Chapitre 29

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P°109 : Aude... Je suis vraiment minable... Terriblement minable... Déjà je t'accuse d'être à l'origine de ma dispute avec Théo... et en plus, j'essaie de te faire du mal... Tu as raison, je suis qu'une conne jalouse... Je t'entends me répondre : « Mais je t'aime quand même Margaux... L'amour fait faire des choses débiles, c'est toi même qui me l'a dit... »

Tu as raison... Mais n'empêche que je suis désolée d'avoir eu cette réaction débile. Ce n'est pas ta faute. C'est de la mienne. J'ai failli déchirer en mille morceaux cette stupide page, mais, je ne sais pas, je ne l'ai pas fait. Je crois que je me serais sentie encore plus mal de t'avoir caché toutes les horreurs que j'ai osé dire sur toi alors, à contre cœur, je l'ai laissée.

Je n'ai pas envie de dire ça, pas envie de te l'avouer, de me l'avouer, mais je me sens vraiment mal Aude... Je suis vraiment fatiguée, et chaque jour, les médecins découvrent un nouvel organe malade... J'ai peur Aude... Je me battrai jusqu'au bout, je te l'ai promis. Je donne mon maximum, mais, parfois, ça ne sert pas à grand chose. Il faut juste attendre que les médicaments fassent leurs effets, alors je me repose, en priant pour que je m'endorme. Au moins quand je dors, je ne sens rien, et je ne me prends pas la tête avec tous mes problèmes... C'est difficile, pour toi, Papa et Maman. Je le sais. Donc, comme je l'ai dit hier, je préfère que vous ne veniez plus me voir. Ce n'est absolument pas contre vous Aude, mais, sincèrement, je préfère que tu gardes une image de moi, riant avec toi, que dans un lit d'hôpital, à moitié sans vie... Tu ne crois pas ? Moi, c'est comme ça que je le vois. J'aimerai tellement de revoir, te prendre dans mes bras. Sauf, que ça te ferais plus de mal qu'autre chose... Il faut aussi que je te dise... Hier, tu sais, je me suis disputée avec Théo, suite à ta visite. Je ne t'en veux absolument pas, ne t'inquiète pas. Maintenant que ma colère est passée, je me sens plus coupable, mais bon... On est toujours ensemble, je te rassure, mais... ce matin, j'ai eu une vague d'énergie. C'est tellement rare ces derniers temps, que j'ai décidé d'aller voir Théo, pour mettre les choses au clair. Je l'aime et je ne veux pas le perdre à cause du dispute débile alors qu'il y a bien plus grave dans la vie (la preuve, nous sommes tous les deux à l'hôpital...). Quand je suis arrivée dans se chambre, il n'y avait personne. Vraiment personne. J'ai fait le tour du service, assise dans mon fauteuil roulant. Une infirmière, Paula, qui me voyait tourner en rond depuis plusieurs minutes, est venue à ma rencontre. Je lui ai demandé où était Théo, car je devais lui parler de toute urgence (à l'hôpital, tout le monde sait qu'on est ensemble donc on ne se cache pas, et on a trop besoin des infirmières pour nous pousser dans nos fauteuils roulants quand l'un veut rendre visite à l'autre). Elle m'a vaguement expliqué qu'il s'est passé un truc cette nuit par rapport à Théo. Sauf que je ne sais pas quoi. Paula m'a essayé de me rassurer en me disant qu'elle n'avait rien le droit de révéler, mais qu'il était toujours en vie et entre de bonnes mains... Oh Aude... Si tu savais comme j'ai peur pour lui... Je ne veux ABSOLUMENT pas qu'il lui arrive quelque chose ! Je ne me le pardonnerai jamais ! Jamais, jamais... Je l'aime et il mérite amplement de vivre alors, je lui interdis de mourir ! Il n'a pas le droit ! Une belle vie l'attend, alors même si lui et moi on ne sera plus ensemble, je m'en fiche, car je ne pourrai pas supporter qu'il meurt... Oh Aude, je m'en veux tellement ! Du coup, il a été transféré dans un autre service d'urgence... Je me sens horriblement conne : je lui criais dessus comme du poisson pourri, alors que lui était au plus mal... Le pauvre... Et j'ai beau supplié aucune infirmière ne me donne la moindre information... Le pire, c'est que tout le monde s'obstine à me dire que ce n'est pas grave, mais à moi, on ne me la fait pas... à mon avis, c'est sûrement grave, sinon, on me rassurerait... Si tu savais comme j'aurai préféré être à ses côtés, plutôt que dans mon lit, à chercher le meilleur moyen pour qu'il comprenne que j'étais très vexée, et qu'il allait devoir faire des efforts. Aude, je suis désolée, mais je ne peux pas continuer d'écrire ce soir, car je suis à bout de forces... La chimio me bouffe toute mon énergie... J'ai même l'impression qu'elle me détruit encore plus que le cancer... Bien sûr, c'est faux, mais les deux s'attaquent à moi : la chimio a pour but de détruire les cellules cancéreuses, sauf, qu'au passage, elle détruit aussi les bonnes cellules. Le cancer, je ne sais pas quel est son objectif... Il m'envahit petit à petit, chaque jour, il se construit un peu plus de moi-même... Quelle saloperie cette maladie...

Bonne nuit Aude, fais de beaux rêves ma sœur-chérie-d'amour-que-j'aime-le-plus-au-monde, et sache que quoi qu'il arrive, tu resteras à jamais dans mon cœur de cancéreuse...

N'oublie pas que l'espoir fait vivre... »

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant