Pause méritée

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PDV d'Anger

  Je ne pensais pas qu'après cette parenthèse émotion quelque peu déroutante, les choses iraient mieux, mais en fait, le destin s'est mis en tête de me surprendre, pour le meilleur pour une fois.
  Comme c'était le soir, les activités restantes se trouvaient limités, mais Chelsea et moi sommes restés dehors, allongés sur l'herbe du parc à deux pas de l'hôtel.
  Observer le ciel peut finalement s'avérer sympa, quand on vient d'apprendre que les assassins de votre ex-copine vont retrouver une vie normale.
  Quoiqu'il en soit, cette soirée a été de loin la plus reposante que j'ai passée depuis longtemps. Et j'étais plus qu'heureux de partager ça avec Chelsea.

  Le lendemain, on s'est retrouvés à arpenter les rues au hasard, totalement absorbés par ce paysage rustique, en décalage total avec l'habituel grand brouhaha de la ville auquel je suis habitué depuis ma naissance. La circulation islandaise est largement qualifiable d'inexistante. Les quelques voitures qui circulent sont des taxis perdus, et des vieux véhicules tous dépravés qui n'ont pas trop l'air de comprendre comment ils peuvent encore rouler.
  Chelsea m'a attiré dans un vieux pub, qui avait l'air d'un saloon, en pleine immersion far-west.
  D'ailleurs, les types à l'intérieur sont tous affublés de chapeaux de cow-boys ridicules.
  Mue dans son élan de se fondre dans la masse, elle s'est jetée dans la boutique souvenir pour nous en acheter un, et j'ai dû faire appel à toute ma force de persuasion pour qu'elle ne me force pas à mettre ce couvre-chef ridicule.
  Et j'ai perdu la partie, et dû me trimballer ce stupide chapeau pendant qu'elle se moquait de moi, et commandait à boire.
  L'ambiance de ce bar était vraiment bizarre, avec le jukebox flambant neuf, et le décor de foins entassés dans les recoins censés évoquer...le far-west ? Je n'y connais strictement rien.
  En revanche, j'ai constaté que plusieurs personnes se levaient parfois pour danser, quand ils reconnaissaient leurs chansons préférés ou je ne sais quoi.
  Plus bizarre, tu meurs.

  Chelsea était toujours en train de se moquer de moi quand j'ai reconnu la voix de Jökull Júlíusson.

-Hé, mais ce ne serait pas..?

  Je laisse ma phrase en suspens alors que j'essaye de me souvenir de la chanson. Mais je ne connais pas ce groupe aussi bien que Chelsea, qui en fait une fixette dessus depuis qu'on se connait. Alors je la teste :

-Tu la connais ?

  Et à ma grande surprise, la voilà partie dessus, à fredonner les paroles, comme si c'était tout à fait naturel.

How many dollars do I need, sir ?

You know I sure don't have a lot

  Elle la connait absolument par cœur, c'en est terrifiant. Les personnes âgées en train de danser me donne finalement bien sûr la pire idée au monde, mais je décide que j'ai bien le droit de faire un écart, vu que je suis en vacances, en Islande. Et ce serait totalement injuste que je me ridiculise avec ce foutu chapeau et qu'elle, ne fasse rien en retour.

  Alors je me lève et lui tends la main. A la façon dont elle me regarde, je le regrette déjà, mais j'insiste néanmoins. Elle lève les yeux au ciel.

-Hors de question, tranche-t-elle.

-Tu sais très bien que je vais forcer jusqu'à que tu lèves ton cul de là, la réprimandé-je. Fais-nous gagner du temps.

  Mon argument débile finit par la faire changer d'avis, j'imagine, et elle se résigne à me prendre la main, à contrecœur comme si j'étais atteint d'une maladie infectieuse. Sympa.

-Je ne vois pas ce que tu cherches à prouver, déclare-t-elle alors que nous nous faisons dévisager par tous les vieux alcooliques. Tu disais que tu détestais danser.

Pas si mauvaise...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant