Chapitre 5

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P°3 : Bonjour petite sœur, comment vas-tu, en ce jour du onze avril 2015 ? Bien je l'espère. Je sais que tu me répondras que le plus important, c'est que moi j'aille bien, bla bla bla, mais qu'est ce qu'on s'en fout ! Tu vois, autour de moi tout le monde s'inquiète et personne ne me parle franchement, sauf toi. On me demande sans arrêt si je vais bien. Je réponds « Oui, ça va mieux », ou « ça va » tout court. Pas toi. Hier soir au téléphone, tu ne me l'as pas demandé. Tu m'as juste dit : « Ça ne sert à rien que je te demande si tu vas bien, parce que sinon tu ne serais pas à l'hôpital donc, je sais que ça va mal ». Ça m'a fait du bien d'entendre ça. Tu as toujours été franche. Ça me saoulait quand parfois tu me balançais la vérité, quand on était à la maison. Tu te souviens sûrement quand quelques jours après que je sois partie, tu m'as dit : « Margaux, jet'interdis de mourir, tu m'entends ! Bon, même si tu meurs je ne t'en voudrai pas, mais, qu'est-ce que je ferai sans toi hein ? Bah je me ferai chier ! Bah oui Margaux même si parfois tu me gaves à lire, à ne pas écouter quand je te parle, bah tu restes ma sœur, merde, et bah, je t'aime, alors quoi qu'il en soit, je ne veux pas que tu meurs ». De grosses larmes avaient coulé de mes joues. Personne ne m'avait dit ça Aude. Tout le monde s'arrangeait pour ne pas employer le verbe « mourir ». Mais toi, non. Derrière j'ai entendu Papa et Maman t'allumer. Lorsque Maman a repris le téléphone,elle t'avait excusé, mais au fond, ça m'a tellement soulagé que tu m'aies dit ça. Pour tout te dire, ce jour là, on venait d'apprendre que mon cancer ne réagissait pas au truc. Je n'avais pas forcément le moral, j'avoue, mais bon, toi, ma sœur, tu as toujours su me le remonter, et pas forcément de façon volontaire, et c'est ce que j'admire chez toi. J'aime ta joie de vivre ! J'espère qu'au moment même où tu lis ce mot, tu ris toujours autant qu'avant. Hein ? Non, je m'en doute que non, mais fais-moi le plaisir de rire aujourd'hui. Oui tu te dis que je ne suis pas là pour entendre ton beau rire, mais si. Je suis là Aude. Tu vois, si jamais je réussis à survivre, je brûlerai ce livre et reprendrai ma vie là où je l'ai laissée. Au moment même où je t'écris, je ne sais pas encore si je vais mourir. Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne sais pas. Mais bon, que je sois morte ou pas, je veux que tu saches que je t'aime ma-sœur-chérie-d'amour.Oui, je t'aime plus que tout. Chaque matin, j'attends un de tes petits mots. Le soir, j'attends tes appels. La journée, je t'imagine au lycée, dans les bras de ton petit copain. D'ailleurs, il y a une question que j'aimerai te poser Aude : est-ce que tu l'aimes vraiment ce petit Alexis ? Moi je pense que non. Tu n'es pas amoureuse de lui. Si ça se trouve, tu n'es même plus avec lui... Même si je ne saurai sûrement jamais la réponse, car je ne te poserai jamais cette question autre que dans ce livre, je pense que non, que tu ne l'aimes pas, enfin j'en suis même certaine. Aude, un jour tu m'as demandé ce que ça voulait dire être amoureuse. Je ne me souviens plus trop comment tu avais formulé ça, mais, c'est ce que tu sous-entendais. Je n'avais pas su répondre, mais, je vais te le dire maintenant : être amoureux, c'est unique pour chaque personne. Chaque personne a sa définition de l'amour et aime d'une manière différente. Moi jet'aime comme une sœur, une meilleure amie. Ça me fait dévier sur un truc secret, qui devra impérativement rester entre nous. Tu sais que je suis en couple avec Max depuis un certain temps. Oui je l'aime toujours, mais bon... Il y a un léger problème : je crois que je suis amoureuse de Théo. Oui, tu sais, le garçon aux yeux bleus dans mon service... Ce matin, quand je me suis réveillée, il était sur la chaise en face de mon lit, et m'observait à la dérobée. Ça faisait quelques jours que je ne l'avais pas croisé, car il était rentré chez lui. J'ai été hyper troublée quand je l'ai vu, avec ce regard si intense posé sur moi. Il m'a simplement souri. Je lui ai demandé pourquoi il me regardait. Et il m'a répondu de la manière la plus naturelle au monde : « Parce que tu es belle». J't'explique même pas comment j'ai rougi. On n'a pas bougé de ma chambre de toute la journée. L'après-midi, il était allongé à côté de moi. Pourquoi ? Je n'allais pas hyper bien et lui était très fatigué. Les médecins voulaient essayer une chimio plus forte, plus offensive. J'ai cru que j'étais au bout de ma vie Aude. Mais lui, il était contre moi, à me rassurer. J'étais dans un demi sommeil, mais en même temps,j'enregistrai chacune de ses paroles et de ses gestes. Quand j'y repense Aude, mon cœur fait un bond dans ma poitrine ! Par contre chuuutt ! Je t'entends déjà râler en disant que je peux te faire confiance, bla bla bla ! Oui j'ai confiance en toi Aude, c'est pour ça que je t'en parle.

Voilà Aude, ce que j'ai à raconter. Je vais aller me coucher, et je ferais le contre-rendu de demain, eh bien, demain soir, si je ne suis pas trop fatiguée, d'accord ? Bonne journée, bonne nuit mon cœur ! Je t'aime plus que tout Aude, et n'oublie pas : « L'espoir fait vivre ». À demain ma chérie !

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant