20.

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Taehyung sort de la chambre, sans dire un mot de plus. Je comprends alors qu'il m'a piégé, depuis le début, il avait cela en tête. Il veut me punir tel un enfant de 8 ans. Je suis frustré, terriblement frustré. Je me suis fait avoir et en plus de cela ridiculisé. Je me retrouve nu comme un ver, le dos en sang, couché sur la moquette de mon patron. A qui ce genre de choses peut arriver excepté moi ? Sans perdre plus de temps, je me relève et me précipite dans ma chambre. Je ne peux affronter son regard satisfait pour le moment. A l'aide du miroir de ma salle de bain, je remarque que les plaies sont plus profondes et plus voyantes que je ne le pensais. Ce qui provoque un électrochoc dans mon esprit. Tout me revient en l'espace de quelques secondes. Namjoon.

     Je fonce dans la douche et m'asperge d'eau bouillante. Je me mets à hurler tant la douleur est intense... et pour cause, des bouts de tissus se sont mêlés à mes coupures. Ces dernières sont affreusement infectées. 

     Ses mégots de cigarettes qu'il prenait malin plaisir à écraser sur mon dos, la lame de son couteau qu'il frottait délicatement contre ma peau et j'en passe. Tant de douloureux souvenirs qui me viennent en tête. J'aimerai les oublier définitivement. Namjoon riait quand il me faisait souffrir, il riait aux éclats. Pourtant, il n'y avait rien de drôle. Parfois, il filmait les scènes et les envoyait à ses amis, qui, eux aussi, riaient. 

     N'en pouvant plus, je me laisse glisser contre le mur pour me poser sur le sol. L'eau est bien trop chaude mais je n'ai pas la force de baisser la température. Mon corps me brûle, mon dos me brûle, ma mémoire me tue. Je sais que je m'égosille de toutes mes forces mais je n'entends même plus mes cris. Je n'entends plus rien. Je ferme les yeux. Je ne sais pas si je pleure, les larmes sont sûrement mêlées à l'eau. La seule chose dont je suis sûr, c'est que cela est très affligeant. 

     Puis finalement, je ressens quelque chose. Un masse qui me soulève, me porte et m'emmène je ne sais où. Je ne comprends pas grand-chose mais je reconnais cette odeur entre mille. Taehyung. L'ouïe me revient puisque je l'écoute me parler.


« -Jungkook tiens bon, je suis là, fit-il, paniqué. »


     Je souris intérieurement, n'ayant pas la force suffisante pour sourire physiquement. Les deux monstres se soutiennent tour à tour. Cela n'est-il pas beau ?  


« -Kook... Tu as fait un malaise, ce n'est pas grave, mais il faut que tu t'efforces de te relever maintenant. S'il te plaît, lève toi. Je vais te ramener à boire... Mon Dieu... Jungkook ! hurle-t-il, soudainement. »


     Il a sûrement dû voir l'état de mon dos. Pourquoi est-il surpris ? C'est bien lui qui l'a détruit ainsi, non ? Je peine à ouvrir mes paupières, et croise enfin son regard. Il semble triste. 


« -Pardonne-moi mon loup... Je vais te soigner, murmure-t-il »


     Je sens sa main qui caresse ma chevelure, puis soudain, se retire. Je trouve la force pour me mettre assis, sur le rebord de mon lit, et patiente jusqu'à son rapide retour. Peu à peu, je retrouve mes esprits. Il se positionne face à moi, l'air soucieux et dépose un doux baiser sur ma joue. 


« -Je n'arrive pas non plus à me contrôler dans les moments comme cela. Je ferais attention à l'avenir. Je vais te désinfecter, mais vu l'état de tes blessures, tu risques de hurler Kook, m'informe-t-il. »


     Je hoche la tête pour lui faire comprendre que je l'entends. C'est alors qu'une puissante douleur m'assaille, mais je me fige. J'attrape fermement le bras libre de Taehyung et le serre de toutes mes forces. C'est le seul moyen de supporter la douleur.


« -N'aies pas peur de me faire mal, souffle-t-il. »


     Il tapote un long coton imbibé d'alcool sur mes plaies. C'est atroce. Je crie sans m'arrêter, je manque presque d'air mais je ne peux me contenir. Je me cambre car c'est horrible. Le bras de mon patron doit en pâtir. 

     La souffrance s'épuise après quelques minutes. Il a enfin terminé cette pénible tâche. 


« -Il est préférable que tu dormes sur le ventre cette nuit. Je te tiendrais compagnie. »


     J'acquiesce et jette un œil à son corps. Il est bleuté à l'avant bras. On peut dire que je lui ai rendu la monnaie de sa pièce même si cela n'était pas mon intention.

     Quelques instants plus tard, je me retrouve couché dans mon lit, sans couette au-dessus de mon enveloppe charnelle. Taehyung caresse lentement mes cheveux et me murmure quelques mots afin de me rassurer. Je me sens si bien en cet instant. En fin de compte, je commence à apprécier l'affection et la douceur.


« -Je t'ai entendu crier d'étranges choses concernant Namjoon. Enfin... je sais pertinemment qu'il t'a fait du mal, cependant, je ne m'attends pas à cela. Je pensais qu'il... qu'il te faisait plus souffrir moralement que physiquement bien que j'ai vu tes cicatrices.

-Je ne veux pas en parler Taehyung... je rétorque.

-Je regrette d'avoir engagé Yoongi pour le tuer. J'aurais dû le faire de mes propres mains. J'aurais dû le faire souffrir et mourir à petit feu. Sa mort était un cadeau pour lui. J'ai été beaucoup trop négligeant, avoue-t-il. »


     Il est adorable avec moi. Je me sens presque aimé. Chose qui m'arrive rarement. Cependant, je n'ai pas les idées claires et je désire simplement me laisser engloutir par le sommeil. Voire, ne plus jamais me réveiller. Il n'y a que dans cet état que je me ressens un apaisement complet.


« -Jungkook, tu mets mes nerfs à rude épreuve. Tu es le premier qui me touche. Le premier qui m'importe. »


     Mon souffle se coupe instantanément. Je parviens enfin à percer sa carapace. Peut-être regrettera-t-il ses mots ? Mais peu importe. Je les ai entendus de mes propres oreilles. Mon cœur augmente sa vitesse. Je suis totalement chamboulé. Il faut que je lui réponde. Oui, je ne peux laisser ses paroles sans réponse. Ses dernières phrases sont si lourdes de sens que l'ignorer serait un affront. Il s'ouvre à moi, de plus en plus. Nous progressons et cela n'est pas négligeable.


« -Je veux figer cet instant Taehyung. Je veux rester contre toi jusqu'à la fin de mes jours. »


     Et je crois que c'est à son tour d'avoir le souffle coupé. Ses yeux s'ouvrent grand et sa bouche s'entrouvre.  Aucun de nous deux ne sait ce qui lui arrive.

le garde du corps | vkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant