PARTIE 4

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Ainsi avait-il brulé les papiers de Bouba et repartit sans lui. Ce dernier devenu fou rage quand son père lui montra ce qu'il restait de ses papiers. Mais aussi mélancolique qu'il puisse être ne manqua pas de rires son père au visage en lui disant :
_ Tu peux faire tout ce que tu voudras mais je ne laisserai jamais tombé Fily ....
Bouba n'avait cessé de voir Fily au contraire cela même malgré les remontrances de Pa. Thierno le père de Fily à qui il promit d'épouser sa fille..........
Depuis que son père était rentré, Bouba n'en faisait qu'à sa tête. Il ne parlait à sa mère que quand ça lui plaisait et découcher de plus belle. En moins d'un an il claqua presque toutes ses économies pour traiter les demandes de Fily et de ses parents. Il était allé jusqu'à vendre certains de ses matériels avant de se tourner vers son frère Talla.
Talla depuis toujours a été celui qui endosse le rôle de Bouba : le rôle d'ainé. Ce n'est par hasard que son père l'amena en premier s'expatrier. A l'époque contrairement à Bouba qui s'adonnait au banditisme, Talla lui cartonnait à l'école. C'est en décrochant son bac G que son père l'amena poursuivre ses études supérieur à Londres en Ingénierie, électricité, bâtiment.
Talla avait toujours été responsable, mature, crédible et surtout irréprochable aux yeux de tous. Il faisait toujours passer les problèmes de la famille avant les tiennes. Depuis que son père était revenu il avait essayé tant bien que mal de lui parler de Bouba mais ce dernier ne voulait rien entendre......
Deux ans s'écoulèrent après les évènements ............
Deux longues années qui furent très dures pour Badiène. Elle qui était la première à subir les soutes d'humeurs de Bouba. Jamais elle ne s'en plaignait à son mari dont la santé n'était pas au top. Son fils Talla l'avait appelé pour lui dire que son père avait eu une attaque et depuis elle ne voulait plus importuner son mari. Ce dernier ne parvenait à digérer ce que leur ainé leur avait fait : cette affront qu'ils ne parviendraient plus à laver.
Quant à Bouba, il ne parlait avec son père que brièvement et même pour cela ce fut son oncle Malik qui dû lui demanda. Bien qu'il ait demandé pardon à son père sous les directives du père de Cathy, cela ne l'empêcha pas de laisser Fily. Il amenait Manse qui avait 5 ans et son frère de 2 ans quand ça lui chantait à la maison. Oui Fily eut encore un autre garçon qu'elle appela Thierno comme son père. Lorsqu'il amenait ses enfants, Badiène ne disait rien mais n'empêche les donnait à manger quand ils avaient faim. Cependant jamais les enfants ne restaient plus d'une heure à la maison à cause de leur mère. Fily menaçait Bouba de lui priver de ses enfants s'il ne l'épousait pas. Et pour cela elle refusait catégoriquement que ses fils passent la journée chez leur père. Oui en l'espace de deux ans Bouba n'avait toujours pas épousé Fily.
Cathy avait 16 ans. Elle avait réussi avec brio son examen de BEFM et était désormais au lycée en classe de seconde. Comme toujours elle n'avait pas voulu de fête d'arrosage surtout pas en ces moments de crises à la maison. Ça aurait été égoïste de sa part de s'amuser en voyant la tristesse de sa tante. Oui Badiène savait ce qui se disait dans le quartier et surtout au sein de sa belle-famille. Les rumeurs lui parvinrent que les gens la respecter mais pas sa progéniture. Avec ses belles sœurs ce n'étaient point l'amour fou. Il y'avait beaucoup de clans dans la famille de son mari. Malgré cela ils se fréquentaient tous surtout lors des grandes occasions.
Faut savoir que leur père avait deux épouses. C'est la seconde femme mère Fama qui était la mère du mari de Badiène Omar Diop suivi de Dior Diop et Talla Diop le cadet. Ils n'étaient que trois de leur côté contrairement à leur 7 demi-frères. Au décès de leur père Bouba Diop, les choses changèrent globalement. Ils n'eurent qu'un tout petit part de l'héritage. Leurs demi-frères avec l'aide de leur mère confisquèrent tout ce que leur paternel laissa. A cet époque, ils n'eurent plus de quoi manger tandis que leur demi-frères eux menaient la belle vie refusant de les aider.
C'est en travaillant comme docker au port de Dakar qu'il rencontra Badiène qui descendait juste d'un bateau taxi ralliant Rufisque-Dakar. Et ce premier jour où il alla la rendre visite, le père de badiène lui accorda la main de sa fille en achetant lui-même le cola. Omar habitant dans une chambre en zinc voulu laisser son épouse chez ses beaux-parents mais c'était sans compter l'avis de cette dernière. L'unique chambre qu'ils reçurent de l'héritage était celle qu'occupait sa mère, son frère et sœur. Avec ses maigres moyens, il avait pu se fabriquer une chambre à zinc à côté. C'est dans cette chambre que Badiène vécu des années, une chambre que menaçait inondation à chaque fois qu'il pleuvait. Ses belles sœurs de l'autre côté, ne cessaient de lui lancer des piques à longueur de temps mais sous la demande de mère Fama elle ne répliquait jamais.
C'est avec l'aide de son frère Malik que son mari a pu s'expatrier en Angleterre. C'était juste à la naissance de Bouba, lorsqu'Omar Diop partit sans plus donner de nouvelle durant 2 ans. Une période très dure pour sa famille et lui.
Dès qu'il foula le sol britannique, il fut victime d'un vol de son sac marin qui renfermait ses bagages et le peu d'argent qui lui servait d'économies. Dans ce pays il ne connaissait personne, il erra tardivement dans les rues avant de passer la nuit à la belle étoile tel un sdf. Oui un sdf Omar Diop était devenu jusqu'à ce qu'il rencontre un compatriote sénégalais qui l'amena dans un foyer. Tapha était cet ami qui l'avait sauvé de la rue et son honneur en l'aidant pour avoir des papiers et un travail.
Pendant ce temps sa famille vivait dans des eaux troubles, sa femme surtout qui entendait tout plein de choses désagréables.
« Tu vois des gens misérables et tu te marie à l'un d'eux. Voilà comment te sens tu hein tu faisais la fière maintenant il t'a laissé avec un fils pour se couler douce avec une blanche. Même s'il a le nom de notre défunt père garde ton morveux de fils loin de nous qu'il n'entre plus dans nos chambres » Voilà ce qui était le refrain de ses belles sœurs lorsqu'elles se croisaient dans la maison.
Si ce n'était pas encore son frère Malik, sa belle-mère aurait accepté la proposition des autres de leur revendre ce côté de la maison qu'ils occupaient pour vider une bonne fois les lieux. Badiène avait le soutien de sa famille mais aussi de sa belle-famille. Grace à l'aide de son frère, avec Dior et mère Fama elles ouvrirent une gargote au garage pompier de Dakar. Une affaire florissante qui avait pu payer l'inscription de Talla pour un concours d'entrée dans une école de Gestion.
Ayant son fils de deux ans au dos, un bol des restes du plat du jour à la gargote qui allait leur servir de repas comme toujours, Quel ne fut pas son état en voyant cet homme nichait dans un costard gris ? Si ce n'était Talla son beau-frère, elle allait écraser son fils en tombant au sol. Elle avait pu été sauver contrairement au bol qui s'était renversé.
A son réveil, il n'y avait que son mari à ses cotés sur lui leur fils Bouba que renfermaient ses bras tel un trésor qu'il gardait précieusement. Autour d'un diner, Omar Diop leur raconta sa mésaventure. Au cours de ce même mois, ils déménagèrent dans une maison de location. Si ce n'était mère Fama jamais ses enfants n'auraient renoué avec leurs demi-frères qui refirent surface quand la vie leur sourit enfin. Omar Diop et ses frères leurs avaient pardonnés mais cependant ne pouvaient oublier ce qu'ils les avaient fait subir et rester toujours sur leur garde.
La vergogne est un trésor que beaucoup ne possède pas hélas nous dit-on souvent ! Tel est le cas des demi-frères d'Omar Diop qui se comportaient comme si de rien n'était.
Badiène toujours cité en exemple par sa belle-mère, Dior, Talla et même son mari avait le respect et la sympathie de tous. Tapha le meilleur ami de son mari qui avait amené sa famille vivre au royaume uni à ses côtés ne manquait jamais de faire ses éloges concernant l'éducation que cette femme donnait à ses enfants. Oui quand Omar eut sa première maison qu'il offrit à sa mère, il voulut amener son épouse et ses deux fils à la naissance de Talla en Angleterre. Malheureusement il s'était heurté au refus catégorique de sa femme pour une première. Badiène ne voulait que ses enfants se prennent pour des toubabs comme lui disait souvent l'épouse de Tapha. En plus de cela, il y'avait les charges de son mari qu'elle ne voulait point augmenter. Elle entendait souvent ce dernier déplorer la cherté de la vie là-bas. Et aussi, il y'avait mère Fama et Dior, qu'elle ne voulait délaisser mais cela finit par arriver quand son mari eut la maison aux parcelles et que sa belle-mère lui demanda de rejoindre cette villa qui était désormais son foyer. Ainsi Badiène sortie la tête haute de chez sa belle-mère. Elle venait de récolter ce qu'elle avait semé dans son ménage : Et la récolte fut très bonne.
Cependant Bouba venait de tout gâcher, les demi-sœurs de son père ne cessaient d'en parler à chaque cérémonie familiale. Seule Dior prenait sa défense comme toujours et pour dire vrai elle ne mâchait jamais ses mots pour rafraichir à ses sœurs leurs problèmes personnelles.
Même si elle s'efforçait de sourire, Cathy savait que sa tante n'allait pas bien. Depuis qu'elle avait eu son examen, sa tante l'avait inscrite au complexe Saint Michel de Dakar d'où elle étudiait avec Moctar l'homonyme de son grand-père paternel qui faisait la classe de première.
En deux ans Cathy changea totalement. Elle n'était plus du tout la jeune fille frêle mais plutôt une très belle demoiselle au teint noir resplendissant qui lui valut le surnom « Diamant Noir ». Oui, elle avait un très beau teint noir dont elle était très fière. A chaque fois qu'elle se trouvait dans la rue, des inconnus restaient en admiration devant elle avant de la conseiller :
_ Mademoiselle ne vous dépigmentez jamais ! Restez toujours ainsi naturelle.
Ce conseil, elle ne le recevait pas que dans la rue mais même au sein de sa propre famille. Cathy était très belle, élancée, au teint noir avec de très grands yeux en formes d'amandes et des formes qui commençaient bien à marquer. Et bien sûre Badiène restait sur le qui-vive lorsqu'un soit disant copain de classe venait lui emprunter des livres. Sachant sa nièce naïve elle l'a surveillée comme du lait sur le feu. Et ce samedi soir ou elle faisait le thé, Bouba encore fut en admiration de sa cousine après que son meilleur ami lui confia qu'il aimerait bien avoir cette petite perle.
_ Ne redis jamais pareil chose avait-t-il dit sur le ton de la colère
_ Et pourquoi ? Renchérit Aba qui est de nature très taquin
_ Hey je ne badine pas mec il s'agit de ma cousine alors pas touche
_ Cousine hein tu dis voudrais tu appliquer cette affirmation comme quoi les cousines sont faites pour les cousins ? Je te rappelle que tu as déjà ta Fily....
_ Oh même pas Cathy c'est ma sœur et je ne veux que le meilleur pour elle
_ Salaud alors moi qui suis ton meilleur ami je ne suis pas bien pour elle
_ Toi-même tu l'as-tu es mon meilleur ami donc je te connais suffisamment pour ne pas te laisser t'approcher d'elle
_ Je ne faisais que blaguer pas besoin d'être sur la défensive mais sinon c'est une véritable perle ..........
Oui une perle, Bouba savait à quel point elle l'était..........
Cette même année une terrible épreuve venue frapper cette famille qui était déjà en conflit..............
C'était un fameux dimanche, ou toute la famille prenait tranquillement le petit déjeuner sans Bouba qui dormait toujours. Quand le téléphone fixe sonna et que Tapha partit décrocher pour ne plus revenir.
_ Tapha qui c'est ? Demanda Badiène sans avoir de réponse de sa part.
Sans un mot, ils le virent monter les escaliers et redescendre avec Bouba quelques instants plus tard.
Bouba : Maman vous déjeunez ?
Badiène : Oui pensais tu que nous allions t'attendre. Bouba change un peu ....
Bouba : Mais maman c'est dimanche aujourd'hui et euh....... Je viens de parler à Talla
Badiène : C'est lui qui avait appelé Tapha ?
Tapha : ......................
Badiène: Mais n'est-ce pas à toi que je parle ? Qu'est-ce que tu as ? Bouba ne me dis pas que vous vous êtes encore disputez ?
Bouba : Euh non Maman, s'il est triste c'est que Talla nous a donné une très mauvaise nouvelle
Badiène : Dis-moi quelle mauvaise nouvelle peut donner Talla en ce dimanche si matinal pour que ton frère soit triste ?
Bouba : .......................
Badiène : Parle je t'écoute, c'est ton père il est encore malade ?
Bouba : Calme toi maman
Badiène : J'avais dit à Omar de me laisser venir pour m'occuper de lui le temps qu'il aille mieux. Mais il me dit qu'il est bien portant et Talla ne me dis rien. Mais cette fois c'est décidé je vais appeler votre oncle Malick pour m'aider avec les papiers .......
Bouba: C'est plus la peine papa il est mort, il y'a une heure à peu près .....
Badiène : Comment ? Arrête tes blagues car ce n'est pas drôle, même si tu es fâché contre lui tu ne dois point jouer avec la mort idiot !
Bouba : Maman ai-je l'air de jouer, papa est mort. Demande à Tapha quand il me l'a dit je n'y ai pas cru non plus et j'ai appelé immédiatement Talla.
_ Omar est mort, Omar est mort ne cessait de répéter Badiène comme si elle perdait la raison.
Puis ce fut un véritable cataclysme, Cathy pleurait dans son coin tandis que Badiène émettait des cris en se frappant la poitrine comme si elle allait faire un attaque troublant au plus haut point ses enfants.
_ Omar ne peut pas me laisser ne cessait-elle d'hurler en ameutant le voisinage.
En moins d'une heure la maison fut tellement peuplée que Cathy ne sut plus ou me mettre. Bien qu'elle pleure de peine d'avoir perdu son oncle qui la chérissait comme sa propre fille cependant elle pleurait aussi de tristesse de voir Badiène dans son état. Ses larmes redoublèrent quand sa mère venue en pleurs se jetait sur sa belle-sœur.......
Ne pouvant sans doute plus supporter toute cette tension étouffante, Badiène perdit connaissance avant d'être acheminée à l'hôpital et mise sous perfusion avec Penda la mère de Cathy et Bouba à ses chevets. Cathy, Tapha et Moctar se retrouvaient désarmais à la maison au beau milieu des cris des membres de la famille d'Oumar Diop qui venaient d'arriver. Ses hypocrites de sœurs criaient à tue-tête devant une mère Fama silencieuse étreignant son chapelet. Dior était inconsolable, elle était restée à même le sol pleurant toutes les larmes de son corps.
Ah les funérailles sénégalais, un véritable festin pour certains, un calvaire pour d'autres qui déboursent toutes leurs économies à cette occasion. Depuis l'hôpital, Bouba appela son frère pour cela. Talla depuis que son père l'avait quitté ne savait comment annoncer la nouvelle à sa famille. Il était resté une heure de temps à errer dans les halls de l'hôpital attendant par la même occasion qu'il soit neuf heures à Dakar pour appeler. Assis sur un banc, il se remit à penser aux nombreuses discussions de son père qui lui demander de veiller sur la famille car c'est lui qu'il considérait comme son ainé. L'appel de Bouba ne fit que réaffirmer les dires de leur défunt père.
_ Talla nous sommes à l'hôpital maman a perdu connaissance avait lâché Bouba comme une bombe à son frère
_ Quoi ? Comment elle va ?
_ Rassure toi les médecins disent que c'est dû au choc là ils ont endormi
_ Prends soin d'elle Bouba ce n'est pas faciles pour les autres aussi
_ T'en fait pas j'ai laissé ta Penda avec elle. Bon si je t'ai appelé c'est pour parler des funérailles de papa
_ Comment ça les funérailles ne faut-il pas attendre que le corps de papa soit rapatrié pour cela ?
_ Ça ne marche pas comme ça. Il y'a beaucoup de gens à la maison alors il faut cuisiner ....
_ C'est toi qui sais frère moi je n'ai pas la tête à cela
_ C'est dur mais il faut faire les choses bien en attendant envoie 1000 Livre Sterling pour l'instant et après on verra
_ Parce que 1000 Livre Sterling ne suffisent pas 750.000Fcfa tu te rends compte Bouba ? Papa a toujours détesté ce genre de chose et pourquoi ne pas faire les choses simplement et des récitals de Coran c'est plus important que d'organiser un festin.
_ Je te rappelle que je suis l'ainé Talla. Je sais très bien de quoi je parle. Et je n'ai pas envie de fatiguer maman avec ça .......
_ Non Bouba tu n'as pas à le faire. Il faut que je retourne à la maison pour t'envoyer l'argent car là je suis encore à l'hôpital
_ Frérot crois moi je n'oublie pas dès que j'aurais un bon travail je te rembourserai toutes mes dettes ainsi que ça
_ Tu n'as pas à me rembourser surtout pas pour les funérailles de papa. Tu es mon grand frère et tu auras fait pareil pour moi...........
Deux heures plus tard il alla retirer l'argent pour rentrer. Chez eux Talla le petit frère de leur père avait déjà amené le nécessaire deux bœufs et autres condiments. De ce fait Bouba garda pour lui l'argent.
Badiène ne resta qu'une nuit à l'hôpital. A son retour à la maison, Dior fut la seule à l'habiller en blanc pour ce premier jour de deuil empêchant ses demi-sœurs de la toucher.
Puis s'en suivis les disputes de femmes. Les voisines du quartier qui s'afféraient déjà en cuisine et les demi-sœurs de Badiène qui voulaient aussi s'immiscer dans la cuisine. Un brouhaha se formant, seule dans sa bulle, Badiène qui était au centre de l'attention ne s'en rendit même pas compte.
Ce fut Dior qui alla les retrouver pour voir ce qui se passait. Quand elle vu ses grandes sœurs elle comprit tout.
_ Que faites-vous ici ? Hein votre place est -elle vraiment là ? Ou auprès de votre belle qui vient de son mari pour la consoler ? Et mari qui n'est personne d'autre que votre demi-frère
_ Dior nous sommes toutes tes grandes sœurs et jamais on ne vous a considéré comme nos demi-frères mais plutôt comme nos frères de même père et mère
_ Tu sais quoi Bintou je ne suis pas là pour polémiquer laissez ces dames cuisiner... Contre leur gré elles suivirent leur petite sœur.
Durant deux semaines ce n'étaient que défilés, des va et vient incessants jusqu'au rapatriement du corps. En deux semaines les dépenses de Talla augmentèrent de plus bel à chaque fois Bouba l'appelait pour l'argent. Plusieurs des membres de leur famille paternel était venu du village pour s'installer chez eux refusant d'aller chez mère Fama ou elles vivaient seules avec sa fille. Chacun avait ses chichis pour le petit déjeuner, certains réclamaient des brioches refusant de manger le pain chaud de la boulangerie, le beurre ou chocolat pour demander de la charcuterie. Bouba ne pouvait s'empêcher de dépenser même s'il aurait aimé garder l'argent comme au début. Et pourtant Dior et son frère avaient demandé à tous de rentrer jusqu'au rappariement du corps mais beaucoup furent la sourde oreille. Pour rien au monde, ils ne voulaient manquer ces mets délicieux ainsi que le repos qu'il leur était donné. En deux semaines jour pour jour, des groupes de femmes cuisinaient deux grandes marmites de 40 kg chacune communément appelée « Mbanas en Wolof » pour les repas.
Durant ces deux semaines tous crurent que la douleur de Badiène s'était atténuée, paraissant plus sereine. En deux semaines, ce fut un peu le calme jusqu'à ce que Talla revienne avec le corps. Il avait suffi que sa mère, le voit pour pleurer comme au premier jour.
De tout le vol, Talla ne parvenu à fermer les yeux. Tapha le meilleur ami de son père avait tenu à accompagner la dépouille de son plus que frère jusqu'à sa dernière demeure.
Voilà 7 ans que Talla avait quitté le Sénégal pour Mayfair. Il n'aurait jamais cru revenir dans tel condition : enterrer son père. Beaucoup d'émotions le submergèrent sur le moment.
Une fois à l'aéroport de Yoff, il se laissa aller dans les bras de son oncle Malick. Et pour la première fois de sa vie, il vu son oncle pleurer à chaude larmes tel un enfant avant qu'il ne le console. Le pire pour lui c'est de consoler sa mère qui refusait de le laisser et surtout de se calmer. Sa mère étant sa faiblesse, il ne pouvait supporter de la voir pleurer. Il n'eut même pas le temps de se reposer que son homonyme Talla lui dit de se préparer car son père allait être enterré le même jour.
Dès lors les défilés reprirent de plus bel. Des personnes connus ou inconnus venaient présenter leurs condoléances ou faire un beau témoignage sur le défunt.
Ils n'eurent du répit que quelques jours après l'enterrement. Les invités rentrèrent, la maison fut moins encombrée et la tristesse devenue plus supportable. Depuis que Talla était là, il n'avait échangé mot avec Cathy. Il était l'un des rares enfants de Badiène à sympathiser envers tous ceux qui venaient présenter leur condoléance ou leurs remercier en ces moments de deuil.... les autres frères ne se limitaient qu'aux remerciements pour vaquer à leurs occupations.
Visiblement Il supportait plus la perte que les autres ou du moins il ne montrait pas son chagrin.
Talla n'eut l'occasion de parler à sa cousine que 10 jours après son arrivée. Depuis qu'il était là, il fut tout le temps occupé. A croire que c'était l'ainé, ou parce qu'il revenait fraichement de voyage, chacun voulait lui parler, chacun voulait lui dire au revoir en partant en échange d'un petit billet de sa part. Ah Talla et sa générosité légendaire tous le lui avait témoigné ses parents les premiers. Durant sa première au royaume Uni, il avait trouvé un travail dans un coffee qu'il alliait aux cours pour ne plus être dépendant de son père. Après l'obtention de son diplôme, il relégua son père de toutes ses charges là-bas qu'il prit à ses frais allant de leur loyer, des factures, la nourriture, les soins..... Il voulut aussi en faire de même au Sénégal avant que son père ne lui dissuade lui conseillant d'économiser car lui aussi est appelé à fonder sa propre famille plus tard. Malgré cela à chaque fois que l'occasion se présentait, c'est des mandats qu'il envoyait à toute sa famille.
Depuis le décès de son père, c'est lui qui pris en charge tous les frais relatif aux funérailles et ils n'étaient pas des moindres.
Talla depuis qu'il était là n'avait pas reconnu Cathy. Il arrivait qu'il l'aperçoit de loin servir les gens ou débarrasser les plateaux vides. Depuis qu'il était là, à chaque fois qu'il demandait après elle, on lui disait qu'elle était sortie ou était à l'école. Et la nuit en espérant la trouver dans la chambre de sa mère ou dormait sa cousine. Il ne voyait qu'une silhouette recouverte d'une couette. Et le jour où il voulut la réveiller en découvrant son visage sa mère l'en empêcha:
_ Talla laisse la dormir elle a école demain.....
_ Maman j'aimerai juste lui parler
_ Pour la fatiguer encore.....
_ Mais non-dit-il en continuant d'admirer ce beau visage et se rappelant de cette nuit où il avait pris pour Fily.
Deux jours après son arrivée, en voyant Cathy sortir de la chambre de Bouba, il crut que c'était Fily dont il n'a jamais vu.
_ Bouba respecte un peu les choses comment ose tu ramener ta copine à la maison et de surcroit dans ta chambre en période de deuil dit-il doucement en s'asseyant auprès de lui
_ De quel copine parles tu ? Es-tu en train de perdre la tête il n'y avait personne ici
_ Je viens de voir une jeune fille sortir de là
_ Mais c'est Cathy .....
_ Qui Cathy la fille d'oncle Malick
_ Oui il s'agit d'elle sale fou t'a cru c'était qui ?
_ Euh je croyais que c'était ta Fily là je l'ai juste aperçu je n'ai pas vu son visage
_ Eh bien c'était Cathy, t'as vu elle a grandi hein
_ Oui je vois ça, je t'assure je ne l'avais pas reconnu .........
10 jours après son arrivée, Il eut enfin l'occasion de parler à sa cousine. Il avait trouvé Cathy auprès de sa mère lui tenant compagnie à lui faire la conversation dans sa chambre. Etant en classe de seconde Badiène lui demandait si elle s'en sortait bien dans les cours.
_ Ah badiène je fais de mon mieux, mon problème reste les maths.... S'arrêta-t-elle en voyant Talla au seuil de la porte
Talla : Pourquoi tu te tais continu ce que tu disais ... Une fille d'un prof de mathématiques qui ne sait rien en maths
Badiène : Elle en connait plus un rayon que toi
Talla : J'ai eu un bac G je te rappelle. En tout cas je suis heureux de te voir ainsi que d'être triste tout le temps maman
Badiène : Elle me tient compagnie contrairement à vous qui êtes tout le temps dehors
Talla : Tu sais maman je n'avais pas reconnu Cathy à mon arrivée, elle a tellement grandi........
Badiène : C'est vrai elle n'est plus une petite fille maintenant
Talla : Je t'assure que c'est Bouba qui m'a dit qu'il s'agissait d'elle
Badiène : Ah bon c'est une femme maintenant
Talla : Oui la dernière que je l'ai vu elle avait encore de la morve qui coulait
Badiène : Assis-toi Talla nous devons parler
Moi : Je vous laisse Badiène ....
Badiène: Non reste, tu fais partie de la famille ma chérie, tu es ma fille. Talla j'aimerai savoir, toi qui as été avec ton père durant ses derniers jours .... Que s'est-il passé ? Pourtant il me disait qu'il allait mieux ?.....
Talla : C'est vrai mais il avait eu une attaque au travail mais s'en était sorti. Il a été hospitalisé deux jours....
Badiène : Et tu ne m'as rien dit ?
Talla : Tu connais papa mieux que qui conque. Il ne voulait pas vous alarmer, j'avais espoir qu'il s'en sorte, les médecins disaient qu'il était hors de danger. Mais il est parti .....
Badiène: Je ne sais pas comment je vais m'en sortir sans lui
Talla : Nous sommes là, on est tous là pour toi alors ne dis plus ce genre de chose. Alors petite maman quel âge as-tu ?
Moi : 16 ans
Talla : Alors tu ne pleures plus pour Bouba maintenant ......
Badiène : Arrête de la charrier, elle était une gamine
Talla : Tu te rappelles maman, elle disait tout le temps que c'était Bouba son mari et pleurer quand on lui disait que Bouba ne l'aimait pas ....
Moi : C'était-il y a très longtemps et Bouba est mon frère ...
Talla : Si veux de lui faut me le dire hein comme ça tu resteras toujours ici
Moi : Tu es vraiment fou toi, Bouba est mon frère rien d'autre. Badiène parle lui
Badiène: Laisse ma fille tranquille toi....
Talla : En parlant ou est-il Bouba ?
Moi : Il est sorti depuis ce matin
Badiène : Il m'a dit qu'il partait voir ses enfants
Talla : J'aimerai qu'on ait une discussion avant que je ne rentre
Badiène : Tu vas repartir....
Talla : Maman je n'ai eu que deux semaines de permission dans cinq jours je repartirais ........
Bouba depuis le décès de son père paraissait comme absent, lorsqu'il se trouvait seul, son regard devenait vide. Il semblait dans un autre monde perdu dans ses pensées. Inconsciemment il s'en voulait d'être resté en froid avec son père et le regrettait très amèrement.
Malgré ça, il continuait toujours à voir Fily qui venait désormais comme bon lui semble à la maison soit disant présenter ses condoléances. Quant à Tapha il avait repris le chemin de l'université et Moctar celui du lycée. Talla était le plus proche de Badiène, il l'était aussi avec son père : Il était avec tous Cathy y compris jusqu'à ce qu'un fosset énorme se creusa entre eux.......

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