Chapitre 38

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Il est seize heures. Je suis habillée, maquillée, coiffée et pas motivée. Ma mère a sauté de joie quand je lui ai parlé de mes projets, et mon beau-père a eu un grand sourire. Comme si le fait que j'aille me bourrer était positif. Lorsque j'ai répondu par l'affirmatif à Antonin, je pense qu'il a défoncé le plafond. J'ai reçu pleins d'autres messages (la nouvelle a du aller vite), de personnes qui voulaient savoir comment je m'habillais, si on pouvait mettre du orangé sur ses yeux bleus, si les talons noirs ce n'est pas trop classique. Je n'avais qu'une envie : tous les renvoyer balader, mais j'ai décidé que j'aillais être gentille, que j'allais m'amuser, et boire. Donc, j'ai été gentille et il me reste plus que les deux autres points à faire. Je pense que ça va être plus simple de boire que de m'amuser, mais bon, on ne sait jamais avec l'alcool.

J'ai enfilé un bustier blanc car comme je disais souvent, le blanc et la peau bronzée c'est magnifique. Je me suis lissée les cheveux, ce qui a du prendre une bonne heure, avec la longueur que j'ai : je me suis mise sur mon trente et un quoi. Je déteste me maquiller de trop, donc, j'ai fait un maquillage de soirée le plus sobre possible. Une fois mon ras du cou attaché, je descends pour que ma mère, qui s'est empressée de me proposer de m'emmener, puisse me conduire chez Antonin. Lorsqu'elle m'a vu, j'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque.

« Pourquoi fais-tu toujours cet effet là au gens ?! »me demanderait Margaux, en riant, ou en criant, selon le contexte.

Les garçons m'ont dit que j'étais aussi belle qu'une princesse. Je leur ai répondu qu'ils n'avait jamais vu Cendrillon, et donc qu'ils ne pouvaient pas savoir ce que c'était qu'une princesse. Ma mère a souri. Combien de fois a t-on regardé Cendrillon toutes les trois, moi, Margaux et elle ? Une bonne centaine de fois. J'ai tellement aimé ce dessin animé. J'étais émerveillée par les robes, le château, les petites souris bienveillantes. Si bien, que j'ai voulu avoir moi aussi des souris. Sauf que mes parents n'ont jamais voulu, et maintenant, je les remercie de m'avoir éviter cette humiliation. Je m'imagine très bien, à six ans, devant ma cage à souris en train de demander qu'on me fasse une belle robe de princesse. Je ris intérieurement. Malheureusement pour moi, Jack et Gus ne sont jamais venus me consoler. Ignobles souris, je pense, lorsque je m'assois dans la voiture, enfin plutôt dans mon carrosse.

« Je t'emmène chez qui ? me demande ma mère.

- Antonin, je lui réponds.

- Ah, ça faisait un petit moment que je n'avais pas entendu parler de lui, rigole ma mère, et d'ailleurs, tu devrais lui proposer de venir manger à la maison mercredi, non ?

- Maman... Je te rappelle qu'il sort avec Mélissa, je soupire, en voulant couper cette la discussion à court le plus vite possible.

- Je ne vois pas le rapport chérie. »

Je souffle.

« Eh bien, si ça pose un problème, invite aussi Mélissa aussi ! C'est ton amie, non ? »

Ma mère est impossible. Je fais un effort pour aller en soirée, aussi pour la rassurer, mais, ce n'est pas assez. On lui donne un doigt, elle vous bouffe la main. Il est hors de question que ces deux là viennent me tenir compagnie !

« Contente toi de me conduire chez Antonin. » je murmure.

Ma mère me regarde sans comprendre, avant de se concentrer sur la route. Je suis allée des millions de fois chez Antonin. J'aime bien sa maison. Elle est grande, meublée avec goût. Sa grande sœur est sympa. Je m'entendais super bien avec elle avant, mais c'était avant. En fait, les gens continuent de m'aimer, personne ne me rejette, c'est juste moi qui mets de la distance sans trop savoir pourquoi. Enfin si, ça ne m'intéresse plus d'être populaire. C'est agréable, quand on a envie, et qu'on assume. Je n'ai pas envie, et je n'assume plus. La maladie de Margaux a été un prétexte aussi pour m'éloigner de tout ça. N'empêche que les gens m'aiment toujours. J'aurai préféré qu'on me déteste. Ça aurait été plus facile pour moi, et ça m'aurait donné une vraie raison de les détester eux aussi mais bon...

« On est arrivé. » me prévient ma mère.

Effectivement, j'aperçois la villa de mon « meilleur ». Je saisis mes affaires et je sors de la voiture.

«Amuse toi bien, et envoie moi un message si tu as besoin que je te ramène, sourit ma mère.

- Oui j'y penserai. »

Elle me sourit une dernière fois, et je claque la portière. D'autres parents auraient déjà eu du mal à accepter cette soirée la vielle de la rentrée, et ils auraient bien dit à leurs enfants de ne pas boire, de ne pas fumer, ni cigarette ni drogue, et toutes les recommandations qui vont avec. Pas ma mère. Elle a l'air bien trop contente de me voir sortir pour me poser des conditions. En tous cas, je n'ai pas envie d'y aller, et je sens que je vais être fatiguée demain. Heureusement que je ne dors pas des masses.

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant