Chapitre 16

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J'enfile mes vêtements le plus vite possible. Je n'aime sentir l'humidité de l'air sur ma peau. Mon shirt glisse facilement. Je l'ai acheté dernièrement car, les autres étaient devenus de véritables puits de souvenirs, et surtout parce qu'ils m'étaient devenus trop grands. Je fais beaucoup de sport, enfin, le maximum possible. J'ai besoin de m'occuper l'esprit. Quand je sais quoi faire, quand je suis occupée, je pense moins à tout ça. Je laisse mes idées vagabonder, pendant que je suis à la tâche. Le plus souvent, une fois mon travail terminé, j'ai les idées plus claires, comme si chacune était rangée bien au chaud dans son tiroir.

Je saisis mon portable. Il s'allume enfin. La tonne de notification habituelle ne s'affiche plus. J'ai désinstallé tous les réseaux débiles de mon portable. Par contre, je dois avoir une bonne dizaine de messages. Ça m'énerve. Est-ce qu'ils peuvent comprendre que je n'ai pas envie de leur parler ? Est-ce qu'ils peuvent comprendre que j'en ai rien à faire de leur vie ? Et, pour finir, est-ce qu'il peuvent comprendre que j'ai pas besoin de leur réconfort ? Un nouveau message de ce fameux numéro que je ne connais pas :

« Aude... Je sais que c'est douloureux pour toi, mais moi j'ai besoin de te parler. S'il te plaît... Je ne te retiendrais pas longtemps, je te promets... ».

Je soupire. Même avec toute la volonté du monde, j'aurai un mal fou... Je ne veux surtout pas lui faire de mal, surtout pas, mais, j'ai besoin d'avancer. Ce n'est pas en le voyant que je vais pouvoir tourner quinze ans de ma vie. Les larmes coulent toutes seules, comme des grandes. Encore une fois, je les laisse tomber. À chaque fois que je pleure, c'est à cause (désolée Margaux, ne te sens pas coupable) de ma sœur. Tout est confus dans ma tête. Dans ces cas-là, je sais ce que je dois faire : aller courir. Je suis une grande sportive, même, si le sport ne fait pas partit de mes passions, c'est toujours un plaisir d'y aller.

« Quelle piètre menteuse tu fais, Aude ! Je pensais que tu avais développer un don pour mentir, mais apparemment, je me suis trompée !»

Roh ça va toi là-haut ! Bien sûr que c'est faux. Je déteste courir : je ne vois pas à quoi ça sert de mettre un pied devant l'autre indéfiniment, mais ça a le mérite de me fait du bien. Je troque mon short en jean, contre un noir, que je mets souvent pour aller courir. Je sais déjà où je vais aller. J'aime bien aller courir sur la jetée, je me sens bien, un peu comme si j'étais moi. Je prends mes chaussures d'extérieur, et sors de ma chambre. Je file dans la cuisine, pour prendre une bouteille d'eau. Ce n'est pas raisonnable d'aller courir à cette heure là, mais, j'en ai besoin. Sinon, je vais péter un câble. Je m'immobilise, quand j'entends la voix de ma mère, depuis la terrasse.

« Aude ? Tu sors ?

- Oui je vais courir, je réponds, sans en dire plus.

- Non mais ça va pas, s'écrie t-elle, en rentrant à l'intérieur.

- Maman je vais avoir seize ans, tu peux me laisser sortir seule non ?

- Le problème n'est pas là, tu as vu la chaleur qu'il fait dehors ? Ce n'est vraiment pas raisonnable de sortir maintenant !

- Amanda, laisse la donc sortir si elle a envie, intervient mon beau-père, en me faisant un clin d'œil. Mieux faut qu'elle aille courir maintenant que dans deux heures.

- Tu as raison » soupire ma mère.

Mon beau-père m'adresse en sourire complice. De toutes façons, il aurait pu dire n'importe quoi, ma mère aurait acquiescer sans poser plus de questions. Ça m'énerve qu'elle lui donne systématiquement raison, sauf lorsqu'il me défend. Le bon côté des choses, c'est que j'ai de la chance de ne pas avoir écoper d'un connard suprême.

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant