PDV de Rowan
Un ange dans la salle de classe.
Oui, OK, j'ai fait mieux comme métaphore.
Arden Wayans avait toujours été pour moi synonyme d'inaccessible. J'avais fini par me faire à cette idée.
Inaccessible.
Que ce soit à la table des figures emblématiques du lycée avec cet ordure de Hardin.
Ou au sommet de l'équipe de cheerleaders.
Ou au club de tir à l'arc de l'école, que sa famille finançait.
Et même en cours de natation, où les filles étaient de l'autre côté du bassin.
Toujours inaccessible.Et voilà qu'aujourd'hui, en plein cours de physique, elle me choisit comme partenaire ? C'est impossible. Il doit y avoir une erreur, c'est obligé. La magie s'est immédiatement écroulée quand j'ai constaté qu'elle ne connaissait même pas mon nom.
Mais elle m'a choisi.
Pourquoi ? Un poignard qui se plante dans mon cœur me répète que c'est pour profiter de moi et mes connaissances.Mais il me semble qu'elle récolte des notes assez correctes dans cette matière, non ? Je n'en suis pas sûr.
Rendall annonce que le TP de ce jour porte sur l'extraction de solvant. Elle l'avait déjà dit la dernière fois, mais la majorité des gens de cette classe sont tous des imbéciles.
-Allez chercher une blouse au fond de la salle, on va commencer, déclare notre enseignante en tapant des mains.Je me tourne vers Arden.
-Je peux aller t'en prendre une si tu veux.
Je ne sais même pas d'où me vient cette audace.
-C'est gentil, mais il est hors de question que j'enfile ces trucs qui ont servi mille fois. C'est Thea qui me ramène ma blouse à chaque fois, tu veux bien me l'apporter ?Tiens donc ? Pourquoi Thea lui ramène sa blouse ? Je ne perds pas de temps à demander et cours la chercher, et en prendre une pour moi au passage. La masse d'élèves agglutinés devant le porte-manteau est considérable, et certains me regardent avec une sorte de haine, surtout les gars de l'équipe de foot.
Je ne leur prête pas attention. Je mets ma blouse et retourne à ma place. Arden a raison, ces trucs prêtés par l'école ne sont pas super : des taches d'un liquide bleu sont visible sur la manche droite.
Au passage, je lui refile sa blouse, d'un bleu nuit. Elle me sourit, d'un sourire à vous faire chavirer le cœur, l'enfile puis la boutonne. J'ignore pourquoi je continue à la regarder. C'est d'une discrétion...
Elle ne me voit pas, range sa chaise et se met debout. Elle est presque plus grande que moi.
Je commence à me dire que j'ai vraiment l'air idiot, pire, voire d'un fou dangereux, mais c'est Arden, bon sang !
Ses yeux bleu glacial hypnotiseraient n'importe qui, même le proviseur !
Je tâche de reprendre contenance.
Elle retrousse une de ses manches et enlève un élastique de ses poignets. Elle le porte à sa bouche pour le maintenir entre ses lèvres. C'est un geste complètement banal, mais tellement grisant de sa part. Je ne sais pas pourquoi je réagis comme un taré.Elle se fait juste une queue de cheval, trois nœuds avec son élastique, puis se tourne vers moi, tous sourires.
Je cherche à comprendre la raison de son comportement aimable avec moi. Mais je ne trouve pas. Puis soudain, je me rappelle l'humiliation cuisante qu'a subie Matt, tout à l'heure.
À cause de Chelsea Van Houten.Était-elle de mèche avec cette blonde machiavélique ? Si l'ange a les ailes souillées de sang, je préfère ne pas le savoir.
Inconsciemment, je m'éloigne d'Arden et son aura néfaste, pour préparer les différents liquides de notre réalisation.Elle finit par le remarquer et se tourne vers moi.
-Rowan ?
Je continue de tripoter la verrerie, sans répondre.
Elle remarque mon brusque changement d'humeur. Je réalise que je suis en colère. C'est probablement injuste mais je n'arrive pas à enlever ce sentiment qu'elle ait une responsabilité dans le problème de mon ami.
-Je suis désolée, murmure Arden, de sa voix aux accents profondément sincères.Je stoppe immédiatement mon manège pour la regarder dans les yeux. Elle n'a pas l'air de mentir et ça en dit long sur mes soupçons. Donc j'avais raison.
-C'est toi qui est à l'origine de tout ça ? je m'indigne.
J'ai parlé fort.
Beaucoup trop fort.Rendall ne me reprend pas, occupée derrière son ordinateur, mais mon énervement instantané ne passe pas inaperçu.
-Reparle lui encore comme ça, sale geek, et je te casse en deux ! siffle la voix la plus malhonnête du monde entier.Arden fronce les sourcils et se tourne d'un coup sec, faisant balancer sa queue de cheval.
-Tu pourrais jouer un peu moins les machos, tu serais mignon, Tyger, tranche-t-elle.Ce dernier ne répond pas, se contentant de me foudroyer du regard. Bon sang, Tyger Lodge est un véritable monstre, il ne fait pas partie de l'équipe de football pour rien. Il me fendrait le crâne sans aucune difficulté.
Je ne veux pas de problèmes mais ces menaces me restent en travers de la gorge.
-T'aurais pu être plus sévère, il m'a carrément promis la mort, je chuchote à Arden.Elle hausse les épaules.
-Non, Tyger est un bon chien de garde. Il ne te fera aucun mal.J'ai le souffle coupé. Je n'en reviens toujours pas qu'elle ait osé dire une telle énormité sans se sentir coupable. Je m'éloigne encore plus d'elle.
Une expression peinée apparaît sur son visage.
-Écoute, j'ai bien compris que t'appréciais pas mon monde, mais je voulais m'excuser pour Chelsea. Ce qu'elle a fait à ton copain ne me fait pas du tout plaisir. Elle n'aurait pas dû.Je reste stoïque.
-C'est à elle de demander pardon à Matt, j'exulte d'une voix tremblante.
-Je lui dirai, promet-elle.
J'ignore quoi dire. D'un côté, elle n'est pas coupable et a pris la peine de s'excuser, ce qui n'a pas l'air de figurer dans ses principes. D'un autre côté, son penchant pour l'engagement d'esclaves m'a superbement choqué.
Je ravale mon venin.
-Merci.
-T'es pas obligé de me pardonner si tu n'en a pas envie, rétorque Arden en saisissant le bécher pour y verser l'acide chlorhydrique. Je vois bien que tu m'en veux encore.Elle a raison. Je lui en veux toujours. Mais je ne pensais pas qu'elle était du genre à l'admettre.
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Pas si mauvaise...
RomanceLes apparences sont parfois trompeuses. Cette phrase n'a jamais été aussi vraie pour les élèves de Wirginia Lake. C'est en portant sans arrêt un masque pour cacher sa véritable nature qu'on ne sait plus quoi faire quand il nous est retiré. Ar...