WHISPERS T1 The Whisper of my soul [Terminée]

14.1 Siobhane

La grande demeure dans laquelle nous nous engouffrâmes était simple et pourtant immense. Sans excès d'aucune sorte, elle alliait le bois et les plantes vertes dans un étrange mélange. Il y avait ici et là des traces de luxe, comme pour les magnifiques luminaires qui s'enchainaient, nous guidant à travers les grands couloirs. Ou encore, le carrelage sous nos pieds qui était tout bonnement incroyable. Les motifs se mêlaient les uns aux autres dans des tons aussi clairs que naturels.

La main d'Aslander dans la mienne était chaude et presque sèche. Moi, j'avais les paumes moites. Je ne comprenais toujours pas pourquoi j'avais le droit de venir à ce repas. Gann était quand même un Koning, un dirigeant important dans la hiérarchie d'Aslander. Il était souverain, juste après l'Empereur. C'était un rang important. Un rang qui amenait des responsabilités toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Je me rappelai vaguement que Gann faisait partie des Konings originels. Ceux qui avaient été avec Aslander dès son couronnement. J'avais lu énormément d'ouvrages anciens qu'Arzhel m'avait gentiment indiqués sur une liste et je m'efforçai de retenir la plupart des renseignements que je trouvais.

Gann était lié à une lycan toute aussi vieille que lui si je me rappelais correctement cette information. Nila, l'équivalent d'une Reine au sein de son peuple, guidait tout autant que son époux le territoire qui leur était dévolu et qui prospérait. La Nouvelle-Galles-du-Sud était très bien gérée et je me doutais que Gann était plus qu'un vassal pour Ani. Il était avant tout une personne de confiance dans son entourage.

Je me pressai contre le flanc d'Aslander quand nous traversâmes un nouveau hall dans le but d'atteindre une grande pièce qui faisait office de salon, mais aussi d'immense salle à manger. Je savais, au-delà du fait que Gann pouvait adorer les longues tables et les immenses canapés, qu'il avait aussi investi dans ce mobilier pour accueillir les lycans qui étaient sous ses ordres, tout comme sa meute. Il ne fallait pas croire que les souverains d'Aslander étaient seuls, au contraire, il avait très bien stabilisé les hommes à qui il avait donné du pouvoir. Les bases étaient sures et solides. C'était ce qui était impressionnant au sein de la hiérarchie imposée par l'Empereur. Elle était maintenue par un système très bien huilé qui était censé résister à toute épreuve.

Enfin, le magnifique couple qui nous accueillait ce soir apparut. Nila portait une robe splendide qui fit pâlir la mienne à côté, quand je la trouvais déjà très habillée. Nila avait préféré une robe bustier dans des tons plus foncés que les miens, rehaussant ainsi son teint hâlé. Ses cheveux blonds étaient relevés sur sa tête et son maquillage était tout aussi léger que le mien. Son sourire fut immense en nous apercevant Ani et moi. Je dus rougir malgré moi, mais Nila n'en prit pas ombrages et n'en fut pas gênée. Elle s'approcha si vite de moi qu'Aslander réagit plus vite que mon pauvre cerveau. Les mains de Nila ne me frôlèrent même pas, même si elles avaient été très proches de le faire.

_ Nila, maugréa Gann. Que t'ai-je dit sur notre invité ce soir ?

_ Oh.

Nila posa une main sur sa bouche, mais Aslander la rassura et avant que je ne sois prise pour celle qui portait un virus incurable en elle, je pris les devants. Je m'avançai d'un pas vers Nila, tout en gardant une certaine distance de sécurité.

_ Nous pouvons nous saluer autrement si vous le désirez, dis-je en essayant de respecter au maximum le protocole qu'Arzhel m'avait confié en dernière minute.

_ Pas de manière, Siobhane, reprit Gann en s'inclinant face à moi à défaut de me serrer la main. Nous sommes la famille d'Aslander, soyez sereine parmi nous. Hormis quand ma femme ne respecte pas les règles.

Nila lui lança une moue à croquer qui la fit rougir et lui fit perdre surement quelques années. Elle finit par pivoter vers moi et me laissa lui montrer mon salut. Elle me le rendit et nous échangeâmes un de ces regards complices que j'échangeais rarement avec de total inconnus.