Chapitre 44

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Théo attend ma réponse, mais son sourire s'est évanoui peu à peu. Il sait très bien à qui je pense. Soupir excédé, mais surtout, terriblement triste. Je baisse la tête.

« Tu sais que tu étais la personne la plus importante à ses yeux ?»

Toujours en fixant mes mains, je hoche la tête. Oui je le sais.

« Elle parlait sans cesse de toi au point qu'avant que je te rencontre, je savais déjà tout de ta vie. Je pense qu'elle s'est battue pour ne pas te décevoir. Le reste, je crois que ça lui passait un peu au dessus de la tête.

- Toi aussi, tu comptais pour elle.

- Je n'étais pas si essentiel que ça à ses yeux.

- Ne dis pas ça, tu sais très bien que c'est faux.

- Ouvre un peu les yeux Aude ! Ta sœur a quitté Maxence car elle ne voulait pas lui faire de mal si jamais elle mourait. Alors, c'est logique qu'elle soit venue dans mes bras puisque de toutes façons, notre histoire ne pourrait pas être sérieuse. Quand, je t'ai vu toi, j'ai su que c'est toi que je voulais. Margaux, il déglutit, l'a mal pris, ce qui me paraît normal comme réaction. Et puis, pouf, on ne s'est plus jamais revu. »

Je lève la tête vers lui. Il semble chercher quelque chose.

« D'ailleurs, je pense que c'est mieux. Je n'aurais pas supporté de la voir mourir sous mes yeux, sans pouvoir agir... J'aurais dû l'aider, la protéger davantage, lui redonner le sourire, au lieu de m'énerver contre elle... Tout ça, c'est ma faute...

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? je m'exclame. C'est tout sauf ta faute !

- Elle avait abandonné Aude...

- Quoi ?

- Elle n'avait plus la force de se battre car elle avait bien compris que dans tous les cas, elle allait mourir. Et le pire, c'est qu'elle s'en fichait. Elle était trop obsédée par le fait que tu allais souffrir pour penser à elle. Elle ne pensait qu'à toi Aude. C'est pour ça qu'elle ne voulait plus que vous alliez la voir. Pour éviter de vous faire souffrir avant l'heure. »

Je sens quelque chose se briser en moi. Je crois que c'est ce qui me restait. J'ai tout perdu. Ma sœur, mon ignorance, mon innocence, et maintenant moi-même. Tout s'écroule autour de moi...

« Tu racontes vraiment n'importe quoi ! » je hurle.

Il détourne la tête.

« Voile toi la face si tu veux, mais tu retrouveras tout ce que je t'ai dis dans ce qu'elle t'a écrit.

- J'ai déjà commencé à lire, et pour ta gouverne, elle ne mentionne pas un seul moment qu'elle a abandonné.

- Parce que tu n'es qu'au début encore. Tu verras, au fil du temps, ça va se dégrader... »

Je lance rageusement un oreiller. Il vient s'écraser contre le mur avant de retomber silencieusement sur le sol. J'observe quelques secondes ce stupide oreiller, mais malheureusement, il ne me donne pas la solution à mes problèmes... J'en veux à Théo, non pas parce qu'il me dit tout ça, mais je lui en veux parce que je sais qu'il a raison. Et ça me tue...

Et moi, j'ai dû rester...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant