Chapitre 39

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« Aude !!! » s'écrie une voix derrière moi.
Je vois Antonin qui court dans ma direction. Je me force à sourire. Au moins, il a l'air content de me revoir. Ses cheveux blonds, plutôt longs, volent au vent. Il arrive devant moi en quelques secondes, juste le temps pour moi, de me souvenir à quoi il ressemble.

« Franchement, je ne savais pas vraiment si tu viendrais.

- Et bien me voilà, je réponds, avec mon grand sourire de façade.

- Ouais, et tu vas grave t'amuser, tu vas voir !

- Tes parents ne sont pas là ?

- Non, ils sont partis avec Jeanne à la fac. Elle avait pas trop le moral.

- Ah oui. »

Pour être franche, je ne me souvenais même plus que sa sœur s'appelait Jeanne. Ce n'est pas comme si je l'ai fréquentée de nombreuses fois. Elle a donc dix-huit ans ce qui m'a permis d'aller à des soirées de plus âgés, où j'ai rencontré de nouvelles personnes, qui m'ont ensuite emmené à de nouvelles soirées. Bref, après c'est infini ! Tout ça pour dire, qu'on me connaît un peu partout dans cette ville. Dès que je sors quelque part, je tombe forcément sur une personne que j'ai croisé en soirée. Au début, je trouvais ça assez amusant ; et maintenant, je suis à la recherche de la recette de l'invisibilité.

Antonin me fait entrer chez lui. Rien n'a changé depuis la dernière fois, à part une bonne cinquantaine de personnes qui boivent et se déhanchent dans son salon. L'odeur de l'alcool me prend déjà les tripes. Je suis sur que ses parents ne savent même pas qu'il organise une fête. Mais après, ça, ce n'est pas mon problème.

Tout le monde se tourne vers moi. J'ai cru que j'allais tomber par terre, sous le poids des personnes qui m'ont sauté dessus. Après quelques secondes, je les reconnais tous. Je continue de sourire. On me met une bière dans la main, avant de repartir. Il reste quelques filles autour de moi, qui me complimentent sur ma robe, mon maquillage, ma coiffure. C'est insupportable. Je m'éloigne, en leur disant que je vais dire bonjour aux gens qui sont dehors. Je me rends compte de ce que j'ai dis qu'une fois que c'est sorti de ma bouche. Mais les filles n'ont pas l'air de rendre compte de mon faux pas. Elles continuent de me regarder avec leurs yeux pétillants. Soit elles sont déjà complètement pompettes, soit, je les ai hypnotisées. Si on va dehors, c'est soit pour aller fumer un joint, ou bien une autre sorte de drogue, soit, c'est pour aller se pelotonner dans les buissons, mais sûrement pas pour aller dire bonjour à tout le monde. Au moins, j'ai réussi à me débarrasser d'elles.

Dehors, il y a effectivement le coin des drogués qui me regardent avec leurs yeux rouges et leurs pupilles dilatées, mais aussi les trop bourrés qui combattent contre des monstres imaginaires. Je soupire. Au mois, je suis tranquille. Je m'assois sur un banc assez éloigné. Quand tout le monde aura trop bu, personne ne remarquera que je ne serai pas là. Je porte la canette de bière à mes lèvres, et la bois d'une traite. J'étais la spécialiste des culs secs avant. Apparemment, je n'ai pas perdu la main. Son goût me plaît toujours. J'aime bien la bière.

« Ah ah, tu peux faire croire ça à qui tu veux Aude, mais pas à moi ! »

Ok, je déteste la bière. Je recrache et vide le contenu de ma canette dans l'herbe. Je ne suis pas sûre que la bière soit un très bon engrais. Je n'aime pas l'alcool. Je trouve son goût horrible, mais, après toutes les soirées que j'ai faites, je me suis habituée à son goût, donc, maintenant, ça ne me donne plus envie de vomir, rien qu'à sentir l'odeur. Je soupire. Non vraiment, je n'arrive plus à me cerner. Je ne sais même plus quel personnage je joue, tellement j'en ai. Le pire, c'est peut-être que je ne sais pas non plus qui je suis réellement.

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant