PARTIE. 38

22.4K 2.9K 11
                                    

_ Voilà pourquoi Bintou te traite de sotte
_ Ay Badiène tu t'y mets aussi ...
_ Regarde Fily, elle est très coquine et apprend ça d'elle. Elle met tout le temps du thiouraye. Elle n'est pas aimante c'est vrai mais j'imagine que si Bouba ne jure que par elle c'est qu'elle a bien su le ferrer de ce côté-là. Un homme n'est qu'un homme après tout. C'est vrai que la docilité, l'amour, la confiance est important dans un couple mais le lit n'est pas en reste. Il faut toujours t'occuper du ventre et du bas ventre de ton mari et tu lui seras indispensable..............
...........................................................................................................................
Un mégot entre les doigts, il expira par les narines une bouffée de fumée qu'il venait d'ingérer. Le regard vide, les traits du visage tirés, il attendit que l'apprenti descende ses bagages du car. Le garage pompier grouillait de monde à cette heure de la nuit, certains passagers attendaient l'heure de départ des horaires pour embarquer tandis que d'autres venaient de débarquer sur Dakar.
_ Boy tu as récupéré tes bagages ? Demanda Manse qui trainait derrière lui une chèvre qu'il avait acheté à bas prix à Louga.
_ Oui c'est bon essayons de trouver un taxi je suis exténué .... Répondit Bouba agacé.
Voilà une dizaine de jours qu'il était parti à Louga voir un marabout en compagnie de Manse. Il avait cru dur comme fer qu'à son retour sa femme aurait déjà pris le passeport de son frère mais elle n'y arriva pas. Comment pouvait-elle y arriver si elle ne savait même pas ou chercher et depuis que Talla était de retour, leur chambre était tout le temps fermée à double tour. Pourtant Fily s'était rapprochée de sa belle-sœur rien que pour aider son mari.
A Louga Bouba se remit à fumer pourtant il avait abandonné depuis que son père l'avait battu en le laissant pour mort sans manger durant deux jours. Oui son père pouvait être cruel dans le seul but de les remettre sur le bon chemin. Il lui avait fait voir de toutes les couleurs plus que ses autres frères. Il fallait convenir qu'il était le plus terrible des quatre frères.
Sa montre affichait trois heures du matin lorsque le taxi s'arrêta à l'angle de leur quartier. Il ne voulait qu'une chose prendre un long bain pour enlever cette odeur infecte qui se dégageait de son corps. Le vieil Sané, le marabout de son beau-frère lui avait faire prendre des bains durant tout son séjour les uns plus nauséabondes que les autres. D'après lui ses problèmes se dissiperont et Talla ne ferait plus rien sans lui demander son avis ou avoir son accord.
« Désormais entre vous ce sera comme un chien et son maitre. Tu seras son maitre et il te suivra comme chien. » Lui avait dit le marabout avant qu'il ne revienne à Dakar.
A sa famille, il avait mentit disant qu'il avait eu un travail hors de la ville. La seule qui savait la vérité était bien évidement sa femme et sa belle-famille.
_ Mon vieux donc on se dit à demain. Dès que tu as le passeport rapporte le moi. Lui tapota Manse à l'épaule pour rejoindre son domicile.
Talla venait juste de se doucher. Il avait laissé sa femme dans la salle de bain reprendre ses esprits pour changer les draps. Oui chaque matin Cathy était obligée de faire le linge ce qui surprit les habitants de la maison puisqu'elle ne le faisait jamais. Badiène qui ne sachant pas de quoi il retournait, lui avait sommé d'arrêter pour laisser la lingère s'en occuper mais il était hors de question qu'elle laisse leurs draps souillés laver par une autre personne qu'elle.
La sonnerie retentit trois fois pour que Talla s'habille et descende ouvrir sur ses gardes. Qui pouvait bien sonner à cette heure ?
_ Qui est ce ? Demanda-t-il derrière le portail
_ C'est moi répondit la grosse voix de son frère qu'il reconnut
Sans attendre il lui ouvrit. Bouba lui mit un vent sans lui accorder un seul mot. Il ne devait échanger avec lui que le lendemain comme lui conseilla Sané. Talla mit cela sur le compte de la fatigue. Bien qu'il ignore le travail qu'effectue son frère, il était fier et content qu'il puisse travailler.
_ Ou étais tu ?
_Quelqu'un avait sonné et c'est Bouba
_ Ah ..... Fut le seul mot capable de sortir de sa bouche
Elle s'était promise de rester loin de Bouba. Elle ne voulait plus de problème si ça ne dépendait que d'elle, jamais elle ne lui adresserait la parole. Mais c'était impossible après tout Bouba était le fils de sa tante, ils vivent sous le même toit et c'est le frère de son mari. Sans adresser un mot à son mari, elle se coucha pour lui tourner le dos. Talla se colla à elle lui caressant le ventre. Il la sentit se raidir.
_ Quelque chose ne va pas ? Lui souffla-t-il à l'oreille en lui caressant le lobe avec son souffle chaud ....
_ Non il n'y a rien je suis juste fatiguée et demain j'ai école
_ Paradise comme Bouba est de retour je pense que je vais lui parler pour tout mettre à plat...
Comme Cathy ne disait rien il enchaina.
_ Maman et ton père m'ont demandé de lui pardonner et de repartir sur de bonnes bases. Je crois que c'est le mieux à faire si on veut vivre heureux et surtout en paix. Donc j'ai décidé à mon retour à Londres de débloquer mon compte d'épargne pour remettre à Bouba les 3.000.000 qu'il lui faut. Je pense qu'avec ce nouveau départ il redeviendra le Bouba qu'on connait tous. Il ne peut être méchant gratuitement c'est juste qu'il est frustré que papa ait brulé ses papiers..... Et je sais que je t'ai promis de te faire venir après le bac et je tiendrai ma promesse mais permet moi juste d'aider d'abord Bouba.
Cathy s'était endormie et n'avait rien entendu des nouvelles résolutions de son mari. Talla n'ayant aucune réponse s'était tourné de son côté pour la laisser digérer.......................
Ce matin je m'étais levée du mauvais pied, énervée sans savoir pourquoi. D'habitude c'était Moctar qui venait toquer à ma porte mais depuis son retour Talla prit le relais. Dans la salle de bain j'étais restée plus d'une trentaine de minutes jusqu'à ce que Talla me demande si ça va. Je lui répondis par l'affirmative d'un ton sec. A ma sortie il n'y avait personne dans la chambre alors j'en conclu qu'il priait.......
Il était déjà 7h et demi et Cathy n'était toujours pas descendue. Moctar hâtait son frère d'allait chercher sa femme. Même s'ils prenaient un taxi il ne fallait pas non plus abuser. Ils allaient arriver en retard en pleine semaine de composition. Talla n'y cru pas en voyant sa femme encore en serviette. Des habits étaient partout éparpillés sur le lit.
_ Cathy tu n'es pas encore prête ? Moctar et Yacine n'attendent que toi....
_ Ils n'ont qu'à attendre hurla-t-elle
Talla la sachant énerver alla dire à son frère et Yacine de partir sans elle qu'il l'amènera après. Il la retrouva assise par terre observant minutieusement quelques habits gisant au sol.
_ Vas-tu me dire ce qui tu as ? Exigea Talla qui la souleva d'un coup
_ Rien aboya Cathy comme une chienne enragée
_ Prépare toi je vais te déposer les autres sont déjà partis
_ Ils ne m'ont pas attendu....
_ T'attendre encore que faisais tu durant tout ce temps bon sang ....
_ Je n'avais pas fini
_ Finir de faire quoi... Vous êtes en plein composition et tu t'en fous d'arriver en retard ... Finit de te préparer tout de suite
En ce moment, je le hais et le drame c'est que je ne pouvais rien lui faire. J'haïssais aussi Moctar et Yacine de s'être plains. Comme s'il n'avait que ça à faire, il me surveillait dos au mur. Doucement je soulevai une robe pour la regarder et la déposer. Je venais de faire cinq fois ce manège sans savoir quoi porter.
_ Maintenant ça suffit pousse toi de là.........
Il prit une robe et me l'enfila presque de force
_ Ou est ton sac ?
_ .................................
_ Reste muette si tu veux je m'en fou
Sans me jetait un seul regard il sortit mon sac de l'armoire.
_ Allez dépêche-toi en plus tu es plus vilaine quand tu boudes. Oh my God she can be ugly (Oh mon Dieu qu'est ce qu'elle peut etre moche)
Piqué au vif, mes larmes sortirent et ce connard avait bien l'air de s'en ficher. Il se permit même de rire. En bas il y'avait Badiène dans la cour en train d'arroser les plantes. Je la saluai sans la regarder craquer devant elle était la dernière chose que je voulais.
_ Cathy tu es en retard il est 8h passé ....
_ Voilà pourquoi je l'amène sinon elle serait là jusqu'à midi répondit Talla avec un point d'énervement...
_ Passe une bonne journée ma chérie me lança Badiène qui semblait étouffer un rire.
Dehors j'arrachai mon sac des mains de Talla pour arrêter un taxi et m'y engouffrer seule.............................
Sa femme était une vraie gamine se dit Talla en rigolant pour retourner sur ses pas.
_ N'étais tu pas censé amener ta femme toi ? Dit Badiène surprise de le revoir
_ Euh elle est partie sans moi....
_ Vous vous êtes disputez ? Que l'as-tu fais ?
_ Rien maman ta nièce est juste invivable ce matin et j'ignore ce qu'elle a.
_ Et tu l'as fait pleurer ?
Voyant sa mère les mains aux hanches prête à lui sauter à la gorge, il y alla avec tact.
_ Je ne faisais que rigoler mais elle prend tout à cœur.
_ Lo ko wakh ba Mouy dioye (que lui as-tu dis pour qu'elle pleure).
_ Euh je lui ai dit qu'elle était moche .... Ce n'était que farce
_ Et elle est moche ?
_ Non Yaye dama done fo rek (je ne faisais que rigoler)
_ Tu es très farceur mais sache que ta femme est enceinte. Pour une femme enceinte je trouve que Cathy s'en sort très bien. Elle ne s'est pas disputé avec qui que ce soit ni s'est mise à insulter ou encore nous faire des crises comme d'autres femmes enceinte. Tu sais comment est Cathy. A son retour je ne veux pas la voir triste ....
_ Tu me menaces je suis aussi ton fils......
_ Prend le comme tu veux
_ Maman dit tu as des nouvelles de mon futur beau-père Talla....
_ Ta gueule Talla fils impoli.....
Il remit de l'ordre dans leur chambre pour se recoucher. Allongé sur son lit, il ferma les yeux, mais comme la lumière le gênait, il se colla l'oreiller de sa femme sur la tête.
Scrupuleusement concentré, il s'efforça de comprendre l'attitude de sa femme et de démêler les schémas compliqués autour d'une femme enceinte jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Talla ouvrit les yeux sur un endroit non familier. Avisée par une partie de sa conscience qu'il rêvait, il essaya d'identifier la provenance de cette forte lumière qui l'éblouissait. Il tenta de se guider dans cet endroit livide et vaste mais son père apparut soudain. Par un simple geste de la main, il l''entraînait en direction d'une source avec une eau des plus limpides.
- Père ! Ou sommes-nous ?
Ses traits étaient timbrés de quiétude et il lui offrit deux perles de chapelets blanches dont l'une portait une inscription en arabe. Il lui remit un sac scellé dont Talla essaya d'ouvrir de toutes ses forces en vain.
- Ne sois pas pressé, Talla, le sac s'ouvrira et tu verras ce qu'il renferme vraiment! Chuchotait-il, serein.
-Pourquoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Demanda-t-il en manquant de faire tomber les perles pour à tout prix ouvrir le sac.
_ Ces perles sont plus importantes que ce sac, ne les fait jamais tomber prend soin d'eux au détriment de ce sac. Ces perles sont nues, elles ne referment rien comme ce sac, tu pourras bien les apprivoiser.... Aie confiance Talla tout sera aussi clair que cette endroit Aie confiance....
-Père ! L'appela Talla. Mais il avait déjà disparu.
Tout redevenu obscure d'un coup.
_ Non Hurla Talla pour se redresser comme un diable en sursaut sur son lit tout en sueur.
Désorienté, il jeta un coup d'œil pour s'assurer s'il était bel et bien dans sa chambre. En soufflant, il retomba en arrière puis roula sur le ventre. Il était néanmoins trop agité pour se lever.
Son subconscient avait fait resurgir avec une netteté étonnante les images des perles et du sac qu'il s'était désespérément appliqué à comprendre. Rien ne venait cela n'avait aucun sens mais c'était la première fois qu'il rêvait de son père depuis son décès. Il s'assit un instant puis alla se rincer le visage et sortit. A la terrasse il espérait prendre l'air et se dire que ceci n'était qu'un rêve et qu'il n'y avait rien d'alarmant. Quel ne fut pas sa surprise en y trouvant Bouba le regard perdu vers la mer.
_ Bonjour Bouba !
_ En voilà une bien mauvaise surprise articula ce dernier sans le regarder.
_ En voilà un bien mauvais accueil mais heureux de te revoir mon frère.
_ Ah vraiment ton frère ....
_ Oui vraiment Bouba on est frère, alors malgré tout ce que tu as fait je te donne l'opportunité de tout recommencer à zéro afin de retrouver cette harmonie familial, cette entente que nous avons perdu depuis un bon bout de temps......
_ Ne me fait pas rire pourquoi faut-il que tu ramènes tout à toi ? C'est toi qui dois ou qui peux me donner cette opportunité la bonne blague après tout ce que tu m'as dit la dernière fois.....
Talla se crispa mais néanmoins encaissa dans l'espoir de lui faire entendre raison.
_ Bouba tu n'en as pas marre ? Regarde tout ce que nos propres parents ont bâti et enduré pour nous. Mais regarde notre famille est comme brisée et nous aussi le somme. Tout ce que père a souhaité tout ce que nous avons toujours souhaité c'est de vivre en paix d'être une famille soudée......
_ Tu ne vas pas me faire ta leçon à deux balles ok ?
Cette fois il avait regardé les yeux pleins de haine. Il méprisait vraiment son frère.
_ Tu as vraiment changé. Fily ne cesse de réduire l'humanité et la sociabilité en toi. Tout cet égo et la colère que me témoigne ton visage à l'instant te transforme en en quelqu'un à qui je peine en reconnaitre mon propre frère. Nous sommes et formons une famille je te demande de changer et tu pourras compter sur mon soutien. Je ne t'abandonnerai jamais tu trouveras toujours en moi un vrai frère ......
Talla esquissa un sourire dans l'espoir de l'attendrir et de toucher son cœur.
_ Je n'ai pas besoin de ton aide ni celle de personne d'autre me suis-je bien fais comprendre ?
Ses intonations devinrent plus dures mais son frère n'y accorda pas d'importance. Il fallait qu'ils résolvent leurs problèmes, il fallait que Bouba revienne à de meilleurs sentiments.
_ Tu le dis au moins une fois tous les semaines plus personne ne te prends au sérieux
_ Pourquoi faut-il que tu me rebattes les oreilles avec ces sottises....
_ Cet fois tu ne fuiras pas tes responsabilités vis-à-vis de ta famille tu vas m'écouter....
_ Oh merde laisse-moi tranquille
_ Hors de question
_ Ne me force pas à te le répéter Talla
Cette fois il l'avait carrément poignardé le col de son tee-shirt
_ Tu ne comprends pas que nous partageons le même sang alors je ne te laisserai jamais tranquille même si je dois en pâtir pour le bonheur de notre famille alors je le ferai. Même si je dois jouer le rôle du grand frère à te protéger de ton maudis caractère de tes vilaines habitudes même si je dois te le répéter pour te rappeler l'essence de la famille....
_ Tu es pitoyable mon pauvre Talla le poussa-t-il si fort qu'il tomberait s'il ne s'était pas accroché aussi vite au rebord du mur tranchant qui lui écorcha le bras.
_ Qui est le plus pitoyable de nous deux ? Celui qui fait tout pour garder sa famille réunie ou le lâche qui ne pense qu'à lui.... Lui cracha Talla avec le regard impassible.
_ Ça fait un bon bout de temps que je me fiche de tout mon cher petit frère. Tu es trop sentimental, et la clémence et l'affection c'est pour les faibles.... Ça ne fait pas avancer.....
_ C'est possible que je sois sentimental mais je suis toujours là pour ma famille : la famille avant tout. C'est l'affection et la clémence qui donnent aux liens familiaux un pouvoir incommensurable mais nous devons accepter ce que cela implique les responsabilités, aimé sans condition sans rendre de compte .....
_ Et moi je préfère m'y soustraire à ce lien qui agit comme l'épée Damoclès au-dessus de ma tête ....
_ Tu parles sous la haine mais nous ne pouvons pas nous soustraire à ce lien même quand il est mis à l'épreuve. Ce lien nourrit notre âme nous rend fort sans la famille nous ne sommes rien.
_ Bonne chance alors va te nettoyer cette plaie avant que ça ne s'infecte .........
Il le regarda s'éloigner impuissant............

Votez, partagez, laissez moi vos avis😘

COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant