Quand je me réveille, je suis allongée dans un lit, un pied en dehors. Je ne me souviens pas de grand chose. Ah si... Le seul souvenir que j'ai, c'est lorsque je suis rentrée à l'intérieur car je me faisais chier dehors (pardon pour le gros mot...)... Du moins, ça a dû se passer comme ça... Après, plus rien. Pouah, J'ai la tête lourde, le gorge qui me brûle. Je me lève pour aller boire un verre d'eau. Je tiens à peine debout. J'entre dans la salle de bain en titubant. Je me regarde dans le miroir. Ma coiffure s'est complètement défaite, mais mes cheveux lâchés ressemblent au moins à quelque chose, mon rouge à lèvres a bavé et il ne me reste plus grand chose sur les yeux, mais sinon, le tout est à peu près potable. Je baisse les yeux, et je remarque que je suis en soutien-gorge. Je recule. Oui, je suis en sous-vêtements. Merde, je ne me souviens pas m'être déshabillée. Je retourne dans la chambre pour renfiler ma robe. Je la trouve, dans le coin de la chambre. Mes chaussures à un autre bout. Mais que s'est-il passé ?
« Aude ? » marmonne une voix endormie.
Je me retourne vers le lit. Un garçon, emmitouflé dans les couvertures, me regarde avec de grands yeux bleus. Théo. Je me rue dans la salle de bain, trop gênée qu'il me voit comme ça. Qu'est-ce qu'il fout là bordel ?
« Aude reviens, ne t'inquiète pas... » me rassure t-il, à présent bien réveillé.
Je me rhabille en vitesse pas très à l'aise dans cette petite tenue, remets mes talons, efface le surplus de maquillage, et finit par sortir de la salle de bain, complètement déboussolée. Je jette un coup d'œil au réveil : il est presque minuit. Je crois que j'ai dû renter à l'intérieur vers dix-sept heures. Mais que s'est-il passé les sept dernières heures ? Je vois un Théo tout sourire qui m'invite à m'asseoir sur le lit. J'hésite.
« Je suppose que tu ne te souviens pas de ce qui s'est passé, soupçonne t-il.
- Exactement, et j'aimerais savoir, je réponds, gênée.
- Je préférerai que...
- Je m'en fiche, je le coupe, je veux juste savoir ce qui s'est passé...»
Il soupire.
« Assis toi, et je t'explique tout. »
Pour une fois, je ne conteste pas et obéis.
« Alors ? j'insiste, une fois assise à une bonne distance de lui.
- Eh bien, il faut d'abord que je te dise que je n'ai pas trop bu, enfin, pas assez pour avoir oublier ce qui s'est passé. Donc je n'invente rien.
- Alors dis moi ! je souffle, presqu'en m'énervant.
- C'est bon, calme toi... Tu es arrivée vers seize heure trente. Je n'ai pas voulu t'approcher car je ne savais pas comment tu réagirais après... tout ça. Tu étais occupée à essayer de te débarrasser des filles qui te tournaient autour, quand soudain tu as disparu. Je t'ai cherchée pendant une bonne demie-heure. Tu es revenue plus tard, une bière vide à la main. On t'a proposé un verre de vodka, et tu ne t'es plus arrêtée. Franchement, je ne pensais pas que tu pouvais ingurgiter autant d'alcool. Je te regardais danser avec d'autres mecs, avec, j'avoue, l'envie d'être à leur place. Je me demande comment tu faisais pour tenir sur tes jambes. Au passage, j'aime beaucoup la manière dont tu te déhanches. »
Je me mors les lèvres. Comment est-ce que j'ai pu faire ça ? Et pourquoi il balance tous les détails ? J'en ai rien à faire de savoir combien de verre j'ai bu ! Juste est-ce qu'on a... ?
« Et puis, une fois que tu en as eu marre de danser, tu t'es mis dans la tête d'aller fumer un joint. Tu t'es assise sur les genoux d'un mec bien plus âgé que toi, tu lui as enlevé son joint, et l'as fourré dans ta bouche d'une manière... mmh, terriblement provocante. Tu as dû tirer deux ou trois fois avant de te mettre à tousser. Les mecs autour de toi étaient trop défoncés pour te venir en aide. Alors, je suis venu te chercher pour éviter que tu craches tes poumons. Ça faisait un petit moment que je t'observais, et je me doutais que de fumer un joint n'arrangerait pas ton état. À mon avis, tu n'es pas une grande consommatrice.
- Pourquoi ? Toi si ?
- Disons qu'avant de mourir, on veut toujours des choses que l'on n'aurait pas pu faire en temps normal. Puisqu'on ne peut rien refusé à un cancéreux, mes parents n'ont pas vu d'inconvénient de me laisser fumer de la weed puisque de toute façon, j'allais mourir.
- Tu n'es pas mort. »
Il continue, sans faire attention à ce que je dis.
« Je t'ai ramené à l'intérieur, et j'ai demandé à Antonin une chambre pour que tu puisses te reposer. Il était complètement soûl, pire que toi, mais il a quand même compris que tu n'allais pas hyper bien. Tu ne tenais plus sur tes jambes, et tu menaçais de vomir chaque seconde. Je t'ai portée jusqu'au premier étage. J'ai dû monter un peu trop vite, car à peine j'ai posé le pied sur la dernière marche, que tu as vomis. Tu as dégueulé pendant deux ou trois minutes. Ma pauvre... Je ne t'avais jamais vu dans cet état. Je t'ai emmené dans la première chambre que j'ai trouvée, et t'ai allongé sur le lit, pendant que je nettoyais tes conneries.... »
Je suis horrifiée. Je me sens ridicule. J'ai vraiment fait n'importe quoi... Je crois que j'ai toujours su arrêter à temps, mais, là apparemment, je devais être trop désespérée pour respecter mes limites. Quand même, je n'en reviens pas : j'ai fumé un joint, moi qui fuit la drogue comme la peste ! Bon, en même temps, ça ne doit pas être la première fois que je fais ce genre de choses... Mon moi avant était pas mal influençable...
« Désolé...», je murmure en baissant la tête, trop honteuse pour le regarder.
Il se rapproche de moi.
« Désolé de quoi ? il demande.
- Bah tu as du t'occuper de moi, nettoyer... beurk, c'est vraiment dégueu ! »
Je relève les yeux. Il fait une drôle de tête. Je l'interroge du regard, mais, il ne dit rien. Je décide de poser franchement la question. Mon dieu, après tout ce qui m'a dit, je redoute ce que j'ai pu faire d'autre...
« Et ensuite, quand tu as eu fini de tout nettoyer tu as fait quoi ? je l'interroge, consciente de la forte probabilité pour qu'il se soit passer quelque chose entre nous après.
- Et bien, j'ai cru que tu ne me demanderais jamais !
- Dis moi que...
- Ne t'inquiète pas, on a pas couché ensemble. » me coupe t-il en rigolant.
Je ne trouve pas ça drôle. Absolument pas. Mais je n'en dis rien. Intérieurement, je pousse tout même un soupire de soulagement. Vu l'état dans lequel je me trouvais, j'aurais pu faire n'importe quoi.
« Il s'est passé quoi alors ? je lui demande, légèrement rassurée.
- Mmh, la version longue ou courte ? »
Je regarde le réveil. On a encore le temps de papoter pendant quelques heures. Je me laisse deux heures : à trois heures, je dois être rentrée chez moi pour cuver cette gueule de bois.
« Longue.
- Et bien, quand je t'ai rejoint, tu t'es mise à pleurer dans mes bras pour je ne sais quelle raison. À vrai dire, je commence à avoir l'habitude que tu pleures, et je t'avoue que je ne cherche plus trop à comprendre... Mais là, tu n'arrivais vraiment plus à t'arrêter. J'avais beau te consoler du mieux que je pouvais, et te promettre que tout allait s'arranger, ça n'a rien fait. Je me suis dit un instant que je devrais peut-être te ramener chez ta mère, mais j'ai fait preuve d'un grand égoïsme, et je t'ai gardé serré contre moi. Tu as fini par te calmer, au bout de quelques heures. Je mourrais d'envie de t'embrasser. J'ai fait une tentative, et tu ne m'as pas repoussé. Bien sûr, je suis conscient que j'ai profité de ta faiblesse, et j'en suis désolé. On aurait pu aller plus loin, si au bout d'un moment, tu ne m'avais pas dit stop. Même complètement bourrée, tu avais des barrières. Je n'ai pas insisté car je ne suis pas un salop, et que j'avais déjà un peu abusé de toi... même si tu étais largement d'accord... Tu as fini par t'endormir dans mes bras, en sous-vêtements.»
Certes, on a échappé au pire, mais ce n'est pas rien non plus. J'ai failli couché avec l'ex petit-copain de ma sœur. Qui est morte...
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Et moi, j'ai dû rester...
Teen FictionOn n'a pas tous la chance de survivre. Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas, loin de là. Margaux est partie, et Aude a dû rester. Mais comment faire pour vivre sans sa sœur chérie ? Aude n'a jamais demandé de rester. Sauf qu'elle n'a pas eu le choi...