Choix retiré

58 4 5
                                    

PDV de Rowan

   Il n'aurait pas pu faire mieux. On a eu beau le convaincre de revenir sur ses positions, de ne pas se rendre à cette foutue fête de fêlés, il ne nous a pas écoutés.

  Il n'y avait aucun moyen de le faire changer d'avis. Ça m'a énervé qu'il se borne à faire ça, je ne sais pas ce qu'il voulait prouver, mais ses agissements commencent à me porter sur les nerfs.
  C'était bien la peine de le sauver en gardant mon silence. Même si c'est carrément humiliant d'avoir peur d'elle, le fait que Chelsea ne nous ait pas fait payer cette trahison me fascine. Se pourrait-il qu'Anger ait raison ?

  C'est lui qui les hait à en mourir, depuis Sacha, et on dirait qu'il est mystérieusement en train de changer d'avis. Pourquoi ?

  Et l'idée qu'il vient de proposer me fait sortir de mes gonds.
-Il est hors de question qu'on fasse ça ! hurlé-je.
-On n'a pas le choix ! Qui sait ce que va faire Matt si on est pas là pour le surveiller ?
-Vas-y toi si tu veux, il est hors de question que je m'incruste à cette fête !

  Puis on en est restés là. Je me suis senti bête d'abandonner Matt pour une chose aussi futile, mais le fait qu'il se fourre dans des histoires pareilles en connaissance de cause me met hors de moi.
  Alors je les ai laissés...

Jeudi :

  Tout le monde parle de cette foutue fête, j'en ai ma claque. Mel est-elle aussi populaire ? Il semblerait que oui. Les tensions entre Chelsea et Arden se ressentent de plus en plus, elles s'évitent à mort, et ne cherchent pas à s'expliquer.

  Je prends la résolution de ne pas me mêler de quelque chose, parce que c'est ce qui nous a coûté la dernière fois.

  Cet après-midi a lieu le match de notre équipe de foot. J'avoue que je préfèrerais qu'ils perdent, ça leur enlèverait peut-être la grosse tête ? Mais faut pas rêver, les Hellhount sont invaincus depuis pas mal de temps maintenant, et avec Terranova, ils font des miracles. Tant mieux pour eux.

  La rencontre se finit sur une victoire écrasante de notre équipe, je l'apprends par Lydie, qui sait tout ce qui se passe dans le lycée, mais rien en cours. Elle parle si fort que toute la Floride l'entend.
Et ce que je perçois me frappe de stupeur.
-Y'a eu un accident, affirme Lydie en tremblant. C'est Arden. Elle a fait un malaise.

PDV d'Arden

    Je me réveille avec un mal de crâne immense. Je suis à l'infirmerie, et l'endroit empeste le désinfectant. Je me relève et sors de cet endroit qui schlingue des masses.
  Et je vois Chelsea.
Toujours en tenue de cheerleader avec ce masque impénétrable qu'elle porte pour qu'on ne puisse voir aucune de ses émotions.
  Mon cœur se serre. Elle ne fait ça qu'avec les gens qu'elle déteste.
-C'est donc ça qu'on va continuer à faire ? je l'interroge.
  Elle lève un sourcil.
-Je vois que la situation te convient parfaitement, continué-je.
-Mais t'attends quoi ? Que je m'excuse ? interroge Chelsea. Si c'est ça, pardon. Mais j'ai pas l'impression que c'est ce que t'attends.

  Encore une fois, elle a raison. Ce ne sont pas des excuses que j'attends. Mais comment l'exprimer ? Je vais encore m'emmêler les pinceaux. Autant faire court.
-Que tu changes, dis-je simplement.

  Son éternel et inimitable air blasé revient au galop. Et je sais qu'il est trop tard pour revenir en arrière et changer ce que j'ai dit.
-Arden, t'es censée être mon amie et l'une des personnes qui me comprend le mieux, déclare-t-elle. Et au final, c'est pas ces enfoirés de footballers, basketteurs, cheerleaders et même ces putains de geeks qui me demandent de changer mais toi ?
  Malgré le fait que je campe toujours sur mes positions, je me sens immédiatement minable. J'ai l'impression de tomber de trois mille étages.
-Au final, t'avais raison, en rajoute Chelsea. Je vois pas pourquoi on est amies si on s'accepte pas comme on est.

  Et elle me laisse sur cette tirade massacrante. Ma chute (de trois mille étages) se termine donc pas mon écrasement au sol, et l'impact me fait mal. Terriblement mal.
  J'ai envie de lui dire qu'elle est injuste. Qu'être soi-même n'excuse pas tout. Que je compatis pour ce qu'elle a vécu et que je comprends tout ça. Mais il est trop tard. La chaîne est brisée. Le lien est rompu.

  L'infirmière m'intime de me reposer, de ne pas m'en faire, que ce n'est qu'un malaise de rien du tout. Elle me donne même un doliprane pour me rassurer. Mais il y'a des douleurs qu'on ne peut pas guérir.
  Ce qui nous condamne à souffrir sans espoir de guérison.

  Je n'avais jamais remarqué auparavant à quel point je tenais à notre amitié. Et maintenant qu'elle est perdue, que me reste,-t-il ?

  Un coup à la porte me fait sursauter. Elle s'ouvre timidement sur quelqu'un que je commence à connaître : Rowan.
-Salut, lancé-je.
-Salut, je venais juste voir comment t'allais.
Je suis complètement détruite de l'intérieur, mais sinon ça va.
-Impec'.
-T'es sûre ?
Mais non putain !

  Il hausse les sourcils, surpris par... Ah mince, j'ai peut-être parlé à voix haute.
  J'ouvre la bouche pour m'expliquer, répondre un truc drôle et réconfortant, le rassurer sur mon état mental... puis je me mets subitement à pleurer.
Les grandes eaux, le déluge, la totale quoi.

  Rowan semble au summum de la gêne-itude mais je ne peux pas m'arrêter, je n'y arrive pas.
  Je me redresse pour le regarder, il a l'air d'hésiter sur la marche à suivre quand une fille de ma trempe se met à pleurer.
  Alors je lui facilite la tâche.
Je prends les devants et me surprends moi-même en me jetant dans ses bras. Ce doit être le premier signe de la folie, je ne vois pas d'autres explications.

  Mais mon chagrin, ma tristesse, je ne peux pas la traverser seule. Et même si je suis certaine que Rowan est très loin d'encore me considérer comme une amie, je suis rassurée quand je constate, que malgré les différents, il me rend mon étreinte.

Pas si mauvaise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant