Chapitre 21

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Je repousse la couverture. J'ai chaud. Voilà, c'est dit... Le cancer de Margaux a été sous-estimé... Je me lève pour aller prendre une douche. Je suis toujours en affaires de sport, et tous ces souvenirs, m'ont fait terriblement transpirer. En me levant, j'aperçois mon portable qui clignote. J'y jette rapidement un coup d'œil. Trois messages. Y en a t-il un de Théo ? J'hésite. Puis, je continue mon chemin. Si j'ai le courage, je les lirai plus tard. Il ne faut pas que j'attache trop d'importance au fait qu'il veuille rerentrer dans ma vie. Oh et puis zut ! Je me retourne, et me jette délibérément sur mon portable. J'essaie de le déverrouiller le plus vite possible. Sauf qu'à vouloir aller vite, je me trompe dans mon code. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... et bloqué.

« Et merde !! » je crie, en voyant que je vais devoir attendre trente secondes.

J'ai vraiment une poisse impressionnante ! 27...26...25... Et une patience très limitée. 18...17...16... Je fixe mon écran, en faisant le décompte dans ma tête. 10...9...8... Franchement, pourquoi les secondes sont-elles aussi longues ? 4...3...2...1... Je fais mon code, sans me tromper cette fois. Effectivement, j'ai bien trois nouveaux messages de Théo. Je les lis, le cœur battant.

« Aude... Je suis désolé... Je ne m'attendais pas à te voir, là toute seule... Je n'ai pas pu m'en empêcher... Ne le prends pas mal ! » premier message, envoyé à onze heure quarante-deux.

« Tu m'en veux c'est ça ?», envoyé à quatorze heure trois.

J'ai envie de pleurer.

« AUDE !! Écoute moi ! J'ai besoin de toi, tu es ce qui me rattache à Margaux, j'ai besoin de t'avoir, et de te savoir à côté de moi ! Je sais que ça ne changera pas tout, mais, on peut au moins essayer. Et puis, quand je t'ai vu, de dos, tes longs cheveux blonds lâchés, j'ai eu du mal à te reconnaître. Pourquoi ? Tu étais déjà toute fine il y a un quatre mois, mais alors là ! Wouh, Aude, tu ne dois pas faire plus de 40kg ! Qu'est ce qui ce passe dans ta tête ? Tu as besoin d'aide, j'en suis sûr ! Réponds moi, s'il te plaît... Ma petite Aude, ne me laisse tomber ! N'oublie pas... que l'espoir fait vivre...» envoyé à vingt-trois quarante-cinq.

Je pleure. Que répondre à ça... Non, l'espoir ne fait pas vivre. On en a la preuve. Je tape au hasard sur les touches, trop désespérée pour écrire quelque chose de censé. Espérons qu'il comprenne, alors que moi-même, , je ne comprends pas ce que j'essaie de lui dire.

« Je suis avec toi, tu le sais... Mais voilà, j'ai appris cette nuit que tu sortais avec ma sœur. Moi, je croyais que tu t'appelais Maxence, que tu sortais avec ma sœur depuis quelques mois. Pour moi, Théo c'était le meilleur ami de ma sœur, dont je n'avais plus de nouvelles et j'espérais qu'il soit toujours en vie. Mais non, en réalité, ce n'est pas Maxence qui m'a pris dans ces bras à... l'enterrement de ma sœur, c'est toi. Toi le mec avec qui elle a trompé son gars.Ça fait un choc quand même d'apprendre tout ça d'un seul coup. Ma sœur m'a menti sur beaucoup de choses dont ton identité. Je croyais connaître Maxence, alors qu'en fait, ce gars que je croyais connaître, c'était toi, Théo. Bref, tout est encore un peu le flou dans ma tête. En tous cas, tout ça est très ambiguë et je ne comprends pas pourquoi tout ce mystère... Et non, je pèse plus de quarante kilos, ne t'inquiète pas, de ce côté là, je n'ai pas de problèmes.»

Je pense que vous n'avez pas tout compris ! Moi non plus, d'ailleurs, faisons le point. Je m'assois sur mon lit, bien décidée à percer l'énigme qu'était ma sœur. Margaux était dans un service de jeunes, et s'entendait très bien avec un jeune garçon appelé Théo. Avant de tomber malade, elle sortait avec Maxence. Pendant le week-end du six mai, j'ai rencontré Théo de l'hôpital, sauf qu'il se faisait passer pour Maxence, son petit ami, dont elle était visiblement amoureuse. Et puis, quand elle est partie, Théo a continué de jouer le rôle du petit-copain. Tout cela est bien compliqué ! Et alors, Maxence dans tout ça ? Qu'est-il devenu ? En fait, je ne l'ai jamais vu, c'est ça ? Ouh là là ! Pourquoi tout ce scénario ? À quoi bon faire passer Théo pour son petit-copain ? Elle aurait très bien pu quitter Maxence, ça aurait été plus simple et moins douloureux pour tout le monde, non ?

Brrr.

Mon portable vibre. La réponse de Théo. Et bien, il est matinal le garçon ! Moi qui ne pensais ne pas avoir de réponse avant midi !

« Content que tu m'aies répondu ! Oui, je comprends... mais, bon, même si tu n'as pas de problèmes de poids, fais attention. Et puis, c'est sûr que ça ne doit pas forcément faire plaisir de savoir que sa sœur et son petit-copain ont menti. Tu nous en veux ? »

Je relie le message plusieurs fois. Il a bien dit « nous » ? Pourquoi ne dit pas t-il tout simplement « me » ?

« Pourquoi nous ? »

Je fixe l'écran quelques minutes. Aucune réponse. Je mets mon portable en veille, et sors de ma chambre. Il est neuf heure passées. Les garçons sont réveillés, ce qui est étonnant, eux qui ne sont pas levés avant... minimum onze heure. Je prends mon bol, le rempli, et sors sur la terrasse. Ma mère et mon beau-père discutent. Lorsqu'ils me voient arriver, leurs regards s'arrêtent brusquement sur moi. Sans qu'ils aient besoin de me poser la question, je leur dis instinctivement :

« Oui je vais mieux. »

Ils hochent la tête en même temps, apparemment soulagés. De toutes façons, j'aurai pu arriver avec une tête de morte vivante, en leur disant que j'allais bien, ils m'auraient cru. J'imagine que c'est plus simple pour eux. Je m'installe à l'autre bout de la table, le plus loin possible.

« Aude ? » m'appelle ma mère.

Je relève la tête.

« Oui, je réponds, curieuse de ce qu'elle va me dire.

- Puisque tu vas mieux, et qu'il prévoit de faire beau, nous prévoyons de sortir, tous les cinq. »

Je la regarde. Elle a l'air contente. Je soupire silencieusement. C'est vrai que j'ai vraiment besoin de me changer les idées, mais je ne pense pas qu'une sortie en famille soit l'idéal.

« Où ? je demande, pour mesurer le taux d'ennui potentiel.

- On va aller à la jetée, pour déjeuner et après on ira se balader sur la promenade, histoire de faire un peu les boutiques. » explique mon beau-père tout souriant.

De vrais touristes. Ce n'est pas comme si nous connaissions déjà tous les restaurants de la ville, tout comme les magasins sur la promenade. Et moi, la jetée, pour toutes les fois où je m'y suis réfugiée. Je crois que j'aurai du mal à y retourner, sans avoir peur de faire une mauvaise rencontre. Au moins, avec ma « famille », personne ne risque de m'aborder, alors, de ce côté là, je suis plutôt tranquille.

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant