La rentrée a eu lieu la semaine dernière. Info qui n'enchante pas des masses quand on sait que je reviens de Chicago, mais je suppose que certains doivent passer des vacances merdiques.
J'étais quand même impatiente de rentrer car Maya et Chelsea m'avaient énormément manqué, ainsi que ma position dans la hiérarchie de Wirginia Lake de fille la plus populaire. Oui, je ne cache à personne que j'adore mon grade.
Et je n'ai pas été déçue de mon retour fracassant.
Ce n'est pas que je me préoccupe de l'image que je peux renvoyer mais le fait que ces filles de première, de seconde et même de terminale, me suivent comme des moutons, a quelque chose de grisant, comme si j'étais leur modèle.Aujourd'hui, je prends bien garde de ne rien écouter en cours d'algèbre en rattrapant le temps perdu avec mon amie.
Puis passe l'heure d'histoire à essayer de comprendre un truc. Croyez-le ou non, j'essaie quand même de m'investir dans chaque cours. Ou du moins dans tous les cours sauf les maths, que j'ai en horreur.Bon, en fait, si je me casse autant la tête en histoire, c'est surtout parce que Mr. Hamilton nous a séparées, Chelsea et moi, soit disant parce que nous perturbons le cours. Quand Chelsea a osé lui répondre que personne à part lui perturbait qui que ce soit, il l'a renvoyée.
Chelsea a du cran quand même. Oser répondre ainsi... Ce n'est même pas ce qu'elle a fait de plus audacieux.
Elle a déjà envoyé une grosse tarte à Oliver, un camé bien connu de terminale, parce qu'il avait osé renverser son soda sur les Huarrache de Maya.
Ce dernier n'a pas osé la frapper en retour, parce que Chelsea a récolté ce qu'elle a semé en se faisant exclure deux jours de l'établissement. Mais elle n'a pas bien l'air de se rendre compte qu'elle risque gros avec ses agissements.De toute façon, son avenir, elle pourra en faire ce qu'elle veut. Son père est riche et elle peut même se contenter de l'héritage familial et choisir de ne pas travailler. Tout comme moi.
Il y' a des tas de gosses de riches à Wirginia Lake. Et les 10% restants sont des surdoués, qui finiront dans de grandes écoles. Et toujours puceaux, pensé-je en ricanant.
À midi, je rejoins la table du clan des dits "populaires", où se trouvent mes deux meilleures amies, et quelques garçons de l'équipe de football, dont mon pire cauchemar : Hardin.
Je hais ce gars. Plus cliché que lui, tu meurs. Depuis le début de l'année, il veut seulement nous sauter toutes les trois, et il ne s'en cache pas du tout. C'est dingue, je sais, et il y croit dur comme fer. Écœurant.Surtout pour ma Maya, si pure et si douce, contrairement à Chelsea et moi, qui sommes des véritables pestes.
Mais je n'y peux rien.Je rejoins la table, sans masquer mon dégoût.
-Qu'est ce que tu fais là, Hardin ?
Il lève ses yeux bleus perçants au ciel.
-On a compris que tu peux pas me saquer, Arden, répond-il avec malice. Va t'asseoir à la table des nerd geeks coincés si je te dérange, ma belle.
Je lui fais un doigt d'honneur, sans me vexer.
-Ils sont sûrement moins cons que toi, affirme Chelsea en mâchant ses épinards.Hardin lâche un rire déplacé.
-Beau gosse écervelé, ça me convient comme statut.
Chelsea et moi échangeons un regard exaspéré. Je finis par me dire qu'il n'en vaut pas la peine.
-Et toi Maya, tu n'es pas d'accord avec elles quand même ?Là, c'en est trop.
-Bordel, laisse la tranquille ! je m'énerve.
Maya me touche le bras.
-Allons manger ailleurs, me suggère-t-elle.
Elle prend son plateau et se lève.
Chelsea fait de même, et je me sens obligée de les suivre, non sans fusiller du regard cet insuffisant gâté pourri qu'est Hardin. J'essaie de me dire que je suis différente de lui. Que cette raclure n'est pas moi. Mais mon comportement laisse parfois à désirer lui aussi. C'est vrai que je couche beaucoup avec des gars qui s'attendent à plus. Mais je ne suis pas du genre à apprécier les grandes relations. Et je me prétends meilleure...
-Arden ! m'appelle Chelsea.
-Oui, dis-je en sortant de mes pensées moroses.
-T'as vu la bande de morveux ? demande la blonde en pointant du doigt les cinéphiles qui s'envoient des burgers. J'en ai l'estomac retourné.
-Et ?
Je ne vois pas où elle veut en venir.-Je te parie cent dollars que j'arrive à les faire bander rien qu'en demandant le sel.
-Chelsea ! s'indigne la pauvre Maya.
Elle a beau passer outre la plupart du temps, elle n'aime pas trop la façon dont on se comporte. Vous devez vous demander pourquoi une âme si gentille traîne avec des diablesses, et vous avez raison.Hormis ses défis sexuels harrassants, Chelsea possède un élan protecteur envers ses amies et une loyauté indiscutable à tous ceux qui sont dans son cœur. Ses qualités ont dû nettement toucher notre chère Maya.
Quant à moi, je dois dire qu'à part ma tendance à m'enflammer pour le sexe et mes airs hautains, j'ai une part de moi-même que je n'ose pas montrer car j'ai horreur que les gens se servent de moi. Cette part, Maya a su la voir, et ne m'a, par la suite, plus jamais quittée.
Pour revenir au présent, Chelsea s'apprête sérieusement à aller mettre son plan hideux à exécution, et à votre grand dam, je n'ai pas envie de l'en empêcher. Ça ne me déplairait pas de la voir à l'action, ça me ferait même carrément marrer.
Maya boude et part manger seule. Tant que Hardin ne la suit pas... Chelsea arrive devant la table des nerds. Ils rougissent presque tous. De nombreux élèves scrutent la scène de là où ils sont. Il faut dire que c'est inhabituel une fille populaire qui se mêle aux autres.
Chelsea se penche vers un garçon puis lui parler, sûrement pour lui demander ce sel. Il balbutie, sans grand répondant. Je glousse, incapable de m'en empêcher.
Elle lui caresse la cuisse. Et c'est le coup de grâce.
Le gars se relève en sursaut et recule, entraînant dans son mouvement un yaourt, qui s'écrase par terre.
Mon amie se retourne vers moi et me fait un clin d'œil.
Je ne sais pas comment elle fait pour garder son calme, je suis morte de rire à l'intérieur. Les autres élèves rient, certains du yaourt qui s'est écrasé, d'autres de la réaction du garçon.Ce dernier, rouge écrevisse, serre les poings. Je cesse de rire quand je remarque qu'il a les larmes aux yeux. Et puis il tourne les talons et s'en va le plus vite possible hors du réfectoire.
Je ne sais plus où me mettre. Et quand je croise le regard accusateur de Maya, j'ai envie de disparaître. Ce sentiment qui m'était complètement étranger vient de m'anéantir sur place.
Et je ne comprends toujours pas pourquoi.
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Pas si mauvaise...
RomanceLes apparences sont parfois trompeuses. Cette phrase n'a jamais été aussi vraie pour les élèves de Wirginia Lake. C'est en portant sans arrêt un masque pour cacher sa véritable nature qu'on ne sait plus quoi faire quand il nous est retiré. Ar...