Fin d'une ère

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PDV d'Arden

La fin de la journée se passe comme dans un rêve. Alors que je croyais à une rechute dans notre relation, Chelsea n'a pas tenté une seul fois de se soustraire à ma vue. Cette progression m'a étonnée, et en même temps bien fait plaisir.
Les cours ont fini tôt aujourd'hui, mais il nous reste toujours notre entrainement de cheerleading, en vue du nouveau match pour les qualifs niveau local.
Ce n'est généralement qu'une formalité pour notre équipe de football, car Octavius et Lucas nous mènent toujours à la victoire.
Ce n'est pas pour rien que j'ai choisi de supporter l'équipe de football américain. Je déteste les défaites, et cela semble arriver beaucoup trop souvent à mon goût à la team du basket-ball.

Je n'irais pas jusqu'à affirmer qu'ils sont nuls mais...vous avez compris.
Il me reste une heure de temps à tuer avant l'entrainement, et je ne sais pas quoi faire.
J'ai tenté de percer le mystère de Rowan, mais il était introuvable.
Maya continue sa récolte de fonds pour l'événement du siècle, mais je ne me sens pas en état de lui prêter main forte.
Lydie et quelques autres pom-pom girls sont sorties faire les boutiques, mais je ne voulais pas les accompagner, on aurait fini à Camaïeu.

Alors que je tripotais mon téléphone avec anxiété, plantée devant le portail imposant du lycée, une voiture aux vitres teintées, une Jeep Compass, si je me souviens bien, se gare sur le bas-côté, juste à côté de moi.
Une jolie blonde emmitouflée dans une magnifique écharpe rouge, avec des lunettes de soleil Gucci, éteint le moteur, avant de descendre prudemment de sa caisse, sur ses Huarrache mauve et rose.
Quand elle retire ses lunettes, je me demande comment j'ai pu ne pas la reconnaître.

Je m'élance vers elle.
-Rose !
Elle sourit faiblement, et accepte mon étreinte démesurée.
-Tu étais absente toute la journée. J'ai demandé à Thea de te prendre tes cours, ça va ?
-Fallait pas, Arden. J'étais juste un peu chamboulée après la fête de Chelsea.
Je ne crois pas une seconde à ce mensonge aussi mal travaillé.
-Je crois qu'elle remonte la pente, elle aussi.
-T'as vu ce scandale qui lui est arrivé, sur facebook ? C'est pas elle, pourtant, je le sais ! Elle était au rez-de-chaussée pendant toute la soirée.
-Elle aurait pu l'envoyer de son portable, remarqué-je, de nouveau en rogne.
-Ça n'a aucun sens, insiste Rosemary. Pourquoi prendrait-elle le risque de perdre son amitié avec Anger ?
-Son amitié, tu parles, je marmonne.

Le visage de Rosemary se raidit, et son expression inquiète disparaît, pour se remplacer par une totale surprise.
-Euh rien..tenté-je d'esquiver.
Elle l'étudie encore une minute, puis remonte dans sa voiture, sans explications. Comme ça.

Merde, je ne lui ai même pas demandé pourquoi elle venait à l'école maintenant, ni ce qui l'avait autant chamboulée, comme elle dit.
Bref.

L'heure est passée plus vite que prévu, et je me retrouve dans les vestiaires, à attacher ma queue de cheval, en écoutant Lydie s'extasier sur la beauté irrélle de Stan le nouveau célibataire. À pleurer d'ennui.

Le moment fatidique finit par tomber : Chelsea me refait la tête. Je tâche de faire comme si de rien n'était, mais c'est énervant, j'ai fait tous ces efforts pour elle, et elle ne s'en rend même pas compte.
Je dois attendre la fin d'une heure et demie d'efforts épuisants, à base d'étirements et figures d'accrosport, pour lui demander quel est son problème.

Une fois Sharon, la dernière à s'en aller, partie en refermant la porte du gymnase, j'ai droit à la réponse.
-Bof, je sais pas, Arden. Que dirais-tu de : la trahison de ma meilleure amie ?
-Mdr, qu'est-ce que tu racontes, je ne t'ai pas trahie.
-Ce n'est pas ce que dit Rose.
Et là, je comprends. Merde ! La Terre entière est contre moi. Cette idiote de Rosemary est tout allée cafter à sa méchante cousine. Et je me retrouve sans défense.
-Qu'est-ce qu'elle t'a dit exactement ?
Autant avouer directement ma culpabilité.
-Ce que je t'ai dit. Si tu te sens aussi à l'aise en révélant mes secrets aux autres, sale pute, te gêne pas pour le faire savoir.
-Écoute, je sais pas en quelle langue il faut que je te le dise, mais je n'ai pas dit à Rose que t'étais amoureuse de ce timbré.
-Bien sûr, elle l'a deviné alors que je ne lui parlais plus depuis deux jours !
-Ha, mais je ne l'ai pas dit explicitement ! C'est elle qui l'a déduit !

J'ai conscience que ma répartie ne m'est d'aucun secours. Elle me descend encore plus.
-Va te faire foutre, Wayans. Putain, t'avise même plus de m'adresser la parole.
-Toi, ne m'adresse pas la parole ! je lui envoie. Tu t'énerve tout le temps pour un rien, tu n'écoutes jamais les autres, pas étonnant que ton Anger se barre !

Et cette fois, c'est moi qui me taille en premier. J'en ai marre de cette fille. Je fais tout pour elle, et elle me repousse comme de la merde, sans prendre en compte que je suis la seule personne de ce lycée à lui adresser la parole. Bordel, cette ingrate ne mérite pas qu'on prenne du temps pour elle !

Je me sens de plus en plus mal, alors qu'elle doit sûrement se porter comme un charme, après m'avoir éjectée de sa vie pour la centième fois au moins.

Je n'ai nulle part où aller pour me sentir mieux alors je m'attarde au lycée, jusqu'à ce que tout le monde soit parti. Je me retrouve à pleurer lamentablement derrière les gradins du stade, anéantie.

J'ai mal. Putain, j'ai mal. Mon désespoir m'enfonce tellement sous terre que je suis incapable d'articuler la moindre parole. Et encore moins de m'empêcher de sangloter comme une cruche.

Comble de l'ironie, j'aimerais bien que Rowan soit là. En ce moment, c'est un de mes seuls véritables amis, l'un des seuls à ne pas être faux, ne pas me fréquenter pour mon fric ou ma position de populaire, ou me rendre la vie impossible dans une relation toxique.

J'aimerais bien l'appeler, mais je n'ai pas son numéro. Mon téléphone comporte sept appels manqués de ma mère. Et deux d'Oksa. Il est neuf heures du soir.

Au lieu de rappeler ma mère sûrement morte d'inquiétude, j'envoie un message à Kalden, mon contact pour le hacking à l'école, pour lui demander l'adresse où réside le seul qui peut m'aider à remonter la pente.

Pas si mauvaise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant