PARTIE. 15

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Badiène : Tu sais bien Cathy va à école.
Fily : Les week-ends aussi elle va à l’école ?
Cathy : Si c’est ce que tu veux alors je cuisinerai les week-ends
_ Les choses changeront désormais dans cette maison. Lança Bouba avant de partir.
_ Oui les choses changeront renchérit Talla.
Assise sur le sofa, je l’observais constamment trembler de colère avant de se décider à prendre les escaliers. Toujours sous le choc, je n’arrivais pas à croire à ce qui venait de se passer. Badiène, muette ne laissait rien paraitre. Sans doute pour ne pas nous alerter. Moctar et Tapha à ses côtés, l’épaulaient. Mais elle n’allait pas bien même si elle s’efforçait de sourire, son cœur était déchiré. Quelle mère aimerait voir son enfant le traiter de la sorte ? Aucune. Son regard se posa encore sur la grande photo de son défunt mari pour enfin libérer ce que dernier avait toujours su !
_ Tu avais raison dit-elle en direction de la photo. Je n’aurai jamais dû accepter Fily dans notre famille quitte à perdre Bouba puisque je l’aurais perdu de toute façon avec cette fille. Cathy tu devrais aller voir Talla ……..
_ Mais Badiène essayais je de me justifier pour rester à ses cotés
_ Va je vais bien ! Occupe-toi plutôt de ton mari. Il a besoin de toi plus que quiconque nous en reparlerons après
A pas d’escargot, je m’avançais vers lui prendre place à ses côtés. Mes sentiments devinrent troubles en un moment j’eus pitié de lui. Je ne saurais dire si c’était à cause des dernières paroles de sa mère avant que je ne monte mais elle était parvenue à me faire du souci pour ce monstre que j’avais en face de moi. Malgré sa belle gueule d’ange, son sourire dévastateur, il n’était rien qu’un monstre pour moi.  Un monstre qui n’a eu hésité à laisser sa proie sauve.  Malgré le viol, il m’avait achevé en m’épousant.
_ Je ne t’ai pas blessé ? S’enquit-il inquiet
En entendant sa voix je sursautai sortant de mes pensées
_ Non ça va, c’est vrai que tu y es allé un peu fort
Cette réplique eut le don d’apaiser la tension entre nous. Pour la première fois depuis plus d’un an, nous rigolions ensemble comme au bon vieux temps.
_ Alors prépare toi on y va ça aurait été un péché de blesser ce visage angélique….
_ Va-t-on vraiment sortir après tout ce qui s’est passé ? Je devrais appeler mes parents pour annuler
Il me regarda comme si je venais de dire une bêtise. Et je lui rendis bien son regard. Comment pouvait-on sortir après tout ce qui s’est passé. Son sourire disparut aussitôt pour face à de l’irritation.
_ Et pourquoi devrons nous annuler à cause de Bouba et sa femme ? Cria-t-il. Nous n’allons pas leur donné ce plaisir.
_ Bouba est ton frère …….
_ Etre mon frère ne lui donne pas le droit de se comporter de la sorte.
_ Qui va préparer le repas alors ? Restons et nous irons un autre jour
_ Sais-tu le préparer toi peut être pour rester ………
_ Si ça te fais du bien de me blesser physiquement comme moralement alors défoule-toi de toute manière tu ne sais que faire ça lui dis-je presque les larmes aux yeux.
Sous son regard, je partis me rafraichir le visage pour descendre l’attendre.
Stupéfait, Talla regretta aussitôt ces mots qui sortirent de sa bouche mais c’était trop tard : le mal était déjà fait. Les paroles de Cathy étaient semblables à de l’acide qu’on lui injectait dans les veines. 
Depuis qu’ils étaient dans cette voiture, aucun d’entre eux ne desserra la bouche…………..
J’avais mal que Talla puisse me jeter ainsi mon ignorance culinaire. A vrai dire je m’y attendais mais je ne croyais pas cela arriver si tôt.  Et le pire est que je ne lui en voulais pas pour ça : il avait raison. Avant de te marier tu sais déjà que tu auras beaucoup de responsabilités et de devoir dans ton foyer notamment celle de cuisiner. Ne pas savoir cuisiner est une honte et dans mon cas c’était tabou. A qui pouvais-je en parler ? Si je ne considérais pas mon foyer comme un véritable foyer. Le regard perdu à travers la fenêtre, je respirais un grand coup essayant de me trouver des excuses comme : Je n’ai pas grandi avec ma mère, Badiène n’a jamais cru nécessaire de m’inculquer ça, je suis élève alors je devais me consacrer à mes études ……  Malgré tout cela je me devais d’accepter la vérité : Je ne sais pas cuisiner.
Ce n’est pas un drame essayais-je de relativiser, il n’est jamais trop tard après tout je peux encore apprendre.
De son coté, la honte l’empêchait de lui parler comme il le souhaitait. Et dire qu’ils étaient parvenus à rigoler ensemble mais il a fallu qu’il gâche tout. Décidément, Cathy le haïssait plus qu’il ne crut.
A Rufisque, sans le vouloir j’avais souri lorsque la voiture stationna devant la demeure de mes parents. Certains de nos voisins nous épiaient sans la moindre discrétion.
Une fois devant la porte d’entrée je lui pris la main et il comprit. Ma mère nous accueillit grandement en manquant de jeter le balai qu’elle avait à la main.
_ Yaye (maman) ne me dis pas que tu balayais encore ? Il faut te reposer un peu
_ Avec le vent, le sable s’éparpillent tout le temps dans cette grande cour et depuis que monsieur Dramé a été affecté nous sommes obligés de tout nettoyer. J’ai hâte qu’il ait de nouveaux locataires…….
Monsieur Dramé, le père de Lamine……….. Depuis la veille de mon mariage, je n’eus plus de ses nouvelles. Lamine ne pouvais-je m’empêcher de penser avant que ma conscience ne me gifle. J’étais une femme mariée et je ne devais penser à lui.
Au salon, papa me prit tendrement dans ses bras tout fier. Sur leurs visages, le bonheur se lisait facilement. A force de jouer la comédie, maman ne cessait nous taquiner mon mari et moi croyant que c’était le miel et le sucre entre nous. 
_ Talla j’espère que Cathy prend bien soin de toi ?
_ Oui mon oncle à vrai dire je ne me plains pas ni les autres d’ailleurs
Quel menteur soupirais-je tout au fond de moi.
_ Et toi tes cours ?
_ Ça va papa
_  Depuis que tu es mariée, tu ne me parles plus de tes notes Talla j’espère que tu la surveille de ce côté…….
Talla : Oui tonton tu n’as pas t’en faire, l’année prochaine c’est le bac. Ou sont Maguette et Codou ?
Penda : Elles cuisinent
Talla : Ah bon c’est bien
Penda : Elles ne sont pas comme ta fainéante de femme hein
A ce moment précis il me regarda et pour une première je lui suppliai du regard
Malick : Laisse mon ainé tranquille elle n’est pas fainéante c’est juste qu’elle est différente
Penda : Ta sœur l’a pourri gâté, elle ne sait rien faire. Quand elle était en vacance ici je ne manquais de lui dire. Mais ce sera à vous d’en pâtir …
Moi : Ay maman toi aussi …..
Penda : Regarde comment elle parle comme un bébé
Talla rigola longuement avant de prendre avant de prendre ma défense.
_  Ta Penda attention ma femme n’est pas comme tu le dis hein. Au contraire elle a nous tous rendu fainéant à tout faire pour nous moi le premier.
Penda : Normal que tu prennes sa défense. Dépêchez-vous  de nous faire des petits enfants …..
Moi : Je vais voir Codou et Maguette …….
Penda : C’est ça enfouie toi mais nous voulons voir nos petits-enfants rapidement
Malick : Alors Talla tu profites bien de ton congé ?
Talla : Oui j’ai même pas envie que ça se termine
Malick : Et tes frères ? Récemment Moctar est passé me voir pour des révisions …
Talla : C’est vrai il passe le bac cette année mais je ne le vois jamais réviser à la maison. Il est tout le temps dehors ….
Penda : Il passe souvent nous voir celui qui se fait rare ici c’est Bouba
Malick : C’est vrai avant de se marier il venait presque chaque weekend sur deux ici. En parlant j’espère que sa femme se comporte bien maintenant. Ta mère m’avait appelé pour me parler de ses frasques mais bon c’est un peu compréhensible entre femmes la cohabitation est souvent difficile et je lui ai dit de prendre sur elle. En plus ma sœur prend rapidement les choses à cœur….
Talla : Tonton, Fily ne changera pas c’est sa nature et le pire c’est que son mari la soutient. Je crains que Bouba ne soit en train de changer. Maman n’a pas tort
Malick : Tu sais cher neveu l’homme est souvent influencé par la femme. D’où l’importance qu’il ait une bonne épouse. Vous êtes assez matures Bouba et toi c’est à vous de régler certaines choses et ne pas inquiéter votre mère.
Talla : Effectivement alors tonton bientôt la retraite
Malick : D’ici 3ans
Penda : Qu’envisages-tu de faire après ?
Talla : Tata il va se reposer d’où la retraite
Malick : Quand on est père de famille même après la retraite on ne se repose pas. Il faut nourrir sa famille. Tu sauras le jour où tu auras des enfants  ……….
A Guédiawaye c’était une tout autre atmosphère, Fily était le moins du monde touché par leur dispute. Au contraire elle était contente et très fière que son mari puisse tenir tête sa belle-mère. Bouba encore aveuglé par la rage ne manqua pas de donner à la tante de Fily tout l’argent qui restait de la dépense quotidienne comme cadeau. Il en voulait à Talla et tous les moyens étaient bons pour lui donner une bonne leçon. Fily n’avait cessé de lui rabâcher les oreilles que Talla l’avait humilié surtout devant leurs enfants. Et pour ça il vu rouge. 
Le hasard voulut que les deux couples se rencontrent à leur arrivée  le soir. Le taxi de Bouba ainsi que la voiture de Talla se garèrent en même temps……….
Depuis que nous avions quitté mes parents, je m’étais endormie durant tout le chemin.  Soudain je sentis quelque chose me caressait le visage : la main de Talla.
_ On est arrivé ! Fut la seule chose qu’il me dit avant qu’il ne descende de la voiture.
Badiène fut la seule que nous trouvions à la maison. Apparemment les garçons étaient encore sortis. Bouba ne lança qu’un bonsoir presque inaudible pour gagner sa chambre. Nous fûmes les seuls à rester discuter avec Badiène avant d’aller nous coucher.
Leurs  fils endormis Fily en profitait pour enfoncer le clou auprès de son mari……
_ Bouba que crois-tu que Talla fera ? Tu sais bien que tu ne travailles pas…..
_ Et alors crois-tu que tout ce qu’on mange dans cette maison vienne de  lui ? 
_ En tout cas c’est ce qu’il fait croire à tout le monde. N’avez-vous eut pas l’héritage de votre père ?
_ Si
_ La dépense est finie et ça aurait dû allée d’ici quinze jours. Je n’achetais jamais les choses mensuellement comme ta mère. Si je prétexte d’aller chaque jour au marché c’était pour justifier l’argent que j’utilise pour mon compte…. 
_ Fily je m’en fou. De toute façon on ne fait que manger l’argent de la retraite de papa. En  plus tu n’as pas à te justifier. Tu es la seule à aller au marché et cuisiner.
_ En parlant sais-tu à combien s’élève la retraite de ton père ? Est-ce Talla n’en prend pas …..….
_ Non il n’est pas assez fou pour diminuer cet argent ….
_ Et pourtant jamais il n’avait osé te tenir tête mais aujourd’hui il l’a non seulement fait mais a même voulu te frapper à cause de sa femme…
_ Ecoute-la couiner comme une chienne dit-il méchamment en attendant des gémissements provenir de la chambre de son frère……

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COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant