enfants, c'était à chaque fois perdre une petite part de moi-même qui leur avait été relié. Ils n'étaient pas ma chair, mais je les avais tous vu grandir. J'avais été leur instructeur, j'avais toujours tenté de leur inculquer des valeurs et des règles qui régiraient leur vie le temps que celle-ci dure.
Et à chaque fois, j'avais la sensation qu'ils partaient bien trop tôt. À chaque fois, ce sentiment d'oppression me gagnait, tout autant qu'un fort sentiment de trahison qui ne pouvait être compris que par moi.
Il y avait bien des siècles que j'avais cessé de blâmer les Divinités. Bien longtemps que j'avais compris que les choses arrivaient simplement parce qu'elles devaient arriver.
Alors, je récupérais ces enfants, je m'occupais d'eux, je leur offrais de l'attention et de l'amour. Pour mieux les voir mourir. Pour mieux ressentir cette douleur cuisante dans le fond de la poitrine.
On aurait pu penser qu'avec le temps, ça s'estomperait, mais la mort n'était pas une habitude. Elle ne le devenait jamais. Qu'on perde un parent ou des gens proches.
On ne pouvait pas s'habituer à la grande Faucheuse. Parfois, on savait quand elle venait, d'autres fois elle vous surprenait. Elle avait cette capacité à faucher vos pas et à vous faire tomber.
Dans ma main, une fleur d'une blancheur presque translucide. Des Symbalaë.
Elles ne poussaient étrangement qu'ici, autour du Grand Temple. Certains l'appelaient la Fleur de l'Empereur. Pour moi, elles symbolisaient le deuil. Chaque tombe en était recouverte. Comme un signe. Cette fleur me paraissait trop éclatante, trop belle. Je soupirai.
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WHISPERS T1 The Whisper of my soul [Terminée]
Hombres LoboSiobhane sait son temps compter. Une année. Il ne lui reste qu'une année pour trouver un moyen de rompre la malédiction, sinon, elle mourra. Elle se voit embarquer pour l'Australie dans le but de sauver un enfant qui hante ses nuits, mais en arriv...