— Je crois que... non, en fait, il y a cette sensation.
— Laquelle ?
— Je ne sais pas. Comme si tout manquait de... couleurs, tu vois ?
— De couleurs ?
— Ou de saveurs, comme tu préfères. Tout me semble si fade ! Depuis son départ, ma vie me semble bien terne. Jusqu'à présent je n'en avais absolument pas conscience, mais maintenant...
— Tu te sens vide.
— Oui. Qui l'aurait cru ? Nos débuts n'ont pourtant pas été de tout repos. Elle m'exaspérait et je devais vraiment lui paraître invivable. Pourtant...
Un soupir. Long et profond.
Surjoué.
— Tu es amoureux. Voilà tout. Cœur qui soupir n'a pas ce...
Je changeai de chaîne, ne pouvant pas supporter une seule seconde de plus cette mièvrerie à la télé. Je n'avais pas l'habitude de regarder cette dernière et maintenant, je me rappelais pourquoi. S'abrutir sur ça ? Très peu pour moi. J'avais bien d'autres chats à fouetter en attendant que Lothar ait fini de se pouponner. Ce qui n'était pas près d'arriver le connaissant.
Je soupirai et finit par balancer la télécommande un peu plus loin. Je jetai un coup d'œil à ma montre et levai la tête vers le plafond. Arzhel n'allait pas être très content, mais qu'importe.
Mon pied battait la cadence et je commençai à trouver le temps long. Je pouvais entendre Selkie s'affairer dans la pièce d'à côté ; elle ne s'arrêtait jamais. J'avais déjà essayé de la soudoyer à plusieurs reprises pour qu'elle vienne au Deity, mais c'était parler à un mur. Je l'aurais bien mieux traité que ce bougre de Lothar, pourtant ! Comme quoi, mon sourire ne pouvait pas charmer tout le monde.
Je décroisai mes jambes et me levai. J'avais peut-être un peu la bougeotte depuis hier. J'aurais dû rentrer à Sydney, mais n'en avais rien fait. Une des raisons pour laquelle je ne répondais pas à mon téléphone. Arzhel allait me menacer et lorsque j'allais rentrer, une pile de boulot allait m'accueillir. Il y avait plus sympa dans la vie qu'être Empereur. Quand je regardai mes Konings, je me disais que cette vie-là n'aurait pas été trop mal.
Je ricanai. Ouais, et puis quoi encore ? Au pire, je pouvais me faire porter pâle. Tamsyn serait au petit soin et Arzhel ne pourrait pas exercer sa domination sur moi.
— Tu es prêt ?
Je me tournai vers Lothar. Il était vêtu d'un simple jean et d'un haut plutôt passe-partout. On allait peut-être faire une grosse bêtise, donc autant ressembler au commun des mortels. En tout cas, ce n'était pas dénué de sens d'agir de la sorte.
— Je t'attends depuis au moins une heure, répondis-je avec une moue. Tu es pire qu'une gonzesse.
— Tu avais l'air perdu dans tes pensées, mon petit Ani. Notre chère amie te manquerait-elle déjà ?
— Cause toujours, tu m'intéresses, tiens !
Il gloussa et me fit signe de le suivre. Nous nous retrouvâmes au niveau des garages et il déverrouilla sa vieille Chevelle qui était un petit bijou. Si j'avais déjà essayé de la lui emprunter ? Sans qu'il le sache ? Peut-être. Ça n'aurait pas été si drôle sinon. Il grimpa derrière le volant et le moteur ronronna à nos oreilles.
Avec Lothar, on s'adonnait souvent à des petites sorties qui n'étaient approuvées par... eh bien, par personne et sûrement pas mon Conseiller. Arzhel n'était pas seulement à cheval sur les règles et l'éthique, il l'était encore plus en ce qui concernait ma sécurité ; autant dire que j'enfreignais tout ce qu'il avait mis en place.
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WHISPERS T1 The Whisper of my soul [Terminée]
WerewolfSiobhane sait son temps compter. Une année. Il ne lui reste qu'une année pour trouver un moyen de rompre la malédiction, sinon, elle mourra. Elle se voit embarquer pour l'Australie dans le but de sauver un enfant qui hante ses nuits, mais en arriv...