PDV d'Anger
J'ai hésité sur la marche à suivre après les cours.
Mon frère et sa chère petite amie ont décidé de passer la soirée à la maison, et je ne crois pas que je suis prêt à passer des heures entières en leur compagnie.
Tout finit par devenir gênant avec eux, c'est un calvaire de dîner en ''famille''. Mais je crois que je vais faire l'effort.
Mais pas pour toute la durée complète de la torture.Mû par je ne sais quelle raison, je me suis rendu au dernier endroit sur Terre où je pensais m'échapper : chez Sacha.
Sa mère et moi n'avons pas perdu contact, on a traversé ce deuil déchirant ensemble, et nous continuons toujours de lui rendre visite, mon frère et moi, environ une fois par mois.
Ça me fait plaisir d'aller la voir, elle se sent vraiment hyper seule, vu qu'à la base, elle est divorcée.
Je crois que mes visites lui font du bien, elle n'en reçoit plus trop de la part du reste de sa famille, les cousins, les nièces et tantes qui habitent pour la majorité à Jacksonville. Ce n'est pas très loin, mais j'ai l'impression qu'ils veulent prendre leur distance par rapport à cette histoire, et ne plus y penser.
Ça me met en colère, parce que cela pourrit quand même vachement la mémoire de Sacha, ces gens qui ne se sentent pas capables de garder le contact avec sa mère.
Au moins, le fait de revenir voir cette dernière montre le fait que je ne l'ai pas oubliée, pas abandonnée...Je pousse un soupir mitigé en frappant à la porte de l'appartement 615, au deuxième étage du bâtiment comportant l'une des parties les plus sombres de ma vie.
Je remonte mon sac à dos sur mon épaule : je suis venu directement pour éviter de changer d'avis à la dernière minute. Pas même le temps de manger à la maison : j'ai terminé à dix-huit heures moins dix, à cause de mon option de sciences naturelles. Les horaires ne sont pas top, mais c'est une matière qui n'est plus obligatoire, alors que je l'adorais avant. Enfin, pas vraiment moi,..mais c'est pareil.La porte s'ouvre, sur Mrs Montgomery, agréablement surprise de me voir, comme toujours. Ses cheveux bruns sont devenus plus gris, et ses rides plus creuses, mais elle reste souriante et naturellement optimiste, comme à son habitude.
-Anger ! Tu ne m'avais pas dit que tu allais passer, non ? Viens, entre.
Je suppose que c'est vrai, ce n'est pas trop poli de m'immiscer ainsi, mais je sais qu'avec le temps, ça ne la gêne plus trop, mes débarquements à l'improviste, etde toute façon, c'est toujours maniaquement bien rangé ici. À croire que cette femme n'a jamais entendu parler du mot bazar.Je rentre dans le séjour, où rien n'a bougé depuis la dernière fois. Les murs sont toujours rouge ocre, avec les calendriers, photos de famille et tableaux en tout genre. Il y'a toujours ce mobilier dans les tons pourpre et mauve, comme si les couleurs devaient absolument absorber la lumière de la pièce. Mais l'obscurité n'est pas inquiétante, comme on pourrait s'y attendre, elle est...chaleureuse, on va dire ?
-Je viens de terminer mes cours, je précise.
Elle me sourit puis m'indique de déposer mes affaires.
-Si tard ? Je suppose que tu as beaucoup d'options en plus dans ton emploi du temps.
Je hoche évasivement la tête, en posant ma veste et mon sac sur une chaise libre.
-Et...Comment va Sylvain ? Il ne pouvait pas venir ?
-Il devait rester avec ma mère, pour cette fois, inventé-je.
Mrs. Montgomery est au courant de la situation de ma mère. Mais je ne précise pas que mon frère n'a aucune idée de l'endroit où je me trouve en ce moment.
-Bon, je suppose que tu as faim, non ? Il est peut-être un peu tôt mais j'ai préparé des lasagnes, ça tombe bien.
Je suis littéralement affamé, ce serait le comble de refuser.
Je l'aide à mettre la table, et servir les assiettes. Elle ne parle pas beaucoup, et ça commence à m'inquiéter. Je suis de nature ultra parano depuis quelques temps, et maintenant que je l'ai remarqué, je sens qu'elle me cache un truc. C'est peut-être idiot, mais je ne me sors pas cette idée de la tête durant tout le repas, pourtant excellent.N'y tenant plus, je me hasarde à lui poser la question.
Elle blêmit, décontenancée, puis me fuit du regard.
-Je ne sais pas si je devrais te le dire,..Je..je n'ai pas envie de t'ennuyer avec ça.
Je fronce les sourcils.
-De quoi vous parlez ? C'est à propos de Sacha ? je laisse échapper.
L'évocation de sa fille nous plonge immédiatement dans un profond malaise, et je me maudis intérieurement pour avoir dit cette énormité.
Le silence s'installe, et je me sens tout de suite gêné. Je reprends une grosse bouchée, pour me forcer à me taire, quand elle reprend :
-Oui, c'est à propos d'elle.
Je me force à déglutir, je ne suis plus certain de savoir de quoi il est question.
-Et...
Je marque une pause.
-En fait, c'est à propos de Cole. Et Becks.
Et je manque de m'étrangler avec la sauce tomate.
Quoi ?
Que vient-elle de dire ? Cole ? Becks ? Ces ordures ? Ces pourritures qui ne méritent que de crever après ce qu'ils ont fait ?Malgré moi, je commence à deviner la suite, et je secoue la tête, incapable d'articuler le moindre mot.
Mrs. Montgomery s'en charge pour moi.
-Leur appel de la décision des cinq ans a été entendu.
-Non..non.
Je ne veux pas en entendre davantage, c'est beaucoup trop.
Mais elle le dit quand même.
-Ils vont sortir, Anger....Ils vont sortir.Puis elle éclate en sanglots, devant moi.
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Pas si mauvaise...
RomanceLes apparences sont parfois trompeuses. Cette phrase n'a jamais été aussi vraie pour les élèves de Wirginia Lake. C'est en portant sans arrêt un masque pour cacher sa véritable nature qu'on ne sait plus quoi faire quand il nous est retiré. Ar...