le garde du corps | vkook

25.

Allongé dans la baignoire de cette belle chambre d'hôtel, je contemple le plafond, perplexe. La colère s'est estompée, mais l'incompréhension règne en maître. Eunji a donc décidé de prendre partie contre son propre frère ? Car oui, je prends ses révélations pour un affront. Je n'ai jamais blessé mon aîné, jamais. Depuis toujours, il a une certaine haine envers moi, et je pense qu'elle vient seulement de la jalousie. Il n'a rien à m'envier, mais, il sait que mentalement je suis plus fort que lui et que rien ne pourrait m'abattre. Peut-être est-il envieux de ma capacité à ne rien ressentir ? Je ne sais pas.

     Deux coups frappent à la porte. Je me lève précipitamment et enroule une serviette autour de ma taille. A ma grande surprise, c'est Hoseok qui se trouve sur le seuil, le sourire aux lèvres. Il brandit fièrement une bouteille de whisky. Le voir me réchauffe le cœur, enfin quelqu'un qui ne m'oublie pas...

« -On s'enfile cette bouteille à deux, tombeur ? s'exclame-t-il, en pénétrant dans la pièce.

-Quel surnom insupportable... »

     Il rit et s'installe sur la banquette du salon. Je retourne dans la salle de bain, me sèche et m'habille rapidement. Quand je le rejoins à nouveau, il nous a déjà servi deux verres d'alcool. Je suis ravi de constater que j'ai un véritable ami, et cela pour la première fois de ma vie.

« -Tu manques Jungkook ! Si je peux te faire confiance, Jimin n'est vraiment pas drôle. Avant, tu étais là pour mettre de l'ambiance, confesse-t-il. »

     Mes points se serrent à l'entente du prénom « Jimin ». Je n'ai pas pu lui mettre autant de coups de poing que j'aurais voulu mais ça ne saurait tarder. Hoseok remarque que je suis immédiatement tendu et change de sujet en insistant pour que je boive mon premier verre. Il m'en serre un second aussitôt. Les souvenirs de cette nuit-là reviennent en mémoire mais cela serait mentir de dire qu'ils m'ont déjà quitté. Ce n'est pas le cas, ils sont toujours là depuis mon licenciement.

« -D'après les médias, Taehyung est en cavale, est-ce vrai ? m'enquis-je, inquiet.

-Oui et non. Il a juste changé de planque mais il est en sécurité là où il est. Seokjin a pénétré dans l'appartement en pleine nuit mais ne t'en fais pas, le patron a réussi à s'en sortir in extremis, fit-il. »

     Voyant mes traits se détendre, il affiche un sourire apaisant. Il est sain et sauf. Je ne peux demander mieux. Malgré tout le mal qu'il m'a fait, je pourrais endurer sa mort. Même loin de mes yeux, il m'est indispensable. Avoir de ses nouvelles, c'est alimenter l'illusion que nous sommes encore lié.

« -Personne ne le tuera jamais, Kook. Il a un train d'avance sur tout le monde, souffle-t-il.

-C'est vrai. »

     Nous enchaînons les verres, et bientôt je ne sais plus où donner de la tête. Nous nous tapons dans le dos, rions jusqu'à en pleurer. Nous sommes terriblement bruyants. Pour la première fois depuis plus d'une semaine, je lâche prise. Je ne pense plus à rien de triste. Je me sens si bien. Dommage que les effets de l'alcool ne soient que secondaires et qu'ils ne durent pas toute une vie. A croire qu'il n'y a que ce moyen pour estomper mon chagrin.