Et moi, j'ai dû rester...

Chapitre 26

Quand je les aperçois, j'ai l'impression d'avoir fait cent kilomètres. J'ai du faire à peine huit cent mètres. Ils n'ont l'air de ne rien remarquer. Tant mieux. Je n'aurai pas eu la force de m'expliquer. Je ne marche plus trop droit. J'ai la vue qui se brouille. J'ai soudain un haut le cœur. Je file aux toilettes pour ne pas me décomposer en public. Personne. Je me précipite au-dessus de la première cuvette. J'y vomis tout mon chagrin.

« Aude ? Aude, où tu es ? demande ma mère, en entrant à ma suite.

- Je suis... »

Je n'ai pas le temps de lui répondre. Nouveau haut le cœur. J'ai l'impression de cracher tous mes organes. L'odeur est insoutenable. Ma mère, me trouve, à genoux, en train de pleurer, et en vomissant tout ce que je peux. Elle se jette sur moi.

« Oh ma puce ! »

Je finis pas me calmer après avoir vider mon estomac et mes intestins. Ma mère m'essuie le visage. Heureusement pour moi, mes habits ont évité le massacre. Elle me prend contre elle. Je me mets à pleurer. Oui, à pleurer. Ma mère ne cherche pas à comprendre, elle ne dit rien.

« Je sais Aude, je sais que tu vis un enfer... J'aurai préféré que Théo ne rerentre jamais dans ta vie, mais, bon, c'est peut-être mieux non ?

- Mais Maman... je sanglote.

- Oui, c'était le copain de ta sœur... Aude, c'est du passé... Pourquoi, pourquoi est-ce que tu t'interdis de vivre ?

- Il... il m'a dit la même chose, j'arrive à articuler.

- Alors, c'est bien qu'il y a un problème non ? »

Je ne réponds rien. Oui, c'est peut-être ça le problème.

« Maman ?

- Oui ?

- Comment tu le sais ? » je demande d'une petite voix.

Elle sourit avec son sourire mystérieux qu'elle sait si bien faire. Ma mère faisait du théâtre quand elle était petite.

« Ça fait quelques jours maintenant que j'ai reçu le message d'un certain Théo. Tu te souviens que je suis partie la semaine dernière, pour un rendez-vous important ?

- Oui.

- Eh bien, c'était lui et il voulait me voir. Bien sûr, j'ai accepté. On s'est rejoint dans un café en centre-ville. Je lui parlé de toi Aude. Je me suis, j'avoue, un peu confiée à lui. On a un peu évoqué ta sœur, mais, c'est encore un peu délicat pour moi. Lui, je vois, qu'il en souffre, mais que ça le soulage d'en parler.

- Je sais... je murmure, en m'appuyant contre elle.

- Ta sœur a du te dire qu'elle voulait pour toi, un Théo, non ?

- Oui, je souris.

- Eh bien, dans les dernières semaines, où j'ai pu l'avoir au téléphone, je l'ai trouvée en pleurs.

- Mais pourquoi ? j'interviens surprise.

Décidément, on me cache beaucoup de choses.

« Eh bien, tu vas avoir du mal à le croire, mais Théo lui avait avoué qu'il t'aimait bien... »

Je la regarde. J'ai du louper un épisode là. À chaque discussion, je découvre un truc que je n'imaginais pas. Tout le monde a décidé de me mentir ou quoi ?

« Je ne comprends pas...

- Margaux n'a pas dû t'en parler... m'avoue ma mère, en se mordant les lèvres, sûrement car elle en a trop dit. Théo me l'a appris la semaine dernière...