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Adossé au bar de cette boîte de strip-tease répugnante, j'observe Taehyung mettre à exécution son plan. En effet, ses affaires, ou plutôt devrais-je dire nos affaires désormais, ont repris de plus bel. Le stratagème convenu est de le laisser approcher son client seul, puisque pour l'instant ses clients de confiance ne connaissent pas mon implication dans son entreprise. Par conséquent, il est plus prudent qu'il s'en charge lui-même. Il a pour mission de le mener dans une des pièces à l'étage afin de lui faire croire que son ancien deal avec lui tient toujours. Hors, d'après ce qu'il m'a dit, il souhaite rompre ce marché car il ne lui est plus bénéfique. Je ne comprends pas encore toutes ces manigances et comment cela fonctionne, mais il me semble que ce client a mis, à de nombreuses reprises, sa planque en danger auprès des flics. J'ai donc pour mission de l'abattre dès qu'il aura pénétré dans une des pièces en compagnie de mon partenaire. Cela est étrange de ne plus le considérer comme un patron mais plutôt comme mon associé. Après toutes les personnes que j'ai abattu, ce n'est pas si difficile. 

     D'ailleurs, combien de personne ai-je tué en un an ? J'ai mis fin aux jours d'environ sept ou huit personnes, il me semble, et j'ai été impliqué indirectement dans la mort de deux personnes. Autrement dit, ce client sera mon dixième. J'ai l'impression que cet acte est devenu banal. Je ne sourcille même plus, à force.

     J'ai pris le soin de m'enfiler deux bons verres de whisky, histoire d'être d'attaque sur le terrain et d'agir de sang froid, bien sûr. Il est nécessaire de prendre toutes les précautions possibles pour ne pas flancher au moment propice.

     Mes deux cibles finissent par bouger, il est temps d'exécuter ma mission. Le client est un mexicain natif, prénommé Flores, il est d'ailleurs le propriétaire de cette boîte. Je les suis à grande distance, histoire qu'aucun de ses hommes ne me considèrent suspect. Je me faufile entre les danseuses, et les mâles en chaleur. Cet endroit pue le sexe à plein nez, et curieusement, cela me dégoûte. J'en ressens une atmosphère malsaine qui ne m'excite pas le moins du monde.

     Je les distingue en haut d'un escalier, prêts à emprunter le couloir qui mène aux chambres où les prostitués de Flores amassent son fric. Cependant, je le trouve bien trop entreprenant avec Taehyung. Il lui sourit d'une façon peu innocente, et lui caresse bien trop de fois le bras à mon goût. Je suis doté d'une intuition qui ne me trompe que rarement, et je m'y fie.

     Alors, j'accélère la cadence, et quand ils pénètrent dans une pièce, je suis déjà au bout du couloir, prêt à bondir sur ma proie. Je me poste devant la porte et ne parviens pas à entendre ce qu'ils se disent. Mon associé est censé me donner un signal, me donnant le feu vert pour mettre en action le plan. Mais, impossible d'entendre ou d'écouter quoi que ce soit. Par sécurité, je patiente deux ou trois minutes, mais pas plus. Peut-être est-il en danger, qui sait ?

     Soigneusement, je me faufile dans la chambre, en prenant soin de ne faire aucun bruit et de ne pas me faire remarquer par des yeux indiscrets aux alentours. En entrant, je fais face à une scène des plus ignobles. La chemise de Taehyung est déboutonnée, et les sales lèvres de son client se baladent dans son cou. A cet instant, il me lance un regard que je ne sais le déchiffrer. Pris d'une rage incontrôlable, je m'empare de mon flingue et lui tire une balle dans le pied. Cet idiot se met à hurler de douleur, et je lui en tire une seconde dans le bras. Puis, une troisième entre les deux yeux. 

     A l'entente des coups de feu, nos hommes se sont, eux aussi, mis à tirer. La boîte devient un abattoir, opposant mes gardes aux siens. Mais, une chose est sûre, les miens vont l'emporter. Les nouveaux que nous avons recrutés sont différents. Ils n'ont rien à perdre, aucun scrupule. Ni famille, ni amis. Seul l'argent les intéresse.


« -Tu m'expliques ? je lâche, sèchement.

-Le plan ne s'est pas déroulé comme prévu. Apparemment, il avait des penchants pour moi, répond-t-il, en riant légèrement.

le garde du corps | vkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant