PDV de Rowan
-Tu fais chier !
La tâche de ketchup sur son gilet est minuscule mais Hillary a tendance à dramatiser n'importe quelle situation. En plus, je n'ai même pas fait exprès, donc j'en viens à me demander si elle possède une once de pitié dans son âme.
Il est évident que non.Je devrais être parti depuis une heure déjà, mais j'ai réalisé, bien trop tard, que je n'avais aucune idée d'où pouvait bien habiter Arden. J'ai envoyé un message à Anger, mais il ne m'a répondu.
Bien sûr, il ne voulait sûrement plus que je me ramène.Mais à cause de ça, j'ai été obligé de demander à mon idiote de sœur le trajet. Elle a pris un malin plaisir à trouver une idée sympa de chantage.
Ça m'a énervé, vu tout ce qui m'était arrivé et je l'ai poussée contre le mur.
Elle a répliqué en me foutant un coup de poing dans le bras et je lui ai envoyé un coup de pied.
Ça aurait pu aller mille fois plus loin si ma mère n'était pas intervenue.
On s'est hurlés des obscénités incroyables et ma mère a eu beaucoup de mal à nous séparer.Au final, je n'ai pas eu l'adresse, et elle, n'a pas eu son compte. On se bagarre très souvent ; la maturité passe généralement au second plan dans notre relation, et les dégâts sont considérables.
Je sais que c'est mal de détester les membres de sa famille, mais soyons réalistes : Hillary ne mérite pas d'être aimée. Dites que je suis horrible et sans cœur, mais je vous rappelle que vous ne vivez pas avec elle.Après le dîner et l'incident du ketchup, j'étais résigné à accepter le chantage de Hillary : je n'avais plus le choix. J'aurais préféré rester à la maison que de marchander avec le diable, mais là...Il s'agit d'Anger.
J'ai frappé à sa porte. Elle a ouvert.
-Quoi ?
-C'est bon. D'accord.
Elle sourit, avec sadisme.
-Allez, envoie.
Je sors mes cinquante dollars. J' économisais pour acheter une nouvelle planche, mais bon, ça devra attendre.
Hillary me les arrache des mains puis me fait un doigt d'honneur.
-T'es con, et tu le resteras toujours, ma parole. Je sais pas où elle habite ton Arden.
Quoi ??La fureur monte instantanément.
-Je ne suis pas aussi con que tu le crois, je lui crache, en sortant son mp3 de ma poche.
Je lui ai volé tout à l'heure, comme précaution, et ne pensais l'utiliser qu'en cas de force majeur.
Et là, c'est un cas de force majeur.
-Mon baladeur ! s'exclame-t-elle en écarquillant les yeux. Maman !!!!Mais elle n'a aucun respect, il est vingt-trois heures ! Si je tiens à ma vie, il est temps pour moi de déguerpir.
Je cours jusqu'au rez-de-chaussée, constatant à regret qu'elle m'a suivi. Je flippe un peu de ce qui pourrait m'arriver si elle me met la main dessus.
Alors je fonce dehors.Je n'ai pas l'habitude de courir autant, donc je suis rapidement essouflé, et m'arrête haletant au milieu de la route. J'ai les oreilles qui sifflent et bourdonnent en même temps. Je transpire en plus ? Merde, j'ai négligé le sport ces temps-ci. J'ai presque envie de m'asseoir à même l'asphalte.
Mais j'aperçois Hillary, qui me fait des grands gestes, campée sur le gazon. Je n'entends pas ce qu'elle dit, mes oreilles sont toujours autant douloureuses.
D'ailleurs, je devrais bouger de là ; elle vient dans ma direction.
Mais je suis tellement fatigué, autant l'affronter immédiatement. Courir dans le noir ne me mènera nulle part.Hillary court vers moi, le visage déformé par...la terreur ? Je suis encore en train de reprendre mon souffle, confus et éreinté, quand elle me pousse violemment des deux mains, m'envoyant m'écorcher sur le bitume quelques mètres en arrière.
Dans le tourbillon de folie et de frénésie, j'aperçois dans un flot confus d'images brouillés ma grande sœur se faire percuter par une voiture noire, et renverser en arrière dans un crissement de pneus effrayant.
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Pas si mauvaise...
RomanceLes apparences sont parfois trompeuses. Cette phrase n'a jamais été aussi vraie pour les élèves de Wirginia Lake. C'est en portant sans arrêt un masque pour cacher sa véritable nature qu'on ne sait plus quoi faire quand il nous est retiré. Ar...