Chapitre 19

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Quand je rouvre les yeux, mon réveil indique trois heures du matin... Au moins, j'ai rattrapé mes heures de sommeil manquées. Je m'assois et pose la tête contre le bois de mon lit. Je sens une petite bosse sous mes fesses. Sans regarder, je sais déjà ce que c'est. Je le sors de sous le matelas. Il m'attend patiemment, gardant tous ces secrets bien au chaud en attendant que je me décide à les lire. Je jette un regard circulaire autour de moi. Il n'y a rien d'autre à faire de toutes façons. Quoi de mieux que de se plonger dans le passé de sa sœur ? C'est ironique bien sûr, mais à ce moment même, ce n'est pas ce qui m'enchante le plus. J'aurai largement préféré me rendormir, disons, pendant une bonne grosse dizaine d'années...

P°5 : Hello toi ! Comment vas-tu ? Moi, ça va hyper bien ! Nous sommes le samedi neuf mai, et tu vois, même si je t'ai quittée ce matin, à l'aube, et bien, j'ai besoin de t'écrire. J'ai besoin de raconter ce magnifique week-end que j'ai passé avec toi et Théo (euh oui, Théo... Attends, ne t'affole pas, je vais t'expliquer.) ! Vous êtes les personnes qui comptent le plus pour moi ! Bon, toi, un peu plus que lui, j'avoue ! Alors, je vais tout te raconter, dans les détails, pour que tu te souviennes à jamais de ces trois jours, qui ont été les plus beaux de ma vie (je ne rigole pas, c'est la vérité) ! Donc, vendredi six mai 2015, vers quatorze heure, je suis sortie de l'hôpital, pour rentrer à la maison. Oui, parce que ça m'es arrivée de sortir de l'hôpital mais de ne pas rentrer à la maison : Papa et Maman estimaient que ça serait trop difficile pour toi. Je suis désolée Aude. Donc voilà, la première fois depuis mon entrée, qui remonte au mercredi vingt-cinq mars (j'ai compté, ça fait quarante deux jours qu'on s'est pas vues). Bien sûr, j'avais dit à Papa et Maman, qui s'étaient libérés pour venir me chercher, de ne pas te le dire. Dans la voiture, je peux te dire que mon cœur battait fort, très fort ! Par la vitre, je voyais la rue, les passants qui marchaient, affolés, en retard, ou tranquillement, gambadant, le nez en l'air. C'est bête de te dire ça, mais, je n'avais plus l'habitude de voir tout ça ! L'hôpital, c'est un peu un lieu où le temps s'arrête. Tout en différent, on se croirait presque dans une autre galaxie. Bref, j'avais trop envie d'arriver à la maison, et de te voir. Papa m'a aidé à descendre de la voiture. Je ne tenais plus debout tellement j'avais hâte. Pas de passer ce week-end, pas de voir Théo car pour le coup, je m'en fichais royalement, non, c'est toi que je voulais voir ! Quand je suis entrée dans la maison, tu étais en train de faire tes devoirs, devant la télé (d'ailleurs, je ne te félicite pas pour ça !). Tu as tourné la tête. Je pense que tu t'attendais à voir Papa ou Maman, et tu m'as aperçu, moi, ta sœur, malade, tenant à peine sur ses jambes. Je pense que dans ta tête tout s'est bousculé d'un coup. En tous cas, tu as bondis du canapé, et tu m'as sauté dessus. Littéralement. Comme tu dois t'en souvenir, nous sommes tombées à la renverse, toutes les deux, en larmes, mais en même temps, en riant. Derrière nous, je voyais les parents qui nous regardaient d'un air attendri, et à moitié-rieur. Je me suis sentie tellement bien Aude, à ce moment là. Te sentir dans mes bras, c'est tout ce que je souhaitais ! Je vais passer un peu, car sinon, je vais écrire sur tout le carnet ! On est montée toutes les deux, sans se lâcher, dans ma chambre. C'est fou d'être aussi fusionnelle avec sa sœur. Je t'ai tout de suite mise au courant de mon projet, enfin, de celui de Théo/Maxence : le soir même, il avait une fête chez l'un de ses potes, où tu étais bien sûr conviée, et sans objection, et le samedi soir, il prévoyait déjà une autre sortie, mais je ne savais pas encore quoi. Tu m'as regardé avec tes yeux de biches. Les larmes perlaient au bord. Je t'ai prise dans mes bras. Je me sentais tellement bien Aude, dans tes bras. Je ne peux pas te dire pourquoi, mais si tu savais tout le bien que ça m'a fait de passer ces trois jours avec toi, toi, toi et encore toi ! Après, vers dix-neuf heures, nous nous sommes préparées pour cette fameuse soirée. Tu étais excitée comme une puce. J'avoue que moi aussi. Une soirée avec toi ! Le rêve ! Tu as enfilé ta petite robe noire, qui te va à merveille, et m'as conseillé de prendre ma rouge. Dans le miroir, j'ai cru voir deux sœurs jumelles. On se ressemble tellement Aude, c'est à ce moment là que je m'en suis rendue compte (il était pas trop tôt d'ailleurs) ! Et puis, je t'ai coiffée et maquillée. Tu ressemblais à une mannequin, à une top model. Franchement, si je n'étais pas ta sœur, je serais tombée amoureuse de toi ! Non je rigole, mais en tous cas, j'aurais voulu être au minimum ta meilleure amie ! Après on a pris pleins de photos ensemble. Tu m'as demandé la permission d'en poster sur Instagram, et sur Snap. Bien sûr, j'ai accepté ! Tout le monde nous renvoyait des compliments. Je n'ai jamais été extrêmement populaire, et tu sais, que je n'aurais pas voulu, mais, juste un soir, recevoir autant de compliments, de tant de personnes, ça fait du bien à l'égo ! Papa est venu nous chercher dans la salle de bain, pour nous emmener, chez... mmh... comment il s'appelle déjà... Antoine ? Tu sais, le mec chez qui était la soirée ! Je ne m'en souviens même plus ! Et puis zut, ce n'est qu'un détail. Devant cette putain de baraque de riches, nous attendait d'un air charmeur, Théo. Je me souviens quand tu l'as vu, tu as écarquillé les yeux. Ça m'a fait rire. Bon, il faut que je t'avoue tout : avant qu'il ne parte de l'hôpital, je lui avais fait promettre de te faire passer pour Maxence. Désolée...

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant