Coup de poignard

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PDV d'Arden

  J'ai effectivement tout juste le temps de retourner chez moi, en évitant mes parents, laisser mes fringues de la veille dans la buanderie, et enfiler un élégant chemisier gris à dentelles transparent, sur un débardeur noir. J'espère qu'il ne va pas faire trop froid quand même.

  Après avoir récupérer un ancien jean blanc qu'Oksa ne cesse de m'emprunter, je chausse de vieilles bottines brunes que je trouve dans le placard à chaussures du cagibi derrière l'escalier.
  Et je fuis.

  Je reprends ma voiture, direction le lycée, me congratulant de ne pas m'être fait prendre. Mais bon, je n'ai séché aucun cours, je ne suis pas complètement en tort, si ?
  
  En fait, il ne fait pas si chaud que je le pensais, alors je me dépêche de remettre le manteau qui gît sur le siège passager.
  Je songe un instant à aller retourner chercher Rowan, mais mon petit doigt me dit qu'il est déjà parti, et que je n'aurais jamais le temps de faire tout ce trajet.

  Bref. En arrivant à l'école, rien ne semble avoir vraiment changé. Les gens continuent toujours de chuchoter à mon passage, mais je les ignore royalement.
  Dites ce que vous voulez, bandes de bâtards. Je n'ai plus le temps pour vous.
-Arden !
  C'est Maya. Je n'ai même pas à me forcer à sourire. Elle m'a manquée, depuis que son nouveau projet l'accapare à plein temps. Je ne me souviens plus de la dernière fois où on a eu une vraie discussion.
  Une autre vie.
-Maya ! Qu'est-ce qui se passe ?
  Elle prend d'abord le temps de me serrer dans ses bras, avec une force irrépressible. Je suis en train d'étouffer et d'asphyxier, mais peut-être que ça vaut le coup.
-Oh. Rien. Tu m'as manquée, c'est tout, avoue-t-elle en se détachant.
-Toi aussi. Il faudrait qu'on se voie à l'occasion.
  Ma proposition la transporte de joie.
-Quand tu veux !
  Puis malheureusement, ce moment s'efface et elle redevient Maya l'inaccessible, Maya l'organisatrice.
-On a pu régler tous les détails matériels, ajoute-t-elle en sortant un calepin.  Bon, il nous manque toujours un groupe, et pour l'instant, notre choix se porterait sur Andra Day, ou Snow Tha Product.
 
  Je ne connais ni l'un ni l'autre.
-Heu..Pourquoi avez-vous besoin d'un groupe ? tenté-je de m'intéresser. Vous pourrez demander à des élèves de la chorale de s'y coller.
-Pas tout le monde n'aime la chorale, fait Maya, dubitative.
  Mais personne ne connaît ton Andra Day, en fait.
-On doit bien avoir des chanteurs en herbe supers, déclaré-je en cherchant Rowan des yeux.
-Si tu le dis, réfléchit Maya. Je vais en parler à Rosemary.
-Pourquoi elle ? grogné-je.
-Mais...Elle a des bons goûts musicaux...
  Je me reprends, et ravale ma colère sans le moindre sens.
-Sûrement, dis-je sans conviction. Sûrement.

PDV d'Anger

  Après quatre tours de terrain vague, au square, à six heures et demie du matin, j'étais mort de faim.
  J'ai acheté cinq pains au chocolat. Désormais, je suis fauché. Pas un sou.
  Heureusement, ils étaient bons.

  Rowan n'a pas répondu à un seul de mes textos, j'espère qu'il va bien. Et que sa sœur s'en sort. Mon dieu, je ne suis même pas fichu de prendre des nouvelles de lui. Quelle genre de personne je suis ?

  Son absence aurait dû m'inquiéter plus que ça ; après tout, il a été là quand j'ai dépéri chez moi quand j'ai appris la réhabilitation de Cole et Becks.
  Mais je ne suis pas à la hauteur, je ne suis pas rentable comme ami.

  Alors que je pensais le retrouver au lycée aujourd'hui, je tombe sur les flyers annonçant un événement soi-disant jamais vu à Wirginia Lake : un concert.

  Je froisse le papier dans mon poing et le jette par terre. Je n'ai absolument pas la tête à m'intéresser à ces broutilles. Même si en d'autres circonstances, ça aurait peut-être pu être cool.

Pas si mauvaise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant